Situation de la réforme du CFA et de la création de l’ECO de la CEDEAO : Ibrahima Sene PIT/Sénégal en entretien avec  » PENCCO » du Parti RTAS

Momar Samb: 1-En quoi cette réforme du Cfa est-elle une avancée majeure dans le processus de redéfinition des rapports de coopération monétaire entre les pays de l’Umoa et la France ?

 

Ibrahima Sène

Cette réforme du CFA, qui n’est rien d’autre qu’un pas vers la monnaie CEDEAO qui était attendue en Mai 2020, ne peut être qu’une avancée majeure dans le processus de redéfinition de nos rapports monétaires avec la France.

Il aurait été utopique d’attendre la veille de la Création de l’Eco pour prendre les dispositions qui permettraient notre sortie du CFA sans grave préjudice pour notre Economie et pour nos populations.

Les gens semblent occulter, qu’une sortie complète du CFA avec la fin de la parité fixe de l’Euro et de la garantie de la France, signifierait une dévaluation dont l’ampleur ne pourra se mesurer qu’avec le taux de change vis à vis d’un panier de devises, que la Banque Centrale Fédérale déciderait de retenir avec une parité flexible.

Cette Banque Centrale n’était pas mise en place tant que la décision de créer l’Eco n’était pas prise en Mai 2020.

L’absence de cette décision est le fait du rejet du Nigéria des décisions prises par l’UEMOA, et non, à cause de la non – rupture définitive avec la France.

Même le Ghana, en toute bonne foi, a salué les décisions des Chefs d’Etat de l’UEMOA, et la Guinée, malgré son désamour avec le Sénégal, ne demandait qu’un léger report de la date de création de l’ECO CEDEAO de quelques mois, et non la remise à cause des décisions prises par nos Chefs d’Etat.

Nos Chefs d’Etat ont donc entamé la fin de nos relations monétaires avec la France sans subir en conséquence, une dévaluation de notre monnaie et une fuite massive de capitaux qui affaibliraient les Economies des pays de l’UEMOA, tout en jetant nos populations dans la détresse.

Ceux qui attendaient cela, furent déçus et amers!

-Est-ce que le pessimisme développé par nos intellectuels vis à vis des pays de l’Umoa ne nourrit pas la campagne de discrédit menée par l’élite de l’Afrique anglophone, particulièrement du Nigéria, à l’encontre des pays de l’Umoa, à l’effet que ceux-ci sont incapables de se détacher de la tutelle française ? Cela n’est-il pas porteur de risques de dislocation de la CEDEAO ?

Maintenant, si le Nigéria, qui s’attendait à la fin de l ‘UEMOA pour avoir à faire avec des Etats pris individuellement, et non collectivement, veut en profiter pour mettre fin à la CEDEAO, personne d’autres que son peuple ne peut l’en dissuader.

Il a appris, d’expérience avec le Tarif Extérieur Commun, (TEC), qu’il n’a pas pu imposer sa volonté à nos Etats qui sont restés groupés et solidaires au sein de l’UEMOA.

C’est ce qu’il voudrait éviter cette fois-ci, pour avoir plus de coudée franche face à nos Etats pris individuellement.

Donc, c’est à nos Chefs d’Etat, au sortir des turbulences électorales qui n’ont pas emporté la Côte d’Ivoire, encore moins le Burkina, d’espérer qu’il en sera de même pour le Niger, de s’atteler en fin, au parachèvement de notre sortie définitive de nos accords de coopération monétaire avec la France qui datent au début de nos indépendance, en retirant notre Or des coffres de la Banque de France pour le confier à notre BCEAO, pour, qu’avec nos réserves déjà récurées , créer les conditions pour définir notre propre panier de devises auquel arrimer notre ECO avec une parité flexible.

Cela signifierait la fin de la parité avec l’Euro et de la garantie de la France.

Cela sera accompagné d’une dévaluation de notre nouvelle monnaie qui sera moins ressentie par nos Economies et nos peuples, si cela se produisait au sein de la CEDEAO.

Mais à l’impossible, nul n’est tenu.

Nos Chefs d’Etat de l’UEMOA ne peuvent pas attendre le bon vouloir du Nigéria pour parachever le processus déjà entamé de réviser les rapports monétaires avec la France.

Le cas échéant, le Ghana, comme l’avait promis son Chef d’Etat qui vient d’être réélu, va rejoindre notre nouvelle zone monétaire, en constituant ainsi un camp plus robuste face au Nigéria dans la création de l’Eco régional.

Et pour ceux qui craignent que ce serait la fin de la CEDEAO, l’on pourrait leur demander, à juste titre, pourquoi, le Nigéria a accepté d’y être malgré l’existence du CFA, et non aujourd’hui avec la fin de nos relations monétaires avec la France ?

Le Nigéria, avec ses ambitions sous régionale, continentale et mondiale, a plus besoin de la CEDEAO que nos pays pris individuellement.

Si le Président actuel du Nigéria boude, ce ne serait qu’un caprice passager.

Pour rien au monde, le Nigéria ne sortira de la CEDEAO, même s’il devrait revoir ses ambitions à la baisse dans cette organisation sous- régionale.

Les critiques acerbes actuelles de ses intellectuels ne traduisent que leur dépit amoureux qui ne fera pas long feu.

Mobilisons- nous donc pour accompagner puissamment le parachèvement de ce processus de sortie de nos accords monétaires avec la France.

Nous ne devons plus, avec ce processus entamé, continuer à avoir le complexe d’être accusé d’être incapables de nous libérer de la tutelle de la France, par des intellectuels Nigérians.

Au contraire, nous devrons leur faire face en dénonçant leur complexe de supériorité qui n’ a aucun fondement culturel, et qui voit son fondement économique de plus en plus fragiliser par la stratégie des Chefs d’Etat de l’UEMOA, dans le processus de création de la monnaie unique sous régionale.

Le complexe devrait, dorénavant, changer de camp.

-N’est-on pas sur cette question de la réforme du Cfa en présence du même débat politique sur la question de la problématique entre réforme et révolution. D’une part ceux qui veulent la rupture tout de suite (révolution ou réforme)

La question de la réforme du CFA telle qu’entamée, n’est pas une question entre  » révolution et réforme », mais bien, entre » réalisme économique » et  » aventurisme économique ».

En effet, ce sont seuls des « aventuriers » et non des  » révolutionnaires » à vouloir faire sortir nos Etats d’un seul coup , du Trésor Français, de la Banque de France, de la parité avec l’Euro et de la garantie de la France.

Une telle option sonnerait la fin de l’UEMOA, étant donné que tous ses Chefs d’Etat ne sont pas tous des aventuriers, et mesurent bien à juste titre, ce que cela coûterait à leurs Economies, à leurs peuples, et à leur pouvoir.

Ceux qui rêvent de ce scénario sous couvert d’une recherche de libération de la tutelle de la France, travaillent, en fait, à cette dislocation, pour rendre nos pays encore plus fragiles vis à vis de la France, de l’UE et du Nigéria!

Ce ne sont pas des patriotes, mais de vulgaires aventuriers qui se cachent derrière leurs titres universitaires ou leur pseudo engagements militants, qu’il faudrait combattre sur tous les fronts!

Ibrahima Sene PIT/Sénégal

Oumou Khaïry NDIAYE
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