Aéroport International Blaise Diagne : Le Pourquoi d’un bras de fer Etat-Bin Ladin Group

Depuis plusieurs semaines, les travaux sur le site de l’Aéroport International Blaise Diagne sont bloqués par la société chargée de la construction, Saudi bin Laden Group (sbg). Cette société, qui a déposé une cinquième réclamation de 63, 62 milliards de francs cfa, refuse de s’engager sur le délai de livraison que Aibd lui exige dans le cinquième avenant. Depuis lors, Saudi bin Ladin Group refuse de poursuivre les travaux après avoir absorbé plus de 303 milliards de francs cfa par le passé. courroucée par ce que le Sénégal qualifie de « chantage », la direction de l’Aibd a mis en demeure le groupe Saudi bin Ladin et menace de porter l’affaire devant le Tribunal arbitral de Paris.

Le bras de fer risque de se prolonger sur le terrain juridique. En effet, la société saoudienne refuse de signer un cinquième avenant dans lequel, elle doit donner un dernier deadline pour la réception du nouvel aéroport international du Sénégal, posant ainsi un préjudice énorme au plan économique. C’est pourquoi, la Direction de l’Aibd a mis en demeure Sbg. Elle menace de saisir le tribunal arbitral de Paris compétent en matière de litiges internationaux en affaires. Selon nos sources, Aibd entend réclamer des centaines de milliards de francs Cfa pour le compte de l’État du Sénégal qui a subi un préjudice considérable.

Genèse de l’imbroglio

Pour comprendre l’origine du problème, des sources proches de la Direction de l’Aibd ont tenu à livrer les détails du contrat et les chiffres de tous les avenants. « Le contrat de base a été signé le 03 avril 2007 pour une date de démarrage des travaux le 04 décembre 2007 pour un montant total de 349, 479 millions d’euros soit 229 milliards de francs Cfa. C’est ça le marché de base avec Sbg pour la réalisation complète de l’aéroport et pour un délai de 33 mois qui devait courir à partir du 04 décembre 2007 », rappelle notre source officielle anonyme.

Tout sur les trois avenants de plus de 74 milliards et les délais de livraison

Mais dans la construction de l’aéroport, il y a eu aussi plusieurs avenants. Le premier est intervenu le 15 décembre 2008 pour un montant de 2 millions 721 000 215 euros soit 1, 8 milliards de francs Cfa. Cet avenant était acté pour la viabilisation des terrains du site de recasement pour 5 mois. Un délai qui ne devait pas impacter sur le délai global de 33 mois de construction de l’aéroport.

Le deuxième avenant a, par contre, été signé le 07 juillet 2010. « Il faut se souvenir que la date de fin des travaux de l’aéroport devait être pour le 03 septembre 2010 et en juillet, une réclamation a été posée sur la table. Cette réclamation a fait l’objet de l’avenant numéro 2 pour un montant total de 46 milliards de francs Cfa. Cet avenant était censé régler un problème de traitement de cavité pour des prix de bitume qui ont évolué et pour des coûts de délais supplémentaires. Une nouvelle date de livraison a été retenue pour novembre 2011, mais elle ne pouvait également être respectée.

C’est ainsi qu’un avenant numéro 3 a été signé à la demande de Sbg, le 17 juin 2011, avec encore des délais supplémentaires de 12 mois pour finir l’aéroport au 3 novembre 2012 pour un montant de 41 millions d’euros soit 27 milliards de francs Cfa parce qu’ils disaient qu’on n’avait pas signé le financement à long terme de l’Aibd », informe notre interlocuteur. Ce dernier rappelle que de l’avenant 1 à l’avenant 3, les coûts sont de 114 millions d’euros (74, 77 milliards francs Cfa) soit 32, 59% du coût global alors que les procédures de l’Aibd ne permettaient pas des avenants au delà de 33%, sans compter le 4ème avenant qui a suivi.

