La junte malienne prend des mesures pour mettre fin aux sanctions, la CEDEAO appelle au soutien international pour resserrer l’étau *Par Paul Ejime

Le gouvernement intérimaire dominé par l’armée au Mali a mis en place des mécanismes de dialogue pour mettre fin aux sanctions imposées par la CEDEAO et l’UE et pour le retour rapide du pays à l’ordre constitutionnel. Mais en revanche, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, président de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, a appelé la communauté internationale à soutenir les mesures de la CEDEAO imposées au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso concernant la prise de pouvoir militaire dans les trois pays. ses États membres.

 

Le bloc régional a suspendu les trois pays et imposé des sanctions au Mali et à la Guinée, avec les mesures les plus sévères contre le Mali.

Un communiqué publié mercredi par le gouvernement de Bamako dirigé par le colonel Assimi Goita a déclaré qu’un groupe de dialogue qu’il a mis en place travaillerait au niveau ministériel et dans le cadre du comité de suivi de la transition, comprenant des représentants de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU.

Le communiqué indique que l’initiative conduirait à une révision du précédent calendrier de transition du régime, qui a été rejeté par la CEDEAO.

L’UE a également imposé des sanctions ciblées à cinq hauts responsables du gouvernement de Bamako, dont le Premier ministre Choguel Maiga.

Les groupes ministériels et techniques sur le dialogue doivent travailler avec les instances locales et internationales pour convenir d’un nouveau « calendrier consensuel » pour la transition politique au Mali, ajoute le communiqué.

Le président Akufo-Addo a déclaré vendredi aux diplomates étrangers au Ghana que les mesures de la CEDEAO, si elles étaient mises en œuvre, aideraient à endiguer le glissement démocratique dans la région, qui a connu trois coups d’État militaires réussis et au moins trois tentatives de putsch au cours des 18 derniers mois.

Suite au coup d’État d’août 2020 dirigé par Goita, qui a renversé le gouvernement élu le président Ibrahim Boubacar Keita, le régime avait annoncé un programme de transition de 18 mois, qui se serait terminé par des élections le 27 de ce mois.

Mais Goita a mené un deuxième coup d’État en mai 2021 et son gouvernement a ensuite annoncé un report de la date de transfert de trois ans à 2025, une décision accueillie par les sanctions strictes de la CEDEAO suivies de l’UE.

Keita est décédé depuis d’une cause non divulguée après plusieurs voyages aux Émirats arabes unis pour des soins médicaux.

Après l’expérience du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, il y a eu aussi une tentative de coup d’Etat ratée le 1er février en Guinée Bissau.

La résurgence des incursions militaires en politique et l’érosion concomitante de la démocratie en Afrique ont incité la CEDEAO, l’UA et les partenaires extérieurs à revoir leurs stratégies d’intervention et leurs règles d’engagement.

Les analystes ont recommandé que les interventions/négociations impliquant les dirigeants de la junte, la CEDEAO et d’autres parties prenantes soient structurées, axées sur les résultats et menées avec honnêteté, sincérité, neutralité, flexibilité et l’intérêt des citoyens qui souffrent depuis longtemps des pays touchés au centre de les conversations.

Il faut également des initiatives de diplomatie préventive agressives et proactives tirant parti des outils du mécanisme d’alerte précoce et des cadres normatifs, protocoles et textes juridiques pertinents utilisés par les anciens dirigeants régionaux qui ont valu à la CEDEAO une renommée internationale dans la gestion, la résolution et la prévention des conflits.

Plus important encore, les déclencheurs et les moteurs des incursions militaires doivent être combattus avec un engagement renouvelé et un leadership visionnaire.

Dans son discours aux diplomates, le président Akufo-Addo a ignoré certaines menaces majeures à la démocratie dans la région de la CEDEAO, telles que les « coups d’État constitutionnels et électoraux » de certains dirigeants, qui modifient les constitutions nationales pour l’allongement des mandats et la conduite d’élections faussées afin prendre ou conserver le pouvoir.

Les violations généralisées des droits de l’homme par les gouvernements ne sont pas non plus traitées.

Par exemple, l’ancien président ghanéen John Mahama a écrit une lettre ouverte au président Akufo-Addo alléguant la « suppression des droits et la « criminalisation de la parole des citoyens et des journalistes » au Ghana.

L’ancien président a affirmé qu’un journaliste d’investigation avait été assassiné tandis que certaines maisons de presse avaient été fermées et d’autres journalistes détenus ou harcelés.

La mauvaise gouvernance, la corruption, le copinage, l’exclusion, la pauvreté, le chômage élevé des jeunes et l’insécurité de la vie et des biens sont parmi les autres causes profondes du mécontentement et des agitations des populations rétives.

Le mécontentement débouche souvent sur des manifestations de rue qui précèdent généralement les coups d’État militaires.

Après plus de trois décennies d’expérience démocratique, le régime militaire devrait appartenir à l’histoire en Afrique.

Mais l’échec des politiciens à respecter les règles et à assurer une bonne gouvernance pourrait rendre inévitables des manifestations de masse et des changements violents de gouvernement.

Pendant ce temps, les facteurs externes, en particulier l’influence dominante de la France sur ses anciennes colonies africaines, ne peuvent être ignorés pour faire face à l’insécurité et à l’instabilité politique qui secouent certains pays africains.

Le sentiment anti-français grandit dans ces pays, notamment au Mali.

La junte malienne a en effet expulsé l’ambassadeur de France de Bamako après qu’un haut responsable du gouvernement français a qualifié le régime d’« illégitime » et de « devenir incontrôlable ».

En cause, le fait que la junte préfère désormais le soutien militaire russe à la France dans la lutte contre le terrorisme.

Les forces françaises sont au Mali depuis 2013 mais l’insécurité persiste dans le pays et dans toute la région du Sahel.

Pour mettre fin à la méfiance mutuelle et aux frictions pérennes, Paris doit revoir sa présence et ses activités dans ses anciennes colonies africaines pour leur permettre de jouir d’une indépendance politique et économique.

Correspondance particulière

*Paul Ejime est analyste des affaires mondiales et consultant indépendant en communications stratégiques d’entreprise, paix et sécurité et élections.

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