Révision des listes électorales : A Matam la guerre fait rage au sein de l’Apr

Rétention dans la distribution des certificats de résidence, omission ou transfert supposé d’électeurs : la guerre fait déjà rage au sein de l’Alliance pour la République, dans les communes de Matam, Ourossogui, Nabadji Civol et Thilogne, où certains responsables politiques accusent, à tort ou à raison, des maires de fraudes dans ce processus d’inscription sur les listes électorales. Sud Quotidien

Du coup, sont réveillés les vieux démons des luttes de préséance entre les dinosaures de l’APR ravivant ainsi les tensions entre les frères du même parti.

Ouverte du 31 juillet au 14 septembre, la révision exceptionnelle des listes électorales exige à tout citoyen la carte nationale d’identité Cedeao pour en faire partie. Malheureusement l’enrôlement des primo-votants pour l’obtention de cette pièce, se traduit au niveau des commissions d’inscription par un réel parcours du combattant. Surtout dans la commune de Nabadji Civol, précisément au niveau de Boinadji, où des centaines de jeunes qui se sont déplacés conformément au calendrier établi, n’ont pas pu être enrôlés …

Pas seulement à cause du séjour de la commission qui ne devait durer qu’une journée, si l’on sait qu’en plus de l’étroitesse du délai imparti, les nombreux demandeurs ont eu de sérieuses difficultés pour obtenir un certificat de résidence.

Une situation qui a été à l’origine de vives complaintes en provenance de la grande foule amassée sur les lieux depuis les premières heures de la matinée. Des voix qui ont jugé cette situation « inadmissible et anormale », ont pointé un doigt accusateur vers l’édile de la ville l’accusant de jouer à la rétention et à un « tong tong politique » pour servir ses intérêts. Affirmant à cet effet, que « cinq (05) jours étaient prévus au niveau du chef-lieu de la commune qui est Nabadji, mais qu’à la place le calendrier qui a été publié n’a pas beaucoup pris en compte les éventuelles difficultés de déplacement des citoyens ». Ce que les partisans d’Abdoulaye Sally Sall réfutent en parlant « d’une manipulation d’adversaires politiques ».

Ourossogui : distribution rétive des certificats de résidence

L’obtention d’un certificat de résidence fait aussi l’objet d’une vive polémique dans la commune de Ourossogui dirigée par le maire Moussa Bocar Thiam dont l’un des adversaires du même parti, en l’occurrence, Samba Alassane Thiam, secrétaire général de l’Artp, dénonce « les pratiques anti-démocratiques portant sur une rétention de certificats administratifs ».

Le secrétaire général de l’Artp, qui était jusqu’ici inscrit sur la liste des Sénégalais de l’extérieur, est devenu un électeur dans son fief et même un candidat en dirigeant un mouvement nommé « Grand Sogui ». Ce challenger du maire sortant qui décrit une non transparence dans la délivrance des certificats de résidence pour les inscriptions sur les listes électorales, de révision dans les listes électorales, a dans un passé tout récent, dit « avoir constaté qu’ au niveau de la région, la totalité des maires ont mis en place des procédures anormalement complexes de délivrance des certificats de résidence et dans la région, il faut souligner qu’il n’y a pas d’opposition, nous sommes tous des militants de son excellence le président Macky Sall».

Histoire d’inviter les maires sortants à plus de retenue non sans jeter des piques. « Je dis donc aux maires sortants qui sont en détresse, qui ont peur d’être battus et qui posent des actes qui risquent de nous être fatals, Il faut qu’ils sachent que si nous perdons une localité, nous allons enchainer les défaites aux législatives et à la présidentielle et cela, nous n’allons pas l’accepter, surtout ici à Ourossogui.

Le message est donc très clair (…) » a-t-il ajouté. Avant de révéler « qu’il y aura une assemblée générale qu’un commissaire politique viendra superviser, accompagné du mandataire départemental et chaque localité se déterminera pour avoir un consensus, et si le consensus n’est pas obtenu, c’est le président de la République qui va trancher sur la base des informations claires et nettes dont il dispose pour chaque localité. Donc le message que nous lançons, est un message de paix, et nous exhortons nos camarades de se mettre au travail».