AIBD exige à Sbg une dernière date de livraison pour le cinquième avenant

Un quatrième avenant a été posé sur la table en 2013, le premier sous la magistrature de Macky Sall. A l’époque, la Direction de l’Aibd n’avait pas accepté ces réclamations qu’elle avait jugé fantaisiste. « C’est plutôt l’entreprise qui n’a pas été performante pour terminer les travaux donc, il fallait rejeter les réclamations », se justifie notre source. En définitive, ce quatrième avenant a été signé, puisque la date de livraison prévue pour novembre 2012 n’a pas été respectée :

« On a demandé à l’entreprise de terminer les travaux et elle a annoncé novembre 2014 ». Cet avenant a été, pour la première fois, négatif d’après les informations de l’Aibd car « l’entreprise disait que ce sont des villages environnants comme Mbadate qui l’empêchaient de terminer les travaux. On a enlevé les travaux au droit de Mbadate, c’est pourquoi cet avenant a été négatif de -4,5 milliards de francs Cfa qu’on a enlevé du marché de Sbg », explique notre interlocuteur.

Une somme que la société saoudienne a perdue car ses responsables disaient qu’ils ne pouvaient pas faire les travaux dans la zone de ce village. Mais, après cette défalcation, Sbg s’était engagée à terminer les travaux en novembre 2014, ce qui n’a pas été fait. « Ils n’ont pas pu terminer à cette date et ils reviennent maintenant avec une cinquième réclamation de 97 millions d’euros soit 63, 62 milliards de francs Cfa, ce que Aibd a refusé comme la quatrième réclamation », martèle notre interlocuteur.

Pour lui, Aibd demande à Sbg de signer un cinquième avenant dans lequel, ses responsables doivent s’engager sur une dernière date de livraison, ce que les bailleurs exigent également car ils refusent de décaisser pour cet avenant s’ils ne connaissent pas la date de fin des travaux.

« La réclamation de près de 64 milliards de Sbg est inacceptable techniquement et financièrement »

« Ce que l’on souhaite, c’est que Sbg s’engage sur une dernière date de fin et depuis un an, le groupe saoudien refuse de signer l’avenant en faisant de la surenchère voulant qu’on accepte sa réclamation de 97 millions d’euros alors que cette réclamation est inacceptable techniquement et financièrement », assène notre interlocuteur.

D’ailleurs d’après notre source, la Direction de l’Aibd a envoyé une lettre de mise en demeure à Sbg pour lui demander de signer l’avenant 5 et de s’engager sur une date de fin. Au cas où l’entreprise refuserait de s’engager sur une date de fin et terminer les travaux, le contentieux juridique risque d’être engagé.

« C’est obligatoire que les responsables de Saudi Bin Ladin signent le cinquième avenant et termine l’ouvrage. Dans le cas contraire, on ira en arbitrage et ce serait Sbg contre l’État du Sénégal au-delà de Aibd, car ce projet d’aéroport est d’une importance capitale pour notre économie et devait se terminer depuis 2010. Mais jusqu’à nos jours, il n’est pas livré. C’est un manque à gagner énorme pour notre économie. Car avec ce projet, on devait avoir 3 millions de passagers et on est seulement à 2 millions de passagers avec Léopold Sédar Senghor où on est complètement saturé. Ça représente beaucoup de choses du point de vue touristique et économique. Si on avait à réclamer des dommages à Sbg, ce serait estimés à des centaines et des centaines de milliards de francs Cfa », soutient notre source.

Cette dernière pense que Sbg devrait revenir à la raison, d’autant plus que l’ouvrage est presque terminé et qu’il ne faudrait pas faire du chantage à tout un État, « cela est inacceptable ». On ne peut pas aussi, rien que pour terminer la construction de l’Aibd, accepter n’importe quelle condition à tout prix » peste-t-il.

 Source (Enquête via Seneplus)

 

Momar Diack SECK
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