Infos hebdomadaires de Transparency international sur la Corruption : le No man’s land

Cette semaine, nous sommes descendus dans la rue pour marquer la Journée internationale de la femme. Cette année, nous pensons particulièrement aux femmes ukrainiennes et russes.

La Journée internationale de la femme est également un rappel brutal qu’il reste encore un très long chemin à parcourir pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, y compris l’ODD 5 : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles », une pierre angulaire pour progresser sur le reste des ODD, y compris l’objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, partout. Il est donc crucial d’agir pour faire progresser l’égalité des sexes.

Les femmes sont les plus touchées par les inégalités, notamment parce qu’elles représentent la plus grande proportion de personnes vivant dans la pauvreté. Et la corruption aggrave ces inégalités existantes.

Pour ne prendre qu’un exemple, la corruption foncière prive les femmes d’une ressource dont elles dépendent fortement pour survivre. Cette corruption prend de nombreuses formes, allant des pots-de-vin à la sextorsion, comme des demandes de faveurs sexuelles en échange de l’accès à la terre. Cette situation est souvent aggravée par les traditions qui empêchent les femmes d’hériter de biens, les excluent de la participation à des accords commerciaux ou signifient qu’elles reçoivent des prix inférieurs pour les terres qu’elles vendent.

En bref, la corruption foncière sape les moyens de subsistance et le statut social des femmes et perpétue la pauvreté. Cela est particulièrement vrai en Afrique subsaharienne, le continent classé le plus bas sur notre indice de perception de la corruption, où les niveaux de pauvreté et les disparités entre les sexes se sont aggravés pendant la pandémie de COVID-19.

Pour contrer cela, Transparency International travaille dans huit pays africains pour mobiliser les femmes afin qu’elles exigent la transparence et la responsabilité dans le secteur foncier, et signalent en toute sécurité les pratiques de corruption.

Nous favorisons également les connexions entre les réseaux d’action existants, afin que les gens puissent unir leurs forces pour faire pression sur les décideurs afin qu’ils adoptent des lois et d’autres mesures contre la corruption foncière.

Mais même dans les pays où les lois soutiennent les droits fonciers des femmes, l’application est souvent faible et les revendications des femmes sont fréquemment sapées ou manipulées par les hommes pour leur propre profit.

Imaginez ceci : au Pakistan, Bibi Sajida s’est retrouvée sans rien lorsque son père est décédé en 2016 – ses biens et son argent avaient été subrepticement réclamés par ses quatre frères. C’est un scénario courant dans le pays, même si les droits de succession des femmes sont protégés par la loi.

Heureusement, en 2020, Bibi Sajida est tombée sur la campagne d’accès à la justice de Transparency International Pakistan, qui informe les personnes comme elle de leurs droits. Ils l’ont aidée à récupérer sa part d’héritage.

Non seulement ces histoires lancent des conversations sur la persistance de la corruption et de la discrimination fondées sur le sexe aux niveaux local et national, mais elles nous rappellent également que les politiques et les interventions anti-corruption ne peuvent réussir que si elles tiennent compte du genre. L’égalité des sexes est essentielle pour créer un monde plus juste et équitable pour tous.

Pape Ismaïla CAMARA
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