Femmes Lingères : Un métier si pénible et si précaire

On les aperçoit dans plusieurs endroits de Dakar, s’activant dans le lavage d’habits sales. Provenant de zones rurales, elles ont trouvé leur créneau et vivent tant bien que mal de ce boulot plutôt éprouvant.

A Dakar, toutes les activités peuvent marcher et procurer un gagne-pain. Et ce ne sont pas les femmes qui s’activent dans le linge en pleine rue qui diront le contraire. Ce petit boulot peut rapporter de l’argent et permettre d’entretenir la famille. Elles se lèvent tous les jours tôt le matin et prennent le chemin du travail.

A Fass, elles sont visibles aux abords du canal 4 où elles travaillent en groupe. Il est 10 heures, ce mardi 06 septembre quand on est allé à la rencontre de ces femmes trouvées en plein travail. Elles lavent les habits en fonction de leur arrivée.

Ngoné Faye, trouvée assise sur un tabouret, les mains trempées dans une bassine et frottant rudement des habits. Mme Faye fait ce travail depuis plusieurs années. Elle loge à Ouakam, mais vient tous les jours à Fass pour gagner sa vie. Le tarif des vêtements à laver varie entre 150 f et 1000 f la pièce. «Nous lavons les habits en fonction de leur arrivée », explique-t-elle. « Les boubous traditionnels sont lavés à 1000f le complet, la chemise à 200 f et le pantalon à 150 f », précise Mme. Faye.

Chaque jour, d’un bout à l’autre de la ville, ces femmes passent des heures à laver à la main des tas d’habits, de draps, de serviettes et de couvertures sales. Un travail éreintant.

Portant souvent même leur bébé au dos, ces lingères attendent que les clients se présentent à leur lieu de travail le long des rues de la ville. Elles travaillent souvent côte à côte, en plein air et, ensemble, se livrent avec ardeur à une routine physiquement éprouvante. Leur travail consiste d’abord à frotter, à rincer, à tordre et à sécher le linge, puis à repasser le tout. Et tout se fait dans l’espace public ; ce qui accroit la vulnérabilité induite par ce travail déjà instable et précaire.

On leur confie du travail au jour le jour et elles peuvent donc passer des jours sans travailler, surtout en cette période de saison des pluies. Il s’y ajoute qu’en pareille période, leur revenu connait une baisse drastique du fait que le séchage du linge devient très difficile

Des conséquences physiques graves

Dans cet espace public où elles opèrent, se présentent plusieurs défis : elles risquent d’être expulsées et harcelées et doivent veiller sur leurs enfants qui les accompagnent souvent, dans les rues grouillantes de la ville. A cela, s’ajoute le fait de s’accroupir, de se pencher et de soulever sans arrêt.

Au-delà des risques liés à la santé et la sécurité au travail, ce travail pénible peut surtout avoir des conséquences physiques graves.

Dire que ces femmes lingères sont généralement laissées pour compte, malgré leur contribution à l’économie locale. Ignorées par les autorités publiques, leur activité est considérée juste comme un « travail domestique. »

Aussi, ces lingères figurent-elles parmi les travailleurs de l’informel les plus pauvres et les plus vulnérables à Dakar. Beaucoup d’entre elles viennent des zones rurales comme Adama Ngom

« Je viens de la région de Fatick, je fais le linge pour aider mon mari et entretenir mes enfants », raconte-t-elle. Venues à Dakar pour chercher d’abord un travail domestique, elles finissent par être lingères de rue.

Pour cette jeune fille trouvée assise et courbée sur un seau, son objectif en venant à Dakar est très clair. « Je viens à Dakar pour travailler et assister mes parents au village car les temps sont durs », dit-elle.

Parfois, elles sont en manque de clients et sont alors obligées de faire du porte- à-porte pour répondre aux besoins quotidiens. Certaines passent des jours sans trouver de clients surtout pendant la saison des pluies. Ce qui influe naturellement sur leur revenu. « Quand il pleut, on ne reçoit pas beaucoup de clients et des fois, on peut rester toute la journée sans voir un client », argue Fatou Diouf, femme d’un certain âge qui exerce ce métier depuis plusieurs années. C’est à travers ce boulot qu’elle arrive à payer la scolarité de ses enfants.

Faute d’espaces disponibles, ces femmes squattent le moindre endroit disponible, mettant ici et là sur le trottoir des bidons d’eaux et leurs bassines. Pour sécher le linge, elles n’ont d’autre astuce que d’accrocher les habits sur les murs, des lignes ou des fils accrochés sur des arbres. Un exercice qui peut s’avérer dangereux les risques de chute sont toujours imprévus.

Le Vrai Journal

Oumou Khaïry NDIAYE
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