Il y a comme une tradition qui voudrait que le mois de mai soit difficile, voire mouvementé. Mai 2022 pourrait hélas ne pas déroger à la règle. Plusieurs événements qui ont lieu ce mois-ci devraient décider du sort de certains acteurs politiques et pourraient ainsi raviver la tension. Faut-il craindre le pire ? Le danger est en tout cas bien réel avec un climat politique qui pourrait se réchauffer.
Pas besoin d’être superstitieux pour en faire le constat : le mois de mai a souvent été marqué par des crises profondes et des évènements douloureux. Comme en témoignent Mai 68 ou l’assassinat de Maître Babacar Sèye en 1993, pour ne citer que ces deux exemples.
Riche en évènements, ce mois de mai 2022 n’augure non plus rien de bon. Trois parmi eux sont à surveiller car devant décider très certainement du sort de certains acteurs politiques parmi les plus en vue du paysage politique.
En l’occurrence Barthélémy Dias dont le verdict de son procès en appel pour le meurtre de Ndiaga est fixé au 18 mai prochain et Ousmane Sonko qui pourrait voir s’accélérer l’affaire l’opposant à la masseuse Adji Sarr. Sans oublier le parrainage qui divise d’ores et déjà la classe politique et qui pourrait aussi réchauffer le climat si jamais il n’offrait pas des garanties de fiabilité comme lors de la présidentielle 2019.
Macky – Barth : l’escalade verbale avant le corps à corps ?
Jugé en appel le 2 mars dernier pour le meurtre de Ndiaga Diouf, du nom de ce supposé nervi abattu en décembre 2011 devant la mairie de Mermoz-Sacré Coeur dont il était le premier magistrat, Barthélémy Dias sera édifié sur son sort le 18 mai prochain. Et du verdict rendu par la Cour d’appel, dépendra l’avenir politique du maire nouvellement élu de la capitale.
L’actuel maire de Dakar risque en effet d’être rattrapé par les articles L29 et L30 de l’actuel Code électoral modifié en juillet 2021, et qui disqualifient tous « ceux qui sont condamnés pour des délits passibles d’une peine de 5 ans d’emprisonnement ».
Or, lors de son procès en appel, c’est exactement 5 ans de prison ferme qu’a requis le procureur contre lui. Un réquisitoire qui, s’il est suivi par le juge, corsera non seulement la peine de 2 ans de prison dont 6 mois ferme qui lui a été infligée en première instance, en février 2017, mais le privera surtout de ses droits civiques et politiques. Comme un certain Khalifa Sall. Un scénario dont on imagine les graves conséquences sur le climat politique à moins de trois mois des législatives du 31 juillet prochain.
En attendant ce 18 mai, c’est déjà l’escalade verbale entre le Maire de Dakar et le Président Macky Sall comme dans une sorte de veillée guerrière préparant une confrontation qu’ils savent tous les deux inévitable dans les prochaines semaines.
Affaire Sonko : la psychose de mars 2021
Egalement membre de la coalition Yewwi Askan Wi et leader de Pastef, Ousmane Sonko pourrait aussi voir s’accélérer l’affaire l’opposant à la masseuse Adji Sarr.
Après avoir entendu dans le fond la propriétaire du salon Sweet Beauty, son époux, le médecin ayant examiné Adji Sarr, suite au supposé acte de viol et confronté dernièrement la masseuse et son ex-patronne, le Doyen des juges devrait, en toute vraisemblance, auditionner très prochainement le leader de Pastef.
Maître des horloges, le juge Oumar Maham Diallo est certes le seul à décider du moment de son face-à-face avec Ousmane Sonko. Mais il est quand même très probable qu’il entende Sonko, qui est après tout le principal accusé dans cette affaire, courant mai. Toutefois, cette étape très sensible de la procédure devra être gérée avec moult précautions au regard des émeutes de mars 2021.
Depuis la première convocation du leader de Pastef et les émeutes qui s’en sont suivies, l’instruction était restée longtemps au point mort, avant d’être relancée récemment. Dans un live sur Facebook en fin mars, Sonko avait annoncé avoir demandé au juge à être auditionné le 6 avril dernier.
Une demande dont n’a pas tenu compte le juge, comme pour bien montrer que c’est lui, et lui seul, qui détient le timing. A moins qu’il ne guette le meilleur moment pour auditionner le nouveau maire de Ziguinchor sans que cela ne donne lieu à des débordements comme en mars 2021. D’autant que, d’une manière ou d’une autre, ce face-à-face se fera sous très haute tension.
Parrainage, la boîte de pandore ?
L’autre évènement à surveiller est le parrainage et, surtout, les conditions dans lesquelles se fera cette opération. D’autant que la question a toujours divisé la classe politique. En 2019 déjà, l’avocat Abdoulaye Tine avait porté le contentieux devant la Cour de justice de la Cedeao. Rendu le 28 avril 2021, l’arrêt de la juridiction communautaire a carrément désavoué l’Etat du Sénégal.
« La Cour décide que les formations politiques et les citoyens du Sénégal qui ne peuvent se présenter aux élections du fait de la modification de la loi électorale [en 2018] doivent être rétablis dans leurs droits par la suppression du système de parrainage, qui constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part », écrivaient en effet les magistrats d’Abuja dans leur décision.
Il n’empêche que ce filtre reste maintenu et s’opérera dès ce mois de mai en direction des prochaines législatives sans que les suspicions de l’opposition ne soient dissipées. Naturellement, pour peu que l’opération connaisse le moindre raté, le climat politique s’en ressentira fortement.
Source Le Vrai Journal