Être marchand ambulant à Dakar est en soi un véritable casse-tête. Si l’on y ajoute les désagréments liés à la pluie, c’est le calvaire total. Avec les fortes pluies de ces derniers jours, toutes les activités ou presque ont été soit au ralenti, soit au point mort. A travers la ville, les désagréments ont été nombreux, notamment au marché de Colobane où s’activent beaucoup de marchands, qu’ils soient ambulants ou tabliers. Le Vrai Journal
En cette matinée du lundi 05 septembre où une fine pluie continue d’arroser par intermittence la capitale, les tabliers du marché Colobane s’installent peu à peu à leur place.
Il est exactement 9 heures. Situé non loin du rond-point, tout près de la Maison du Parti socialiste, ce marchand, trouvé sur place, vient à peine d’étaler sa marchandise. Il vend des valises et des sacs de voyage. Son nom : Baye Lô. « La pluie nous cause beaucoup de dégâts et d’énormes pertes », dit-il d’emblée. Avant d’ajouter : « ces deux jours, je n’ai rien vendu ; quand il pleut, nous sommes obligés de ranger nos bagages », fait remarquer ce natif du Saloum.
A quelques jets de pierre de la place de Baye Lô, se trouvent des vendeurs de chaussures. Ils les exposent sur des tables et il y en a aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Trouvé en plein marchandage avec une cliente, ce vendeur nous indique un délégué. Il s’agit d’Ibrahima Loum, établi dans ce marché, il y a de cela quatre ans. Il vendait tout près de la route mais l’eau a envahi sa place habituelle, l’obligeant à reculer d’un cran. M. Loum étale ses chaussures sur une blanche et, une broche à la main, il en nettoie d’autres
« C’est dur, mais on rend grâce à Dieu. Nous n’avons pas de cantine, mais nous sommes obligés de vendre pour vivre. Or, en cette période d’hivernage, nous sommes très fatigués. Quand il pleut, nous avons nos bâches et des imperméables avec lesquels, nous couvrons nos bagages pour que ça ne se gâte pas », explique Ibrahima Loum.
La galère des transporteurs
Dans le marché, des flaques d’eau sont visibles partout, au point qu’il est difficile de se frayer un chemin. Les passants et les automobilistes se frottent parfois pour éviter les eaux stagnantes. A l’autre bout de la route, tout près du deuxième rond-point du marché, un marchant habillé en Lacoste bleu, un bonnet gris sur la tête se nomme Modou Diop. Il est en plein dans la lecture de khassaïdes. Assis sur un banc et faisant face à la rue, il guette les rares clients. Sa cantine est plutôt bien fournie. Il y vend des costumes et des cravates. Certains habits sont suspendus et d’autres sont posés sur une table.
« C’est très difficile en ce moment pour nous les vendeurs ; on ne vend plus en cette période car il pleut à chaque fois. On parvient difficilement à écouler nos bagages quand c’est comme ça parce que les clients ne viennent pas », déplore Modou Diop.
Alors que les discussions vont bon train, soudain quelques gouttelettes d’eau commencent à tomber,
chaque marchand ambulant essaie de couvrir tant bien que mal ses marchandises. Mais M. Diop dénonce la situation qui prévaut actuellement à Dakar, « à part ce que l’on vit dans les marchés, il y a aussi les inondations pour chaque saison des pluies à Dakar, c’est inacceptable ; cette situation on doit la dépasser », fustige-t-il.
Parmi les impactés de la pluie, il y a aussi les chauffeurs de taxi qui ont d’énormes difficultés pour accéder à certains quartiers de Dakar ou préfèrent même les ignorer pendant la pluie. Ces chauffeurs disent surtout craindre pour leur véhicule.
« Le samedi, je n’ai pas circulé dans certaines zones de la capitale. J’ai eu beaucoup de clients qui m’ont arrêté pour les amener à Pikine, mais j’ai refusé car il y avait beaucoup d’eau à Bountou Pikine », avance ce chauffeur de taxi qui vient de se garer. « Nous avons peur d’aller dans la banlieue, quand il pleut car il y a souvent des inondations, beaucoup de voitures sont souvent engloutis par les eaux, c’est pour cela que nous préférons ne pas aller dans certains quartiers quand il pleut », précise ce chauffeur de taxi qui préfère garder l’anonymat.
Cet homme est aussi chauffeur de taxi ; assis sur le porte-bagage de son véhicule, téléphone à l’oreille, il dit vouloir garer en attendant la fin de la pluie. A la gare routière de Colobane, les chauffeurs de transports en commun sont eux en activité. Mais ils dénoncent tous l’état chaotique des routes en cette période d’hivernage. Trouvés assis sous un hangar, ces chauffeurs listent leurs problèmes. « Notre souci, ce sont les nids de poule sur les routes et les eaux stagnantes qui détruisent nos véhicules », lâche Assane Ndiaye. Pour ce chauffeur qui opère sur l’axe Thiaroye-Yeumbeul, ce sont ces nids de poule qui ralentissent la circulation et créent des embouteillages monstres quand il pleut à Dakar. Décidément, ce n’est pas seulement ceux dont les domiciles sont inondés qui paient un lourd tribut aux fortes pluies tombées sur Dakar
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