Contre le troisième Mandat : seules les pressions nationales seront efficaces, selon un spécialiste

L’occident commence à mettre la pression sur le président de la République pour le pousser à renoncer à une troisième candidature. Mais Jean Charles Biagui, enseignant en science politique à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, cette question, est une affaire sénégalaise. Et ce sont les pressions nationales qui pourraient le contraindre.

A moins d’un an de l’élection présidentielle, la perspective d’une candidature de Macky Sall pour un troisième mandat inquiète de plus en plus la France et les Etats-Unis. Des informations du magazine Africa Intelligence renseignent que le sujet a été abordé directement par Emmanuel Macron avec son homologue sénégalais. Dans le même temps, la question embarrasse les capitales des Etats membres de la Cedeao.

Enseignant en science politique à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, Dr Jean Charles Biagui estime : «Officiellement, il n’y a aucune pression qui pourrait nous renseigner sur les positions occidentales quant au troisième mandat. Ce que nous pouvons affirmer par contre, c’est que l’intérêt accordé aux opinions occidentales révèle la persistance d’un paternalisme malheureusement accepté», dit-il.

Selon lui, ce sont les pressions au niveau national qui vont contraindre Macky Sall à renoncer à briguer un troisième mandat. Jean Charles Biagui affirme en effet que ce débat est sénégalais et son issue dépendra surtout des mobilisations collectives des Sénégalais.

«Il ne faut pas perdre de vue que les régimes autoritaires africains sont régulièrement soutenus par les Américains et les Européens. La France en particulier soutient les pouvoirs au Gabon, au Togo, à Djibouti, au Tchad, au Congo, au Cameroun. Nous ne devons donc pas les croire lorsqu’ils nous parlent de démocratie et de respect de la constitution», analyse Jean Charles Biagui.

«Quelle que soit leur posture, ce sont les Sénégalais qui écriront leur propre histoire et j’espère que nous pourrons donner une grande leçon à tous ces hommes politiques et ces intellectuels malhonnêtes qui veulent nous imposer une troisième candidature de Macky Sall illégale, illégitime, anachronique», fait savoir l’enseignant à la Faculté des Sciences juridiques et politiques (Fsjp).

C’est ce que la société civile et les partis de l’opposition qui multiplient les initiatives pour dissuader Macky Sall ont certainement. D’ailleurs, non au 3e mandat est devenu le mantra de Alioune Tine, de Y en a marre et de toutes les organisations de la société civile qui ont lancé l’initiative contre le 3e mandat avec comme slogan : Jam geun 3e mandat, (la paix vaut mieux que le 3e mandat en wolof). Les guides religieux dont les voix sont déterminantes gardent pour l’instant le silence. Du côté de la majorité présidentielle, on est plus que déterminé à dérouler cette troisième candidature.

D’ailleurs, le discours a changé parce qu’on ne parle plus de 3e mandat mais de deuxième quinquennat. Les ministres Mame Mbaye Niang, Abdoulaye Saydou Sow, Cheikh Kanté et récemment la patronne de la diplomatie sénégalaise ont, chacun, en ce qui le concerne, théorisé la faisabilité de ce deuxième quinquennat.

Cette sortie du président français semble arriver à point nommé face à la multiplication des cérémonies d’investiture du candidat Macky Sall. C’est à se demander si le Président Macky Sall, qui est actuellement en campagne électorale sous le couvert des tournées économiques, va céder face à la pression des Européens et des Américains ?

Walf quotidien

Saphiétou Mbengue
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