Driss Junior Diallo, DG de l’ORSRE : « Nous mettons en place les directives d’une loi qui édicte tout ce qui est normes de stockages… » ( Entretien réalisé Par Aly Saleh)

Organe de Régulation du Système de Récépissé d’Entrepôt de marchandises au Sénégal (ORSRE), une structure mise en place par l’Etat du Sénégal et qui ambitionne d’appuyer le secteur de la production afin qu’il y ait moins de pertes post récolte, de soucis dans la commercialisation, mais aussi de renforcer le pouvoir d’achat des producteurs.

Une belle idée contenue dans le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui est une vision de Son Excellence le Président de la République Monsieur Macky Sall. L’ORSRE est placé sous la tutelle du Ministère du Commerce, de la Consommation et des PME à la tête duquel se trouve Abdou Karim Fofana a fait des résultants énormes dans la mise en œuvre du Système de Récépissé d’Entrepôt (SRE). Entretien avec Driss Junior Diallo, le Directeur Général  de l’ORSRE :

 

Monsieur le Directeur Général, pour l’éclairage des citoyens sénégalais, pouvez-vous revenir sur les missions assignées à l’ORSRE ?

 

L’ORSRE a plusieurs missions parmi lesquelles, la mission d’appui à l’accès aux crédits. L’autre mission, c’est la conservation et le stockage de productions agricoles, l’accompagnement, la promotion, la professionnalisation de tout ce qui est entreposage au Sénégal. Il y a lieu de souligner qu’au Sénégal, il y a très peu d’entreprises ou de sociétés qui évoluent dans le secteur de l’entreposage. Et il est extrêmement important de promouvoir ce secteur de l’entreposage. Comme vous pouvez le constater, l’Etat du Sénégal a fait beaucoup d’efforts dans l’accompagnement du secteur productif.

Justement aujourd’hui, nous voyons des efforts qui sont faits dans la mise en place des infrastructures dans plusieurs domaines, notamment dans le domaine des routes, dans les équipements de productions agricoles.

Cet investissement de l’Etat a fait qu’actuellement, le Sénégal est autosuffisant sur beaucoup de spéculations ou filières agricoles. C’est le cas dans l’horticulture avec l’oignon et la pomme de terre, tout comme dans le cas des produits tels que l’arachide, les céréales dont le riz où la production est importante. De l’autre côté, il y a aussi l’exploitation très importante de produits forestiers comme l’anacarde, la mangue.

Aujourd’hui, ces efforts doivent être capitalisés. C’est pourquoi, dans la dynamique du PSE, le Président Macky Salla jugé nécessaire de mettre en place l’Organe de Régulation du Système de Récépissé d’Entrepôt (SRE) par la loi 2017  29 du 14 juillet 2017 suivie de son décret d’application 2020  789. En tant qu’organe, nous mettons en place les directives d’une loi qui édicte tout ce qui est normes de stockage et tout ce qui est réglementation dans la conservation pour capitaliser les efforts faits et permettre une grande production au Sénégal.

Alors, nous avons aujourd’hui ces productions disponibles sur le marché. Et vous suivez souvent à travers les réseaux ou d’autres canaux d’informations le débat sur l’oignon par exemple qui est bazardé, la pomme de terre qui se gâte ça et là ou encore  d’autres spéculations qui pourrissent ailleurs. Cela veut dire que les produits existent ; qu’il faut juste les capitaliser dans la partie commercialisation et stockage.

Il convient donc de permettre aux acteurs qui produisent de disposer d’endroits où stocker des productions dès qu’ils sortent des champs en vue d’une meilleure commercialisation. C’est comme ça que ça se passe dans les pays asiatiques où le riz vendu à l’extérieur a été produit depuis 2 ou 3 ans.

Du fait d’une grande capacité de stockage, d’une bonne maitrise de politiques commerciales, tout ça est possible. Et c’est de cette manière que les récoltes et les échanges commerciaux sont sécurisés. Mais cela suppose qu’on ait plus de maitrise de productions et du pouvoir de discuter pour ravitailler le marché sans difficultés.

Vous avez vu cette année, à un certain moment au Sénégal, nous avons eu de l’oignon très cher sur le marché. Cette situation est due au fait que nous avons des soucis en matière de stockage, de maitrise de l’approvisionnement du marché. Aujourd’hui, c’est toutes ces questions qui ont été prises en charge par l’Etat du Sénégal qui a mis en place un certain nombre d’outils dont l’ORSRE, mais aussi à coté, il y a d’autres outils, notamment le Marché d’intérêt national (MIN), l’Agence de Régulation des marchés (ARM) et certaines structures dans le Ministère de l’agriculture qui permettent d’intervenir sur le marché. Mais la question principale reste la problématique de stockage où l’Etat a donné vraiment le clic.

 

 Avez-vous la vocation de construire des entrepôts sur l’étendue du territoire national ?

