Sénégal-Hydrocarbures : les futures recettes de pétrole et de gaz seront insuffisantes pour transformer l’économie (NRGI)

La vocation du Natural Resource Governance Institute est de promouvoir l’amélioration de la gestion des ressources naturelles dans le monde, afin de stimuler un développement durable et inclusif.

En 2023 et 2024, le Sénégal deviendra un pays exportateur de pétrole et de gaz naturel respectivement. Dans le rapport « La gestion des revenus pétroliers et gaziers du Sénégal » du Natural Resource Governance Institute (NRGI) publié en décembre dernier, les recettes issues de la commercialisation de ces combustibles représenteront en moyenne 1,5 % du PIB ou 6 % de l’ensemble des recettes publiques pendant 25 ans.

Des entrées importantes, mais que l’organisation basée à New York juge insuffisantes pour avoir à elles seules un effet transformateur sur l’économie nationale. Il faut savoir que les recettes moyennes de l’industrie extractive dans les pays africains ont représenté environ 15 % du PIB de ces pays sur la période 2006-2014, selon un rapport du FMI publié en janvier 2019 et intitulé : « Senegal: Selected Issues: Natural Resources in Senegal Before and After the Recent Oil and Gas Discoveries ». C’est bien au-delà des perspectives du Sénégal.

Cependant, le NRGI précise que si ces revenus sont bien gérés, ils ont la capacité d’améliorer sensiblement le niveau de vie de la population. Pour cela, il suggère au gouvernement sénégalais d’abandonner son plan visant à investir les revenus tirés de l’exploitation des hydrocarbures dans un fonds souverain et un fonds de stabilisation.

« Nous soutenons que les autorités devraient envisager de se concentrer sur l’investissement des revenus tirés des ressources naturelles au niveau national et faire passer ces investissements par le budget général, afin de renforcer le contrôle des finances publiques », a-t-on lu dans le rapport du NRGI.

Par ailleurs, il est annoncé que le fonds souverain sera géré par le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS), un organisme chargé des investissements stratégiques pour le compte de l’Etat. Afin d’éviter qu’un scénario similaire à ceux de nombreux fonds souverains mal gérés sur le continent se produise, le NRGI appelle à une réforme en profondeur du FONSIS, seul moyen de favoriser la transparence et la bonne gestion des ressources financières.

Pour ce qui est de partager une partie des revenus avec les collectivités locales des zones de production, notamment les communautés de pêcheurs, le NRGI propose aux autorités une nouvelle approche. Celle-ci consiste à se concentrer sur la compensation des impacts négatifs de la production, à travers les plans de gestion environnementale et sociale des projets.

Au Sénégal, le secteur minier est actuellement, la seule branche active des industries extractives. Ces 40 dernières années, il a représenté 1 à 3 % du PIB. La valeur ajoutée qu’apporteront le pétrole et le gaz annoncés en grande pompe depuis quelques années, sera marginale comparée aux chiffres du secteur minier.

Ecofin

Mamadou Nancy Fall
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