Après les préfets aux locales, la DGE aux législatives : attention, l’administration se politise !

On a connu l’épisode des locales avec des préfets et sous-préfets prompts à rejeter les listes de l’opposition à la moindre anomalie. Pour les législatives du 31 juillet prochain, c’est au tour de la DGE de rendre la vie dure à l’opposition. Après avoir fermé les yeux sur la liste non paritaire des suppléants de Benno, qui serait sans doute passée comme lettre à la poste sans la vigilance du mandataire de Yewwi, voilà que la structure sous tutelle du ministre de l’Intérieur Antoine Diome outrepasse ses prérogatives en amenant ce dernier à invalider la liste nationale de la principale coalition de l’opposition. Censée être un rempart pour la démocratie, l’Administration est manifestement sur une pente glissante qui pourrait lui faire perdre tout son crédit. Le Vrai Journal

L e constat de Ndiaga Sylla est implacable et sans appel. Analysant le rejet de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi et celle des suppléants de Benno Bokk Yaakaar, l’expert électoral a purement et simplement déchiré l’arrêté pris par le ministre de l’Intérieur à cet effet.

« L’arrêté a outrepassé son objet. Il ne peut rejeter ni invalider des candidatures au-delà du délai prévu par l’article L 179. Il doit se borner à publier les candidatures reçues », soutient Ndiaga Sylla dont la voix fait autorité en la matière.

Il n’en fallait pas plus pour ajouter à la suspicion légitime qu’on peut avoir sur la démarche de l’Administration par rapport au jeu politique. Jamais sa posture n’a paru aussi douteuse, voire partisane, que ces derniers temps.

On se souvient de l’épisode des élections locales du 23 janvier où préfets et sous-préfets semblaient avoir comme seul mot d’ordre le rejet systématique de toutes les listes de l’opposition présentant la moindre anomalie.

Alors qu’ils étaient jadis enclins à aider à leur régularisation afin que la compétition électorale soit la plus inclusive possible, ils en ont plutôt jeté une kyrielle à la poubelle.

Avaient-ils reçu un mot d’ordre de la tutelle dans ce sens ?

Le doute est en tout cas permis tellement ils en ont invalidé à tout-va. Par contre, sur l’ensemble des 557 collectivités territoriales du pays, pas une seule liste de la majorité Benno n’a présenté à leurs yeux la moindre imperfection pouvant justifier un rejet. Simplement invraisemblable !

Alors que, de Dakar à Kédougou, en passant par Pikine, Mbour et Saint-Louis, beaucoup de listes de l’opposition avaient été déclarées hors compétition. Contrôle des listes : deux poids, deux mesures

« C’est la première fois que nous constatons autant de rejets massifs », avait déploré en son temps le mandataire de Yewwi, Déthié Fall. Certaines le seront définitivement, tandis que d’autres seront repêchées à la suite de recours introduits par l’opposition devant les Cours d’Appel. Et lorsque, dans bien des cas, les Cours d’Appel ont donné gain de cause à l’opposition, les administrateurs civils, se sentant humiliés, se sont hâtés lentement à appliquer les décisions arrêtées par les juges. Encouragés en cela par le ministre de l’Intérieur Antoine Diome qui, semble-t-il, les aurait même incités à attaquer les décisions des juges d’Appel devant la juridiction supérieure.

Du jamais vu dans toute l’histoire politique du Sénégal !

Pour les législatives du 31 juillet prochain, c’est au tour de la Direction générale des élections (DGE) de rendre la vie dure à l’opposition. Après avoir fermé les yeux sur la liste non paritaire des suppléants de Benno qui serait passée comme lettre à la poste sans la vigilance du mandataire de Yewwi, voilà que la structure sous tutelle du ministre de l’Intérieur Antoine Diome outrepasse ses prérogatives en invalidant la liste nationale de la principale coalition de l’opposition.

Certes, pour faire bonne mesure, elle a aussi invalidé, pour la forme, la liste des suppléants de Benno pour non-respect de la parité. N’empêche que la décision endossée par le ministre Antoine Diome par arrêté est de loin plus rédhibitoire pour la principale coalition de l’opposition qu’elle ne l’est pour la majorité.

Pourquoi la DGE n’a-t-elle pas décelé dès le début la moindre anomalie sur la liste des suppléants de la majorité ? Pourquoi a-t-il fallu que le mandataire de Yewwi exerce son droit de contrôle sur les listes concurrentes pour que la liste Benno soit finalement épinglée, pièces à l’appui ? Faut il en déduire, comme Ousmane Sonko, qu’il y a eu deux poids, deux mesures aussi bien pour le contrôle des parrainages que pour la validité des listes de la part de la DGE ?

C’est à croire que ceux qui ont souvent reproché au Président Macky Sall d’avoir politisé à outrance l’Administration, ont bien raison. Seulement, le risque est gros de voir nos administrateurs civils perdre tout le crédit qu’on leur doit. Encore un rempart de la démocratie qui risque de s’effondre ! Hélas….

Saphiétou Mbengue
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