Matam, transfert supposé d’électeurs

Au fur et à mesure que se déroulent les opérations d’inscription sur les listes électorales, les controverses se multiplient au sein de la famille apériste. Dans la commune de Matam, (dirigée par le député maire Mamadou Mory Diaw) les frères du même parti sont déjà dans une rude bataille de préséance qui a conduit à la naissance d’un regroupement des deux principaux adversaires de l’édile de la ville. Souleymane Barka Ba et Dickel Nguébane se sont en effet « coalisés », pour décrier « les agissements peu orthodoxes du maire qui faussent le jeu démocratique».

« Ce que le maire de Matam est en train de faire s’apparente à du forcing qui ne pourrait être accepté car en tant que premier magistrat de la ville, il délivre des certificats de résidence en masse aux gens qui lui sont favorables sans leur présence physique.

Pour les autres militants qui ne lui sont pas dévolus, c’est la croix et la bannière car au-delà de la présence physique il est exigé la présence de témoins », a informé dans un point de presse Souleymane Barka Ba.

Avant d’ajouter que « des étrangers qui ne résident pas dans la commune de Matam, en l’occurrence des maures, qui n’ont pas la nationalité sénégalaise, auxquels on délivrera peut-être des extraits de naissance, ont été identifiés au niveau de la commission ». Une fraude et du vol, qui ne milite en faveur de la démocratie, s’empresse de déclarer Dickel Nguébane qui accuse le maire d’instrumentaliser les certificats de résidence pour empêcher certains électeurs d’en disposer en vue de leur inscription sur les listes électorales.

« Etant républicains, nous préférons au préalable attirer l’attention de l’autorité car il faut que l’administration prenne ses responsabilités pour un respect de l’orthodoxie administrative, en délivrant l’acte demandé par le citoyen dès que ce dernier satisfait aux conditions d’obtention prévues par les lois et règlements», a-t-il noté. Du côté de la cellule de communication du maire, on juge que « ces allégations sont non fondées et que le processus de délivrance des certificats de résidence se poursuit normalement ».

Thilogne : des localités qui ne font pas partie du périmètre communal

Dans la commune de Thilogne, le maire Youssouph Dia plus connu sous le nom de Sidi Kawori Dia est aussi accusé de construire des mécanismes irréguliers qui ne favoriseraient pas une bonne équité autour des inscriptions. Dans ce fief du Bosséa, les revendications viennent des partisans de Mamadou Elimane Kane qui dénoncent des irrégularités suite au communiqué du maire de la ville.

« Informant la population de l’arrivée de la commission de révision sur les listes électorales, nous avons décelé trois failles dans le communiqué du maire », a déclaré Mouhamadou El Makhtar Ball, le porte-parole du mouvement. De son avis, l’inscription dans la commune de Thilogne des populations, des localités de Ndioumyel et de Taabé qui ne font pas partie du périmètre communal de Thilogne, « favorise un transfert d’électeurs massif de la commune de Dabia à Thilogne ».

Les griefs des partisans de Mamadou Elimane Kane portent aussi sur le fait que « les quartiers de Darou Salam nord et sud et Sara plateau ont été volontairement omis dans le calendrier du maire et que l’inscription sur les listes se fait selon l’ordre d’arrivée des quartiers, au détriment de l’ordre d’arrivée des citoyens, comme cela se fait partout au Sénégal».

« Nous estimons que le maire est soutenu par les autorités administratives qui invoquent des raisons de proximité pour inscrire les habitants de Ndioumyel et de Taabé, alors que les électeurs de Barga qui sont beaucoup plus proches de Thilogne, s’inscrivent à Dabia. Nous prenons donc à témoin l’opinion publique nationale et internationale face à ces nombreux manquements des autorités qui semblent soutenir un holdup électoral », déclare le porte-parole.

Interpellé sur ces accusations, le camp du maire qui a réagi à travers son chargé de communication, Mamadou Dieng, n’a pas tardé d’apporter la réplique. « Il est vrai qu’administrativement, Ndioumyel et Taabé font partie de Dabia, mais historiquement ils sont liés à la commune de Thilogne et cela date du temps de notre père Elimane Amar Kane, ancien maire de la commune. A cette époque, une frange de la population de ces deux localités votait à Thilogne. Et nous avons une conseillère originaire de Taabé qui siège au sein du conseil municipal de Thilogne, en l’occurrence Salamata Diop».

Dieyna SENE
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