Hongrie : loi ciblant des ONG , porter une aide aux migrants devient un délit

C’était une des promesses de campagne de Viktor Orban, conforté dans les urnes aux législatives d’avril. La Hongrie vient d’adopter, ce mercredi 20 juin, une batterie de lois baptisées « Stop Soros », du nom du milliardaire américano-hongrois devenu la bête noire du régime. Concrètement, cette nouvelle législation, adoptée par 160 voix pour et 18 contre, pénalise encore davantage les ONG ou les citoyens venant en aide aux réfugiés.

Ce texte arrive après un an d’attaques répétées par le Fidesz, le parti d’Orban, contre les organisations internationales. Défenseur autoproclamé d’une « Europe chrétienne », Viktor Orban se distingue régulièrement par sa rhétorique xénophobe et sa campagne contre le financier américain George Soros, qu’il a notamment accusé d’orchestrer une immigration de masse en Europe.

Les textes adoptés ce mercredi font peser des risques de peines de prison sur les acteurs associatifs. Ce nouveau tour de vis juridique institue notamment une peine jusqu’à un an de prison pour toute personne portant assistance à une personne entrée illégalement en Hongrie depuis un pays n’appartenant pas à l’espace Schengen, si la vie de l’intéressé n’est pas immédiatement en danger.

L’ensemble législatif a été précédé d’une modification de la Constitution stipulant qu’aucune instance ne peut porter atteinte à « la composition de la population » hongroise, une disposition destinée à rendre inconstitutionnelle l’imposition de quotas de migrants par l’Union européenne. Selon le document, venir en aide aux demandeurs d’asile pour qu’ils obtiennent le statut de réfugiés pourrait se solder par une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an si ces personnes ne sont pas en danger immédiat ou sont entrées en Hongrie de façon illégale.

« Un avocat pourrait se trouver condamné à une peine jusqu’à un an d’emprisonnement pour avoir apporté des informations sur la procédure de demande d’asile. Le but de cette loi est clairement de viser le personnel des ONG. »

Selon Marta Pardavi, coprésidente du Comité Helsinki hongrois, un groupe qui fournit une aide juridique gratuite aux demandeurs d’asile, peu nombreux en Hongrie, la loi vise à « stigmatiser, intimider et sanctionner le travail des défenseurs des droits humains ». Les mesures prévues sont « inacceptables […] et ne devraient pas avoir leur place dans un pays démocratique ».

L’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a appelé le gouvernement à retirer ce texte qui a également été critiqué par plusieurs instances de l’Union européenne. En vain. Les ONG ont fait savoir qu’elles engageraient tous les recours légaux contre la loi, en Hongrie et devant la justice européenne.

Source nouvelobs.com

Pape Ismaïla CAMARA
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