Faites connaissance avec l’entrepreneur mécène, Gérard Sénac, PDG d’Eiffage Sénégal

Non seulement les trois premières lettres de son nom commencent par « SEN » comme dans Sénégal, mais entre Gérard Sénac et le pays de la Téranga, c’est un lien indéfectible qui s’est créé. Dans le très beau bâtiment classé du siège d’Eiffage Sénégal, dans le quartier du port à Dakar, son alter ego, Alioune Badiane, entre et sort à sa guise de son bureau où trône une imposante collection de masques africains.

« Cela fait vingt-cinq ans qu’Alioune et moi, nous fonctionnons en binôme, martèle le PDG d’Eiffage Sénégal. Il est tout ce que je ne suis pas !». De fait, le polytechnicien devenu DGA de la filiale sénégalaise de l’ex société française de Btp Fougerolle, – installée au Sénégal depuis plus de 80 ans -, complète à merveille l’homme de terrain et l’excellent commercial qu’est resté Gérard Sénac.

« Quand je suis arrivé à Dakar, il y a vingt-six ans, c’était pour fermer la filiale Sénégal. Ce que j’avais fait les années précédentes au Cameron, Gabon et Cote d’Ivoire. Ma chance, c’est d’avoir réussi à convaincre la direction de l’époque de me faire confiance ». Il entreprend, alors, une vaste opération de charme : « il n’y a pas un ministre, un secrétaire d’Etat, un directeur de cabinet que je n’ai rencontré, personnellement, depuis que j’ai débarqué d’Abidjan, en 1989», se souvient ce fils de Sérignac (près d’Agen) qui a commencé comme conducteur de travaux et est, aujourd’hui, installé aux Almadies, le quartier huppé de Dakar.

Plus que la réussite sociale, ce sont les rencontres qui ont séduit Gérard Sénac. « Je me suis littéralement reconstruit ici grâce à des amis sénégalais comme le sculpteur Ousmane Sow dont la rigueur morale est légendaire», confie-t-il.

Cet amour du pays, doublé d’un grand sens de la responsabilité à l’égard de ses quelque 1000 employés, l’ont très vite rendu populaire. Le troisième groupe hexagonal de BTP rafle marché sur marché, au Sénégal, pays dont il a fait, rapidement, sa tête de pont en Afrique.

Que ce soit dans la construction de routes, l’assainissement ou la réhabilitation d’ouvrages d’exception, la filiale sénégalaise excelle : réalisation du port de Dakar, réhabilitation du pont Faidherbe à Saint-Louis et, surtout, autoroute de l’Avenir, entre Dakar et Diamniadio.

Ce contrat, signé en 2009, est le premier partenariat public-privé (PPP) jamais établi en Afrique subsaharienne. Il est aujourd’hui cité en exemple partout. Après l’inauguration d’un premier tronçon en 2011, l’autoroute à péage est inaugurée le 1er août 2013 par Macky Sall « qui rend hommage à son prédécesseur », note avec satisfaction Gérard Sénac.

En février 2015, c’est l’agrément pour la construction du troisième tronçon long de 16,1 kilomètres devant relier le nouvel aéroport international. Tandis que la Société Eiffage de la Nouvelle Autoroute Concédée (la SENAC)  assure l’exploitation commerciale jusqu’en 2039.

Il insiste que c’était  l’idée de Jean François Roverato, le PDG d’Eiffage en France, de donner son nom à la société d’exploitation : « je suis déjà devenu un homme public par la force des choses. Si, en plus, j’avais un égo ! , commente-t-il, goguenard.

Tout en reconnaissant « avoir été ému aux larmes» lors du sommet de la francophonie quand la plupart des chefs d’Etat africains, qui ont emprunté « son » autoroute pour se rendre au Centre de conférence de Diamniadio, n’ont pas tari d’éloge. Reconnu comme l’une des « icônes » du mécénat d’entreprise au Sénégal, cet esthète qui a contribué à lancer nombre de jeunes peintres africains, a présidé à deux reprises la Biennale de l’Art africain (Dak’Art).

Lui, ne peut pas concevoir son rôle de bâtisseur en Afrique sans une forte implication que ce soit dans le domaine des arts, de la santé ou du sport. « J’ai la chance d’être secondé par mon épouse, Barbara, qui s’implique beaucoup sur le plan social », explique ce conseiller consulaire pour la circonscription de Dakar qui est aussi Conseiller et Président d’honneur pour le commerce extérieur (CCEF) au Sénégal.

A l’attention des chefs d’entreprises français qui voudraient suivre sa trace, il n’a qu’un seul mot : «  Foncez, restez humble et apprenez la patience pour saisir toutes les opportunités qu’offre le continent ! » ; le tout avec pugnacité.

Réalisé par  Christine Holzbauer

Michel DIEYE

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Michel DIEYE

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