Aéroport International Blaise Diagne : Guerre ouverte entre le gestionnaire et les prestataires sénégalais

Les cafés, bars, lounges, supports de communication et autres services risquent d’échapper aux hommes d’affaires sénégalais qui les gèrent depuis l’ouverture de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd) en 2017. Les Turcs de Limak Aibd Summa (Las) qui assurentla gestion de l’infrastructure ont servi des mises en demeure aux prestataires sénégalais pour la fin de leurs activités à partir de décembre 2022. Le Collectif des prestataires et investisseurs sénégalais (Copis) a décidé d’engager le bras de fer.

C’est une vraie fausse apparence. L’image ne reflète pas la réalité du terrain. Derrière les beaux traits et la splendeur de l’infrastructure, se cache un gros malaise. Une atmosphère pourrie. Entre Limak Aibd Summa (Las), gestionnaire de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), et le Collectif des prestataires et investisseurs sénégalais (Copis), c’est la guerre en douce. Et un long bras de fer de s’annoncer entre les Turcs et les prestataires sénégalais.

Le feu couvait depuis longtemps, mais le dernier acte posé par le gestionnaire, LimakAibd Summa, a ravivé les braises. LAS a servi des mises en demeures aux membres de Copis pour décréter la fin des prestations des opérateurs sénégalais à l’aéroport international Dakar Blaise Diagne, à partir du mois de décembre 2022, après cinq années d’exercice.

Seul le groupe français Lagardère qui dispose d’un contrat de dix (10) ans n’est pas concerné par la distribution des lettres de mise en demeure. Le libellé des mises en demeure est sec et renseigne sur le caractère ferme de la mesure. «Nous vous rappelons que conformément à l’article 2.3 du contratliant nos deux structures, notre collaboration prend fin le 31 décembre 2022. A ce propos, nous vous mettons en demeure de procéder au paiement de votre dette avant la date butoir comme stipulé dans l’article 4.1 du contrat. Egalement, nous vous rappelons qu’un appel d’offre sera lancé à cette date et faute de plan de paiement, vous ne pourrez y soumissionner»,lit-on dans une lettre de mise en demeure adressée à un opérateur sénégalais en activité sur la plateforme de Diass.

Et des correspondances de la même teneur ont été envoyées aux autres prestataires comme Infinite Airport  Lounge, Secubag, Global Com, Senecartours… Des sociétés qui avaient permis auxTurcs de démarrer les activités de l’aéroport Daka rBlaise Diagne en versant une caution de cinq (5) milliards de francs CFA. Une manne financière qui devait leur être restituée à la fin de leur contrat. Une caution perdue, puisque les Turcs de LAS l’ont intégrée dans la dette de deux (2)milliards FCfa que les prestataires leur réclament.

Pourtant, confient des sources de L’Observateur, «au cours d’une rencontre, en présence de la Direction générale de l’Aibd, dirigée par Doudou Kâ, de Limak aibd summa (Las), le ministère en charge des Transports aériens et le collectif des opérateurs et prestataires sénégalais à l’Aibd (Copis), il a été convenu de la signature d’un avenant pour proroger le contrat des opérateurs sénégalais à dix (10) ans comme Lagardère». Et pour satisfaire cette demande, il a été demandé aux hommes d’affaires sénégalais de payer 25% de la dette sous la garantie des autorités sénégalais.

«Bizarrement, après le versement», constate-t-on, «LAS est revenue en arrière pour réclamer les 75% restants dans un délai d’une dizaine de jours pour signer l’avenant».Toutefois, les opérateurs et prestataires de l’aéroport Blaise Diagne, ayant bénéficié d’un prêt de 15 milliards FCfa du Crédit transport aérien qu’ils doivent commencer à payer à partir de janvier 2023, comptent engager le bras de fer avec le gestionnaire de l’aéroport «pour sauvegarder les 2000 emplois et leur business».

Surtout que leur modèle, classé 10e sur 225 aéroports en matière de qualité de service, a permis aux Turcs de LAS de gagner des marchés de gestion et de construction d’aéroports dans la sousrégion. Les prestataires flairent un coup, car ils confient que «des sociétés espagnole, suisse et turques sont en train de guetter la suite du bras de fer afin de participer à l’appel d’offres annoncé par LAS sur le business des Sénégalais

S L’Obs

Oumou Khaïry NDIAYE
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