4ème révolution industrielle : Pourquoi l’économie numérique ? Quels sont les objectifs stratégiques, obstacles et priorités ?

Ce lundi 5 mars 2018 s’est ouvert à Dakar, un atelier de prospective sur le thème de l’économie numérique pour une croissance inclusive au Sénégal. Il part d’un constat unanime : aujourd’hui, il est très difficile d’imaginer un développement durable et inclusif sans se concentrer sur le rôle de la technologie.

C’est dans ce contexte que s’inscrit cet atelier dont l’objectif est d’appuyer le gouvernement sénégalais dans l’accélération de la mise en œuvre de son programme de réformes structurelles dans le secteur des télécommunications, afin de doter le Sénégal des fondations nécessaires à l’essor d’une véritable économie numérique.

Extraits du discours de Louise Cord – Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal

Concrètement, cet atelier permettra, je l’espère, de mettre en place une feuille de route de mesures détaillées pour faciliter le déploiement de la technologie 4G et l’Internet haut débit en tous points du territoire afin que les individus et les entreprises puissent saisir toutes les possibilités offertes par le numérique dans les secteurs prioritaires identifiés par le gouvernement.

Pourquoi se concentrer sur l’économie numérique?

Les technologies numériques peuvent stimuler le développement et transformer les économies avec une vitesse et une ampleur sans précédent.

  • D’une valeur de 11,5 milliards de dollars à l’échelle mondiale, l’économie numérique constituera bientôt 25% du PIB mondial et est en train de transformer presque toutes les industries.
  • D’ici 2020, l’utilisation accrue des technologies numériques pourrait ajouter un autre 1,4 milliard de dollars à la production économique mondiale totale.

Les technologies numériques un moteur économique pour les gouvernements et les entreprises.

 Ils atteignent une productivité et une efficacité jamais atteints auparavant, offrant un grand nombre d’applications innovantes dans divers secteurs.

  • Au Kenya, avec le système de paiement mobile M-Pesa, les coûts de transaction liés à l’envoi de fonds ont diminué de 90%, ce qui a complètement transformé le secteur.
  • Au Rwanda, une entreprise de robotique, Zipline, collabore avec le ministère de la Santé pour utiliser des drones pour la livraison de médicaments essentiels aux hôpitaux des régions lointaines. Il a livré plus de 5500 unités de sang l’année dernière, sauvant ainsi des vies. Jamais auparavant les patients dans le pays n’avaient reçu de sang aussi rapidement et efficacement.
  • En Tanzanie, la numérisation de la TVA devrait augmenter les recettes fiscales de 500 millions de dollars.
  • Des innovations similaires commencent à émerger au Sénégal, avec des entreprises offrant des services de paiement digitalisés, tels que Wari ou Intouch, le commerce électronique, tels que Jumia ou OuiCarry, et des plateformes digitales créatives, tels que Nelamservices.

Les objectifs stratégiques ambitieux à l’horizon 2025 pour le Sénégal:  

  • Contribution au PIB (en valeur) : 10 %
  • Augmentation induite sur le PIB direct : 300 milliards FCFA
  • Investissement direct étranger drainé : 50 milliards FCFA
  • Emplois Directs: 54.000
  • Emplois indirects: 162.000
  • Taux de bancarisation électronique : 50%

Fondations nécessaires à l’essor du numérique au Sénégal, les réformes stratégiques et ambitieuses déjà instaurées

  • Adoption de la nouvelle stratégie Sénégal Numérique 2025,
  • Textes législatifs et réglementaires adoptés pour remédier aux restrictions qui compliquaient l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché de l’internet et permettre de renforcer la régulation du partage d’infrastructures essentielles entre opérateurs.

Ces mesures ont permis des bénéfices immédiats avec notamment :

  • l’entrée de trois Fournisseurs d’accès Internet capables de commercialiser des services de détails sur l’ensemble du territoire.

 Néanmoins beaucoup d’obstacles restent à surmonter :

  • Le Sénégal n’est que 132ème parmi les 150 pays de l’indice de connectivité mobile de 2017 de GSMA, et 142ème sur 176 pays dans l’indice mondial de développement des TIC d’UIT.
  • La pénétration du haut débit mobile au Sénégal est faible avec des prix élevés. On observe également des fractures numériques importantes, tel qu’entre rural et urbain, entre Dakar et les villes d’ordre secondaire, et même entre les quartiers d’une même ville.  

Des efforts et travailler ensemble pour réaliser ce saut numérique :

  • L’enjeu des politiques publiques du secteur consiste à mettre en place un nouveau cadre légal, réglementaire et institutionnel, permettant de stimuler la concurrence (par les prix et la qualité de service) et l’investissement privé sur le marché de l’internet (mobile et fixe), et à élargir l’accès et l’usage de l’internet au-delà des principaux centres urbains du pays. 

Je félicite le gouvernement sénégalais d’avoir engagé de telles réformes et je souhaite que celles-ci puissent rapidement aboutir car elles sont critiques pour mettre en place les fondations nécessaires à l’essor d’une véritable économie numérique créatrice de valeur et d’emplois.

Louise Cord – Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal

Pape Ismaïla CAMARA
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