Quotidien L’As- La Journée nationale des talibés sera célébrée ce dimanche 20 avril à Saint-Louis. Les marabouts réclament l’assainissement du milieu et surtout lutter contre les exploitants des enfants talibés. Quant aux encadreurs, ils plaident pour une meilleure surveillance des 528 daara.
La situation des talibés est loin d’être reluisante à Saint-Louis. Elle est effarante puisque pas moins de 25 000 enfants talibés sont dénombrés dans la cité qui compte 528 daara. C’est le résultat du dernier recensement qui a été effectué en 2024. Le sociologue Baye Ndaraw Diop est catégorique.
«Les talibés sont exploités dans les maisons et utilisés comme fonds de commerce par certains maîtres coraniques. Ils exercent des travaux domestiques et sont poussés à la mendicité par leurs maîtres coraniques qui ne sontjamais inquiétés», soutient M. Diop pour qui, il urge de «lutter contre l’exploitation et la discrimination des talibés». Les «Ndàyu daara» promettent de mener une vaste campagne de sensibilisation auprès de leurs paires.
«Nous allons nous dresser contre ce phénomène qui prend de l’ampleur à Saint-Louis. Les enfants sont devenus plus nombreux», promettent-elles. Un nouveau phénomène émerge dans la vieille ville avec le «marché des talibés» qui se tient entre les allées de l’ancienne gare ferroviaire.
«C’est faire porter aux enfants des légumes. C’est inadmissible, intolérable et inacceptable. Nous allons y mettre un terme. D’ailleurs, nous allons rencontrer nos collègues maitres coraniques et les sensibiliser sur ce phénomène. La place de l’enfant talibé est au daara et non au marché, surutilisé, surexploité pendant plus de 12 heures par jour», a fait savoir Moussa Sow.
Le président de la fédération régionale des associations des maîtres coraniques invite ses collègues à «revoir leur comportement vis-à-vis des talibés» qui passent plus de temps dehors. Il plaide pour l’assainissement de leur milieu. «Saint-Louis est un creuset de savoir où l’enseignement coranique a toujours occupé une place de choix. Il est de notre devoir de maintenir le cap», pense Moussa Sow.
Embouchant la même trompette, Cheikh Saloum Kane partenaire des daara pense que des efforts doivent être faits. « Combien d’enfants sont dans la rue en haillons, en train de vadrouiller à longueur de journée, agressant parfois même nos braves dames pour transporter leurs bagages. Ils sont nombreux à avoir la gale. Il faut une meilleure hygiène dans les daara où les enfants sont exposés à des maladies», a-t-il informé déplorant le comportement de certains marabouts qui «profitent de l’immaturité des enfants».