Élections Locales, Changements du Gouvernement, Bonheur grâce à la Victoire des Lions… le gros dilemme de Macky

À mi-chemin de son deuxième mandat censé être le dernier, le Président Macky Sall fait face à deux scrutins électoraux aussi déterminants que celui de 2019. Le premier qui vient de fermer rideaux, en attendant les résultats officiels donnés par la Cour Suprême, lui et sa coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) ont récolté une véritable «fessée» à Dakar, Ziguinchor, Diourbel, Guédiawaye, Kaolack, Rufisque, entre autres localités symboliques et importantes du point de vue électoral. « 24 Heures »

«Préparer vos dossier…», avait-il martelé le 26 janvier 2022

L’hégémonie de la mouvance présidentielle a connu un sacré coup qui avait fini de semer le doute dans l’esprit du Président de la République, quant à la capacité des ses poulains de batailler avec une opposition qui a fini de gagner du terrain. La dispersion au sein des rangs de BBY est une nouvelle donnée qui vient s’incruster dans les préparatifs des échéances électorales du mois de juillet 2022, à savoir les législatives

Et le ton du Conseil des ministres du mercredi 26 janvier 2022, rapporté par la presse, faisait allusion à cet état d’esprit qui annonçait que rien ne sera plus comme avant. « Préparez vos dossiers. Le Gouvernement aura un Premier ministre», avait-il laissé entendre à ses ministres selon nos confrères de l’Observateur.

Pour mieux écrouer cet état d’esprit du Président Macky Sall, un fait inédit s’est déroulé sous les yeux de nos radars du côté du Boulevard de la République. Il n’a pas hésité à convoquer les leaders politiques de sa coalition pour distribuer, à sa guise, des vertes et des pas mures.

Et le plus cocasse dans tout cela, ils sont tous sortis avec leurs bolides du palais, jour de match entre les Lions de la Téranga et le Burkina Faso en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations, plus d’un quart d’heure après le début de la partie. C’est dire qu’il en avait cure et le sujet du moment était d’une acuité importante qu’ils n’ont pas, sans doute, senti l’heure passée. En ce moment précis, dans sa tête, les changements étaient inévitables. À l’image des évènements des mois de février et mars 2021, les résultats des élections locales de février 2022 ont ébranlé son régime et mis sa vulnérabilité face à la colère des sénégalais, surtout de la jeunesse.

Puis la bande à Sadio Mané arriva avec le trophée continental… mais!

Une accalmie politico-sociale ! C’est la sensation retenue avec la victoire des Lions du football qui ont décroché le graal à Yaoundé, face à l’Égypte. Les Sénégalais ivres de bonheur, la jeunesse en tête, ont jubilé jusque devant les grilles du palais et ont paradé sur toute l’étendue du territoire national.

En fin politique, Macky Sall n’a pas hésité de surfer sur la vague pour relifter son image et gagner en capital sympathie en invitant les leaders de l’opposition autour de sa personne. Et voilà que le Chef est entré dans une sorte de bulle dans lequel il tente de gérer toutes les préoccupations et remonter la pente d’une lucidité crépusculaire

 

Mais l’opinion publique n’a pas encore oublié qu’il a habitué les sénégalais d’un entourage de ministres de second rang, de conseillers dociles, d’un parlement fantôme, de médias décrédibilisés et mis en cause par l’opinion. L’euphorie dont ont fait montre les jeunes, les femmes, les adultes, la populations dans tous ses segments ne sont point un blanc seing livré sur un plateau.

Cette population n’a exprimé que des émotions face à leurs idoles qui ont su dompter les meilleurs d’Afrique, pour offrir au Sénégal sa première Coupe d’Afrique des Nation de son histoire.

Continuité et marchandage, éléments de langage du Conseil des ministres d’hier ?

«La dynamique du Sénégal émergent», «poursuivre les efforts», «préparer davantage», «accélérer la modernisation», «accélérer l’exécution», «relance des activités», «intensifier les initiatives» constituent le ton du Conseil des ministres de ce mercredi 9 février 2019, très loin de celui du 26 janvier 2022. Il ne peut un jour demander à ses ministres de préparer leurs dossiers laissant penser à une purge et venir un autre jour prendre le cap de la continuité en encourageant tout le monde au travail !

Le Président Macky Sall ne doit pas se tromper de grille de lecture. Napoléon disait : «la méthode est bien lente pour la plupart des gens, qui courent à la cause et passent par dessus la vérité des faits». Il nous faut bien du temps pour surtout comprendre et accepter tout ce qui nous tombe dessus. Ce qui peut nous amener à nier l’évidence, quitte à nous enfermer dans des chimères. Pour peu que celles-ci soient plus rassurantes que la vérité qui nous est servie.

D’ailleurs quand le changement ne nous est point favorable, tentons-nous souvent de marchander. Comme le fait actuellement le président Macky Sall. Il doit savoir qu’en politique, c’est la perception qui domine. Dans l’esprit des populations, Macky Sall n’est pas majoritaire. Les populations aspirent à plus de démocratie délibérative, de transparence et de bonne gouvernance. Elles rebutent de plus en plus cette autorité verticale, incarnée à l’extrême dans une relation privatisée avec les citoyens qui, dans la même veine, veulent plus de liberté d’expression.

Quid des sources de frustrations potentiellement explosives ?

e chômage, que la dernière évaluation nationale de 2019 estimait à 16%, les conséquences désastreuses des mesures contre le Covid-19 dans le secteur informel, la hausse des matières premières et des coûts de la vie… sont toujours d’actualité. Le peuple n’est plus observateur-spectateur, mais acteur passionné qui, lorsqu’il ne se retrouve plus, entre dans la danse et agit. Une partie du peuple a agit ce 23 janvier 2022. Ce n’est plus l’heure de l’obsession, pour Macky Sall dans la politique, les rapports de force ou de têteà-tête avec l’opinion mais à l’ouverture de sa porte, à la lucidité, au dépassement et à l’anticipation.

Mamadou Nancy Fall
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