*25 janvier 2009-25 janvier 2017* Hommage à Son Excellence le Président Mamadou Moustapha DIA

 (18 juillet 2010-25 janvier 2009): L’HUMANISTE INTÉGRAL !

Aujourd’hui, mercredi 25 janvier 2017, les patriotes et les progressistes ont certainement l’âme en peine. En effet, voilà huit (8) ans que nous quittait le Président Mamadou Moustapha Dia après avoir si hautement vécu  les valeurs cardinales qui ont été toujours les siennes : ngor (Dignité), fit (Courage), diom (Détermination) et de kollëre (Reconnaissance).

En mai 1963, à la suite d’un procès mémorable devant la Haute Cour de Justice de la République, le Président Mamadou Moustapha Dia écopait d’une déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée tandis que ses valeureux et fidèles compagnons (Ibrahima Sar, Joseph Mbaye, Valdiodio Ndiaye) furent condamnés respectivement à 20 ans de détention criminelle.

Rolan Colin, son ancien Directeur de cabinet, en retrace ci-contre les péripéties non sans émotion et respect : << Il fut condamné à la détention perpétuelle. La grande politique visant à l’instauration d’un socialisme humaniste et démocratique s’en trouva lourdement affectée. L’épreuve cruelle de la prison fut vécue par Mamadou Dia comme une épreuve non seulement politique, mais aussi spirituelle, qu’il reçut en musulman mystique. Il y perdit la vue et n’en sortit qu’au bout de douze ans, sans renoncer en rien à la vigueur de ses convictions >>.

Le régime néocolonial d’alors et ses sicaires locaux venaient ainsi d’interrompre un processus de développement inédit pour le Sénégal et l’Afrique subsaharienne. Depuis lors, le Sénégal s’enlise dans un sous-développement chronique avec une paupérisation continue des masses populaires.

Pour se donner bonne conscience, les Experts des Institutions de Bretton Woods de Washington nous concoctent avec un cynisme inouï des Plans (Ajustements structurels et aujourd’hui Émergence… et que sais-je encore pour Demain ?) pour lutter contre l’extrême pauvreté et … depuis peu contre le réchauffement climatique.

A charge aux zélés perroquets locaux d’en assurer la vulgarisation auprès des populations éreintées et qui ne savent plus à quel Plan se vouer.

Le Président Mamadou Dia a fortement marqué l’histoire du Sénégal en tant qu’artisan de son indépendance et concepteur des reformes structurelles ayant permis d’inscrire le pays sur la voie de la modernité.

En vérité, Mamadou Dia fait partie de cette race unique d’hommes d’État fondamentalement préoccupé par le bien commun, le combat pour l’égalité des chances, l’épanouissement collectif des citoyens. Il fut doté de qualités rares que sont : l’humilité, le courage, le bonheur d’agir, la probité, le patriotisme, la sincérité dans ses convictions, la fidélité en amitié (qui lui valut toutes ses déboires au demeurant !) et surtout une fermeté d’âme devant l’épreuve pour paraphraser Jean d’Ormesson. Il fut sévère envers lui-même et exigeant envers les autres, une posture chère à son ami le Pr Cheikh Anta Diop.

Mamadou Dia fut un éminent penseur de la problématique du développement autogestionnaire avec une grande puissance analytique bref un intellectuel organique du peuple épris de progrès et de justice sociale.

Comme il l’écrivit à juste propos: << Notre doctrine d’autogestion socialiste ne se réclame pas uniquement de l’héritage marxiste mais aussi et avant tout, de l’héritage des traditions des sociétés négro-africaines >>.

Aussi pour lui << Le socialisme pour retrouver toute sa plénitude, suppose la liberté, le libre épanouissement de l’homme dans toutes ses dimensions et dans toute sa totalité. C’est pourquoi le socialisme autogestionnaire est un Humanisme intégral…>>.

Plus loin, il s’interrogera avec pertinence: << Un État national démocratique et populaire peut-il, oui ou non, promouvoir la révolution nationale, démocratique et populaire sans la participation active et organisée des forces spirituelles… >>.

Ainsi donc, face à la crise financière et économique qui frappe l’Afrique, une relecture de la pensée politique, socio-économique et culturelle de Mamadou Dia est devenue un impératif catégorique au moment où l’Humanité est en crise de foi et d’espérance. Le moment est venu pour la République, l’État du Sénégal- qu’il a contribué à asseoir et à consolider- de rendre justice au Président Mamadou Dia pour les immenses services qu’il a rendu à son peuple.

Aucun édifice, aucune avenue, aucune rue encore moins une salle voire une ruelle ne porte son nom à Dakar (Capitale du Sénégal qui y fut pourtant transférée sous son égide le 11 juin 1958). C’est à croire que des forces de régression tapies dans l’ombre ont décidé d’effacer le Président Mamadou Dia de notre Mémoire collective. Il est vrai que l’ingratitude est devenue un vice émergent sous nos cieux. Mais l’œuvre immense du Président Dia pour son pays tombe sous le sens.

A cet égard, il convient de savoir un gré infini au Président Talla Sylla, Maire de Thies, qui a baptisé l’ex Place Agora, sise Promenade des Thiessois, Place de Mamadou Dia. La Gauche patriotique-du moins ce qu’il en reste-doit mener ce combat de concert avec les forces patriotiques et progressistes de la société civile (au sens Hégélien du terme) que le sort injuste infligé à la mémoire du Président Mamadou Dia insupporte.

Qu’Allah continue d’entourer de sa Miséricorde Éternelle le Président Mamadou Moustapha Dia. Mes pensées vont aussi à sa courageuse Épouse et à son fidèle compagnon Doyen Mody Diagne.

Docteur Ibrahima DEME
Vétérinaire-Chargé d’Études
E-mail : idemgfatm@gmail.com

Sources :

Rolan Colin : Mamadou Dia, passeur et prophète du développement. Civilisations N° 373, Avril 2009.

Moustapha Diouf : Le socialisme autogestionnaire dans la pensée de Mamadou Dia. www.dakaractu.com  28 janvier 2014

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