Absence de prise en charge spécifique des enfants handicapés : les 4 vérités du leader communautaire Baytir Samb à l’Etat

De nombreux enfants continuent d’être victimes de stigmatisation, d’exclusion, de négligence et violence parmi lesquels les enfants handicapés, les enfants orphelins et vivant avec le VIH, la tuberculose, etc. Ce, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics et les partenaires au développement.

Tel est le constat amer fait par le président du Réseau des organisations communautaires de base des acteurs de santé (ROCBACS), Baytir Samb. Il a fait face à la presse, hier à Dakar, dans le cadre de la mise en œuvre des activités de l’initiative

«La Voix des Enfants Vulnérables» dont le but est de soutenir les enfants démunis et en situation handicap (moteur, visuel, albinos, autistes, sourds et enfants malades). Occasion qu’il a saisie pour dire ses quatre vérités aux autorités étatiques centrales et décentralisées. Selon lui, la santé, l’éducation, l’accompagnement psychosocial des enfants handicapés sont orphelins de la politique de protection sociale de l’Etat.

Qu’il s’agisse de la loi d’Orientation sociale dont la carte d’égalité des chances, ou des bourses de sécurité familiale, les objectifs sont en réalité loin d’être atteints. Aujourd’hui, dit-il pour le dénoncer, beaucoup de parents d’enfants handicapés n’ont pas d’informations sur la politique de protection des groupes vulnérables de l’Etat. «On voit des enfants handicapés de 12 ans qui font la dialyse, des problèmes supplémentaires auxquels les parents font face», déclare-t-il, tétanisé. Baytir Samb fustige, en outre, le fait que la Couverture maladie universelle (CMU) n’ait pas pris en compte les besoins spécifiques de l’albinos en termes de santé.

Or, relève-t-il, ce sont des bénéficiaires des bourses de sécurité familiale. «On les a enrôlé dans la politique de protection sociale de l’Etat, mais ils ne bénéficient pas de la crème ni de lunettes solaires pour que les enfants albinos puissent suivre convenablement les enseignements et apprentissages à l’école», fulmine le leader communautaire en présence d’autres responsables d’associations luttant pour la cause des enfants handicapés au Sénégal.

Sur le plan éducatif, Baytir Samb s’indigne du fait qu’il n’y a pas assez d’écoles adaptées à la situation des enfants handicapés au Sénégal. Conséquence, il renseigne que beaucoup de parents d’enfants handicapés sont fixés chez eux pour pouvoir s’occuper de ces derniers comme il se doit au détriment de leurs activités génératrices de revenus.

Pendant ce temps, renchérit-il, ces mêmes parents ne reçoivent aucune information sur les solutions existantes à leurs problèmes. «Les services de l’Action sociale au niveau des régions ne savent même pas où se situent les Centres de protection et de réinsertion sociale (CPRS) tant ils ne sont que 4 pour tout le Sénégal», se désole-t-il.

Ce qui est reproché aux Forces de défense et de sécurité

Sur le plan sécuritaire, le président du Réseau des organisations communautaires de base acteurs de santé demeure convaincu que les enfants handicapés sont le cadet des soucis des Forces de défense et de sécurité qui se sont permis, pour disperser des manifestants de larguer des gaz lacrymogènes dans des maisons. «Que savent-elles des enfants handicapés asthmatiques qui ont été douloureusement affectés par cette situation ? Que savent-elles du désarroi des parents de ces enfants ?», peste Baytir Samb.

Il est d’autant plus navré du sort réservé aux enfants handicapés au Sénégal qu’en perspectives de la présidentielle du 25 février prochain, personne parmi les candidats qui demandent le suffrage des Sénégalais n’accorde de l’importance dans son projet de société à la prise en charge des enfants handicapés au Sénégal. Pourtant, dit-il pour fouetter la conscience collective, «tant qu’on est en vie, on n’est pas à l’abri d’un handicap».

Par ailleurs, il dénonce une prise en charge problématique du cas spécifique des enfants handicapés au niveau des collectivités territoriales.

«Au Sénégal, on est encore dans l’assistanat : faire don de riz, d’huile, de sucre etc. Les communes dépensent des dizaines de millions de francs dans les denrées alimentaires destinées aux administrés à l’approche des fêtes religieuses. Qu’ils comprennent que ce n’est pas cela qui nous intéresse. Nous préférons mille fois les appuis techniques d’autonomisation pour les familles d’enfants handicapés à la popote», tonne le leader communautaire.

«Ces enfants font partie des collectivités territoriales, on doit les prendre en charge», revendique-t-il. tout en exigeant le respect «strict» des droits des enfants handicapés à l’éducation, à la santé et aux autres services sociaux de base.

Baytir Samb et ses compatriotes comptent ainsi, dans le cadre de la «Voix des Enfants Vulnérables» procéder à travers le concept «Bonne année, bonne santé» à la remise d’un appui technique tel que les béquilles, fauteuils roulants, crème et lunettes solaires, couvertures de lit etc, aux enfants handicapés pour leur permettre d’avoir leur autonomie, et ne pas se contenter de dons de cadeaux en gadgets qui leur paraissent moins importants.

La cérémonie est prévue le 16 janvier prochain et concerne une cohorte de 150 enfants âgés de 3 à 12 ans sur fonds propres avec l’objectif à terme de toucher un plus grand nombre d’enfants handicapés au Sénégal. Elle sera suivie d’autres étapes notamment l’élaboration d’un plan stratégique avec toutes les parties prenantes pour une Co-construction de l’avenir des enfants handicapés au Sénégal, informe M. Samb.

Vox populi

Momar Diack SECK
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