Hausse des cas de COVID-19 : Des spécialistes en Santé publique prônent l’interdiction des rassemblements

Agrégé en Santé publique et spécialiste en Economie de la santé, le Professeur Cheikh Mouhamadou Mbacké Lô tire la sonnette d’alarme. «Ce qu’il faut, c’est que tout le monde puisse prendre conscience que cette maladie est là et qu’il faut se protéger. Le problème, c’est qu’il y a eu un relâchement total. Même au niveau des hôpitaux, en un moment précis, il y a eu un relâchement.  Le relâchement, c’est la responsabilité de tous, aussi bien le pouvoir public que les populations.

Sinon les hôpitaux vont encore être submergés et on se retrouvera encore avec des problèmes. Nous sommes un pays avec des ressources, il faut quand même se protéger. Je pense qu’on ne peut pas réinventer la roue.»

«Il faut aller nécessairement vers l’interdiction des rassemblements»

La recette salvatrice du Pr Lô pour renverser la tendance comporte trois remèdes. Il s’en explique : «Il faut respecter les mesures barrières. Il faut se ressaisir, ce n’est pas trop tard. Il faut appliquer les mesures barrières de manière très stricte. Si on le fait, on limite les dégâts.

Nous avons 23% aujourd’hui, un record. Même au plus fort de la crise, on n’a jamais eu ça. Cela veut dire que le variant Delta est puissant, par conséquent, nous devons tous y travailler pour limiter les dégâts. Il faut aller nécessaire vers l’interdiction des rassemblements.

On peut ne pas fermer comme lors de la première vague, mais au moins, qu’on dise qu’il n’y a plus de rassemblements. C’est la cause de tous ces problèmes. Si demain, on enregistre plus de morts, ça va être pire, donc mieux vaut prendre des décisions de limiter les rassemblements. Ce serait un salut et ça permettrait de freiner la propagation du virus. C’est le département de Dakar qui est l’épicentre. Il faut, au moins à Dakar, que les rassemblements soient interdits. Il faut aussi respecter le port du masque.»

L’autre solution pour Pr Lô, c’est la vaccination. Un impératif. «Il faut que les gens aillent se vacciner, insiste-t-il. Il y a un moment où on ne voyait plus personne. On n’a pas continué la communication pour convaincre les gens à aller se vacciner. J’ai toujours été contre le fait d’arrêter le bulletin de 10 heures.

C’était une bonne chose et ça permettait de savoir que la maladie est là. Il faut montrer aux populations que l’affaire, c’est du sérieux. Il faut aider les professionnels de la santé. Cela fait deux ans qu’ils sont sur la brèche. Si les hôpitaux s’encombrent, il y aura plus de dégâts. On va arriver à un moment où les gens auront peur d’aller à l’hôpital, les maladies vont se développer encore, les maladies chroniques vont reprendre et on revient à la case départ.  Le Paludisme est là et actuellement, il y a une épidémie de grippe.»

La vaccination n’est possible que si des stocks de vaccins sont disponibles. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

«Pour les vaccins, c’est un problème de fonctionnement. En un moment, il y avait beaucoup de vaccins au niveau des hôpitaux et les gens n’y allaient pas. Il y a des conditions particulières de conservations de ces vaccins, on a retourné certains vaccins et il y a eu une rupture au niveau de certaines structures de santé.»

L’Obs

Saphiétou Mbengue
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