 

Au sens de la loi, l’organe doit définir la stratégie nationale d’implantation des entrepôts et faire la promotion de l’investissement dans les infrastructures de stockage. Cela signifie que d’une part, il faut que nous collaborions avec le privé national, mais aussi avec les bailleurs de fonds internationaux pour booster la mise en place de ces infrastructures. Mais vous savez, en toute chose, lorsque les politiques publiques sont mises en place, généralement le déclic est donné par l’Etat. Vous avez également vu que le Président de la République a lancé la distribution du matériel agricole et mis en place un ambitieux programme de 80 milliards pour la réalisation d’entrepôts, qui est géré par le Ministère de l’agriculture.

Et nous, au niveau de l’organe, nous conseillons la mise en place de ces infrastructures en donnant les normes qu’il faut. Parce qu’aujourd’hui la norme est édictée par l’ORSRE en collaboration avec d’autres structures internationales. Donc la promotion de ces infrastructures de stockage est faite par l’organe et l’optique de l’Etat est que la construction soit faite par le privé national et le privé étranger. Vous comprenez donc que l’exploitation de tous ces entrepôts revient aux privés, l’organe fait de l’agrément.

Quelle est votre plage de collaboration avec le Marché d’intérêt national ?

Le Marché d’intérêt national est une initiative extrêmement importante de l’Etat du Sénégal à travers le PSE. C’est un investissement de plus de 55 milliards consentis sur la plateforme de Diamniadio. Il y a plus d’une centaine de magasins de stockage et une gare de stockeurs. Il est dirigé par Abdou MABAYE avec qui nous collaborons fortement. C’est important de savoir que ce Marché est disponible et il est là pour les acteurs économiques du Sénégal qui doivent pouvoir l’utiliser.

Sa vocation est de pouvoir rassembler le maximum de stocks qui entrent dans la ville de Dakar et qui pourront être ventilés avec des équipements  sans difficultés. Nous avons été les premiers à souligner dans une discussion au niveau du Ministère, la nécessité de rentabiliser ce Marché pour la mise en place d’une expérience pilote de stockage de l’oignon et la pomme de terre.

L’expérience a été faite entre les mois de mai et juin derniers. On était allé dans la zone des Niayes où on a convié le DG du MIN à la rencontre- dans le cadre du PACAO dont le Coordonnateur est Mme Oulimata SARR que je salue, Et de là, on a vu l’intérêt de collaborer. Au niveau du MIN, cette opération a permis de stocker 3600 tonnes sauvées des intempéries, de la chaleur au niveau de Pout et Ngomène.

La commercialisation de ces produits aux mois de juillet et aout a permis aux acteurs d’engranger plus de 800 milliards. Il est donc important que les populations sachent qu’il existe un tel outil et qu’elles peuvent l’utiliser. Pour le MIN aussi, c’est le moment de faire cette politique commerciale d’information pour que cet outil soit rentabilisé.

Le MIN est aussi un lieu de stockage tampon ou de transit. Cela veut dire que les produits arrivent aujourd’hui par la gare des gros porteurs qui déchargent, en même temps, les propriétaires de magasins peuvent ventiler cette production avec les camionnettes qui viennent de Dakar sur une moindre durée d’une semaine ou 10 jours seulement. Donc le MIN n’a pas vocation de stockage de 3 ou 6 mois alors que le Sénégal a besoin d’un stockage d’un an ou plus.

D’où l’urgence de mettre en place d’autres infrastructures de stockages. Et nous, au niveau de l’organe, on dit qu’il faut des infrastructures de stockage en amont et des infrastructures de stockage en aval.

Les infrastructures en amont sont celles qui sont près des zones de production. Il faut que le producteur, de son champ, puisse acheminer la production le jour même ou le lendemain au niveau des entrepôts par mesure de sécurité. Et nous en tant que système,, quand le produit arrive à la porte de l’entrepôt, on fait avec les professionnels de l’entreposage, ce qu’on appelle l’agréage qualité. Au sens de la loi, tout produit doit faire l’objet d’agréage qualité.

L’agréage qualité permet de s’assurer que les normes de stockage sont respectées pour éviter les risques de détérioration du produit. Tout produit qui respecte la norme entre dans l’entrepôt en amont (par opposition à l’entrepôt en aval qui se situe dans les centres urbains de commercialisation) et le Récépissé d’Entrepôt est délivré. Ce Récépissé a une valeur juridique commerciale et financière. Le producteur qui a stocké peut aller, muni du Récépissé au niveau d’une institution financière pour y être financé jusqu’à hauteur de 80% de la valeur du stock.

 En cas de pertes, qui est ce qui supporte le risque ?

L’idée du Récépissé d’Entrepôt, est une idée géniale utilisée dans les pays anglo-saxons, aux Etats Unis, en Suisse ou dans les pays asiatiques. Et à ce niveau du risque, les entrepôts disposent de 3 polices d’assurances qui sont sur l’infrastructure. Les 20% restant sont aussi garantis en sus de l’assurance souscrite sur le magasin en cas de dérogation, du risque à la sortie finale afin que la banque n’ait pas à subir le risque.

Aujourd’hui, au niveau international, il est conseillé de faire du financement innovant. Il y a lieu de sortir du classique habituel, le SRE qui est considéré comme un outil innovant de financement, est actuellement challengé par la Banque centrale et le direction générale du secteur financier avec laquelle nous faisons des séances pour que le Récépissé d’Entrepôt soit mis dans le  dispositif prudentiel de la Banque centrale.

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Aly Saleh

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