L’Institut français des relations internationales (IFRI), un think tank français, a publié une étude sur le sentiment anti français. Intitulée « Thématiques, acteurs et fonctions du discours anti-français en Afrique francophone », l’étude situe les responsabilités du phénomène… toujours très loin de la France.
Le sentiment anti-français en Afrique francophone est essentiellement la faute de tout le monde sauf de la France. C’est ce que soutient l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans son rapport publié en juin sur le discours anti-français en Afrique francophone.
Selon l’IFRI, le discours anti-français est le bouc émissaire parfait des régimes africains ayant échoué dans la course au développement et un moyen pour les puissances concurrentes de décrédibiliser la France.
Tout au long du rapport de 52 pages, l’IFRI, dans un exercice qui semble plus tenir du dédouanement total des responsabilités françaises que de l’analyse impartiale, explique d’abord que « ce ressentiment semble en effet être mobilisé dans une grammaire d’explication de l’évolution décevante, voire catastrophique, de certains pays francophones ». Autrement dit, l’étude accuse certains présidents des pays d’Afrique francophone d’imputer leurs échecs, économiques et sécuritaires, à la France, en évoquant un illusoire « complot français ».
Le think tank tente d’illustrer ce point de vue, entre autres, en donnant l’exemple de l’émergence de Boko Haram au Cameroun. « Lors de l’apparition des djihadistes de Boko Haram au nord du Cameroun en 2014, certains acteurs politiques et médiatiques de ce pays ont expliqué qu’il s’agissait d’un complot contre le régime ourdi conjointement par la France et les élites camerounaises de cette région. Cette thèse était soi-disant prouvée par l’équipement des djihadistes avec des armes françaises – accusation portée à la fois par les autorités gouvernementales tchadiennes et camerounaises », déclare le rapport.
L’étude mentionne également l’accusation par des opposants de « liens avec la France » pour décrédibiliser un régime, en donnant l’exemple de l’affaire Sonko au Sénégal.
En dehors des raisons politiques, l’IFRI attribue la montée du sentiment anti-français essentiellement à la « convergence d’intérêts russo-africains », un point de vue qui rappelle celui de l’exécutif français.
Le long des 52 pages de l’étude, jamais une part de responsabilité n’est attribuée à la France. Pourtant, selon Lova Rinel, chercheuse associée au think tank Fondation pour la recherche stratégique, « les Français ont également leur part de responsabilité ». Dans une interview accordée au Figaro, la chercheuse rappelle entre autres « que les Français dans ces pays africains, notamment les militaires à la retraite, ont eu des comportements tout à fait nocifs et coloniaux. Ainsi, le comportement des Français a participé à l’accroissement du sentiment anti-français ».
Globalement, l’étude de l’IFRI, dont les chercheurs revendiquent pourtant leur indépendance, fait simplement écho au point de vue officiel de la France, largement relayé par ses médias subventionnés, sur la montée du sentiment anti-français. Ce qui affecte sa crédibilité malgré des éléments factuels en faveur des arguments défendus.
Ecofin