Au moins, 55 900 personnes sont portées disparues sur les routes migratoires depuis 2014 dans le monde, dont une majorité en mer Méditerranée et en Afrique.
Ce chiffre qui provient de l’Organisation internationale pour la migration (OIM) est une estimation minimale du nombre réel de vies perdues pendant ces migrations irrégulières. Il représente aussi le nombre de familles plongées dans l’incertitude, des parents qui se demandent si leur enfant est encore en vie, des frères et sœurs qui veulent savoir ce qui s’est passé.
Et souvent, se pose pour ces familles, l’impossibilité de faire le deuil face à l’absence de la dépouille de leur proche.
Des données du Projet sur les migrants disparus (Missing Migrants Project) ou (MMP), une initiative du Centre mondial d’analyse des données sur la migration, ont dénombré plus de 2 100 migrants décédés en Afrique de l’Ouest et sur les routes d’outre-mer de la région à destination de l’Europe entre 2014 et 2022. Par ailleurs, indique le MMP, les circonstances dans lesquelles les migrants disparaissent varient et il est parfois difficile d’établir le décès avec certitude.
En effet, il est également possible que la personne disparue soit vivante mais n’aie pas la possibilité ou la volonté de communiquer avec sa famille, du fait d’une détention ou de la crainte d’une détention.
Cependant, de l’avis du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), il arrive que «la dépouille ne soit jamais retrouvée ou, si elle l’est qu’elle ne soit pas correctement identifiée ou documentée».
L’adversité rencontrée dans le processus de recherche lui-même, complexe et coûteux, sans savoir si l’être aimé est décédé ou vivant, augmente encore la proportion de la souffrance liée à la disparition, indique la même source.
«Barça ou Barsakh» (Barcelone ou la mort en Wolof)
Selon Migrants Portés Disparus, une plateforme mise en place par l’OIM, «les questions de dignité des familles et des décès viennent donc accompagner les enjeux de renforcement des systèmes de protection juridique et d’assistance matérielle des familles». Dans l’esprit du respect du droit international et des droits humains sur les droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, la présente étude s’intéresse à faire l’état des lieux et d’évaluation, en matière de besoins relatifs aux migrants disparus et leurs familles au Sénégal.
Une étude du rapport des familles de migrants portés disparus «renseigne non seulement sur leurs besoins», mais elle permet de faire l’état des lieux sur l’évolution du phénomène migratoire du Sénégal vers l’Europe et des besoins associés en matière d’action politiques, juridiques et humanitaires». Cette étude, menée par ladite plateforme montre le soutien des familles, passe par la compréhension d’une notion appelée la «perte ambiguë».
Pour venir en aide aux familles de disparus plusieurs moyens sont déployés. C’est le cas de la Croix rouge Internationale qui a mis sur pied «Trace the Face» qui est un outil adapté à la complexité des disparitions liées à la migration.
Vox Populi