UEMOA : vers un nouveau pacte de convergence, le Mali réintégré, refonte des statuts

Dans le sillage de la crise sanitaire, l’UEMOA s’apprête à franchir un cap décisif. Le renouveau du Pacte de convergence, le retour du Mali et une refonte profonde des statuts esquissent une nouvelle ère d’intégration et de stabilité économique pour cette région d’Afrique de l’Ouest.

Suspendu en avril 2020 pour permettre aux Etats une plus grande flexibilité dans la gestion de la crise sanitaire, le Pacte de convergence, une initiative des Etats de l’Uemoa de 2015, a été relancé par le président Bazoum lors de la Session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, samedi 8 juillet, à Bissau.

Le président Bazoum, nouveau président en exercice de l’espace d’intégration, avait déjà mis en exergue le retour du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et solidarité lors de son discours inaugural du 16 juin dernier.

Samedi dernier, il a invité ses homologues à examiner attentivement cette question. « Devant les défis actuels, et après avoir surmonté cette période difficile, ne serait-il pas judicieux d’encourager l’instauration d’un nouveau Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’UEMOA ? », a-t-il interrogé.

La déclaration finale de la rencontre indique que la conférence mandate « la commission de l’Uemoa à proposer, pour 2023, un nouveau pacte de convergence, de croissance et de stabilité ».

Cette annonce survient alors que les membres de l’Union constatent « avec satisfaction la décélération de l’inflation en 2023 qui s’établirait à 4,4 %, soit une baisse de 3,0 points par rapport à 2022 », après que l’inflation a grimpé à des sommets historiques l’année précédente. Les anciens critères de convergence voudraient qu’elle soit contenue en dessous de 3 %.

Toutefois, sur le critère du solde budgétaire, on est encore bien loin du compte. Par exemple, en Côte d’Ivoire, poumon économique de l’Union, le déficit budgétaire s’est creusé à 6,8 % du PIB en 2022 (contre 4,9 % en 2021), bien loin des 3 % exigés avant la suspension du pacte en 2020. Cette tendance s’observe aussi chez les autres pays. Aucun d’entre eux n’avait d’ailleurs un déficit budgétaire en dessous des 5 % l’année dernière, selon les données compilées par l’Agence Ecofin.

Sur le front de la croissance économique, les perspectives de croissance sont positives. L’économie de l’Union devrait progresser de 7 % en 2023, contre 5,9 % en 2022.

Par ailleurs, d’autres décisions notables ont été prises au cours de la réunion, notamment la réintégration du Mali au sein des instances de l’Uemoa, la suspension mise en place en janvier 2022 en réaction au coup d’Etat militaire orchestré par le colonel Assimi G dans le but de le dissuader de velléités de maintien au pouvoir.

D’autre part, apprend-on, l’Uemoa se prépare à opérer une refonte de ses statuts en octobre prochain. Une information rapportée par Bazoum qui répondait aux journalistes. Et pour cause, lors du sommet, le président béninois Patrice Talon « s’est opposé à une petite réforme, et c’est ça qui explique que nous ayons décidé de faire une refonte des statuts et envisagé des réformes dans le cadre d’une Union qui aura des textes qui seront vraiment harmonisés entre eux », explique le dirigeant nigérien.

Il faut rappeler que le chef de l’Etat béninois, invité à prendre les commandes de la conférence des présidents de l’UEMOA, avait posé comme condition à son entrée en fonction l’alignement des mandats du président de la Conférence des ministres des Finances et du président en exercice du même pays. Une requête restée jusqu’ici lettre morte.

Ecofin

Momar Diack SECK
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