Accident sur la route de Kaffrine: Encore les forces occultes et surnaturelles Par Pape Sadîo Thiam

Plus d’une trentaines de morts sur la route de Kaffrine et certains sénégalais attribuent cet accident aux concerts de casseroles ! Qu’est-ce que ce pays est irrationnel.

 

La question que l’on est en droit de se poser est dès lors de savoir si l’esprit du Sénégal n’est pas plombé par des forces occultes ou surnaturelles. Pourquoi refusons-nous de dépasser ce stade que les autres nations ont dépassé à la faveur de la rationalité scientifique ? Le triomphe de l’irrationnel dans notre société traduit-il un être ou n’est-il que l’expression de mutations et de crises passagères ?

 

Chaque fois qu’il y a des crises majeures, chaque fois que la raison a connu des limites passagères, les hommes sont retombés dans l’abîme de l’obscurantisme.

 

Cette foi au surnaturel qui dépossède tant de jeunes et d’adultes aurait largement pu être un puissant levier de sanctification du travail bien fait, du labeur élevé au rang de culte. Au contraire, la croyance et l’attachement quasi morbide à ces phénomènes avilissent certains sénégalais, plombent les ailes de son courage et cultivent la paresse. Par paresse on s’en remet aux puissances occultes qui nous rétribuent par la même paresse. Curieuse dialectique de l’illusion et de la réalité !

 

L’éducation de nos enfants dans un langage et des valeurs qui ont tendance à crédibiliser la force du surnaturel et de la magie qui permet d’y accéder constituent le dernier anneau de la chaine par laquelle l’esprit des Sénégalais est emprisonné dans ce cercle vicieux.

 

Quant à la sphère religieuse, elle n’est pas allée plus loin que les élites intellectuelles. Les charlatans sont extrêmement rusés : ils sont des psychologues, des anthropologues très en avance sur le commun des mortels. Sachant la place prépondérante des confréries et des marabouts dans la conscience populaire, ils se présentent désormais sous le label de ces confréries pour se donner une espèce de ceinture de sécurité sociale. Il est aisé d’ailleurs de constater que chaque confrérie a ses charlatans, guérisseurs ou tradipraticiens.

 

Ils ont réussi ainsi à se donner une légitimité religieuse, même si leurs pratiques occultes sont loin d’être bénies par la charia. Ce n’est donc pas un hasard si les Sénégalais persistent à s’enfoncer dans ce sable mouvant du charlatanisme et de la sorcellerie. Leur foi, au lieu de les libérer de ces grands imposteurs, a plutôt servi à sceller leur crédulité.

 

Le débat autour de la question de savoir si nous dévons faire notre propre révolution scientifique et technologique n’a à proprement parler plus de sens dès lors que science et technique sont pratiquées dans presque toutes les sphères de la société. La rationalité n’est d’ailleurs pas un phénomène spontané, c’est le résultat d’un processus qui a vu le jour depuis l’Egypte antique. Les peuples qui l’ont affinée et l’ont portée à son firmament actuel n’ont finalement fait que fructifier un héritage commun à toute l’humanité.

 

Vu sous cet angle la rationalité scientifique n’est étrangère à aucune nation. L’énigme est maintenant comment comprendre ce retour incessant à des pratiques que l’on croyant congédiées par l’émergence de la société technocratiques ?

Dieyna SENE
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