Infos hebdomadaires de Transparency International : Le coût humain de la corruption…

Nous sommes profondément attristés par la nouvelle du séisme de magnitude 6,8 qui a frappé le centre du Maroc vendredi dernier et par les répliques qui se poursuivent cette semaine. Nos pensées vont à ceux qui ont perdu la vie, des proches et leurs moyens de subsistance, ainsi qu’à ceux qui ont été blessés et ont perdu leur maison.

Les autorités marocaines qualifient ce tremblement de terre de plus meurtrier depuis des décennies. Bien que les  e soient pas rares dans la région, celui-ci était particulièrement extrême. Au moment de la rédaction de cet article, on dénombre près de 3 000 morts confirmés et plus de 5 000 blessés. Ce nombre est en augmentation, car de nombreuses victimes se trouvent dans des zones montagneuses reculées.

Plusieurs pays ont proposé leur soutien, mais les lois en vigueur au Maroc ralentissent l’accès à l’aide internationale et aux équipes médicales dans le pays. Des missions de secours sont en cours, avec des travailleurs humanitaires étrangers aidant les autorités locales à retrouver les survivants et à fournir des produits de première nécessité comme de l’eau, de la nourriture et des tentes.

Nombreux sont ceux qui s’inquiètent du logement et des efforts de redressement à long terme – et nous sommes particulièrement préoccupés par les risques de corruption qui accompagnent les efforts d’aide humanitaire.

Les catastrophes naturelles partout dans le monde montrent à quel point la corruption aggrave les effets dévastateurs d’une mauvaise gestion des catastrophes. Prenons l’exemple des tremblements de terre en Turquie : nombreux sont ceux qui ont affirmé que l’incapacité à mettre en place et à appliquer des réglementations strictes en matière de construction a aggravé la situation. Une protection adéquate contre les tremblements de terre repose sur le strict respect des codes du bâtiment, mais la corruption lors de l’approvisionnement et l’utilisation de matériaux et de méthodes d’assemblage de qualité inférieure peuvent compromettre ces garanties vitales.

Mais le Maroc n’est pas seul : les risques de corruption en période d’urgence sont accrus, quel que soit l’endroit où ils surviennent. Il existe des récits documentés de détournements généralisés de fonds et de fournitures médicales, de fausses déclarations de salaires et de paiements de marchandises, de petits pots-de-vin pour contourner les mesures d’urgence et de processus d’approvisionnement opaques lors de crises à travers le monde. Cela nécessite des cadres anti-corruption solides pour responsabiliser les personnes puissantes, ainsi qu’un suivi et un engagement civiques.

Les efforts humanitaires se déroulent principalement dans des États fragiles, qui ont souvent une gouvernance faible, des institutions publiques inefficaces et une capacité limitée à se préparer aux urgences et à les prévenir. Bien qu’il n’existe pas de chiffres précis sur le montant des fonds consacrés aux secours en cas de catastrophe qui sont perdus à cause de la corruption, nous savons que la corruption réduit la qualité et la quantité de l’aide qui parvient à ceux qui en ont le plus besoin. De telles catastrophes exacerbent également les problèmes existants dans les pays touchés, tels que l’insécurité économique, les troubles politiques et les inégalités.

Ce problème n’est pas nouveau et des investissements plus importants en faveur de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption sont nécessaires. Les gouvernements et les parties prenantes doivent établir des stratégies anti-corruption avant que des catastrophes ne surviennent.

Les agences humanitaires devraient accroître les incitations à signaler la corruption et renforcer la protection des lanceurs d’alerte. Les gouvernements bénéficiaires de l’aide doivent élaborer et respecter des lois anti-corruption et des mécanismes de responsabilisation. Et la société civile doit être impliquée dans ces processus pour surveiller les risques de corruption et demander des comptes au pouvoir dans l’intérêt de tous.

Alors que le Maroc et la communauté internationale continuent de répondre aux ravages causés par le tremblement de terre, les efforts de lutte contre la corruption sont plus importants que jamais pour garantir que les services, biens et fonds vitaux parviennent à ceux qui en ont le plus besoin.

 

Infos hebdomadaires de Transparency International

Mamadou Nancy Fall
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