Renégociation des contrats pétroliers et gaziers : Un défi immense à relever !

« L’As »- Le débat sur la gestion des hydrocarbures a été au cœur du débat public ces cinq dernières années. D’aucuns ont estimé que le Sénégal était « grugé » dans la négociation des contrats pétroliers et gaziers non sans appeler à la renégociation. D’ailleurs, des candidats comme Bassirou Diomaye Diakhar Faye n’avaient pas hésité à faire la promesse, noir sur blanc, de revoir ces contrats une fois élu.

Les retombées des ressources pétrolières et gazières devraient s’élever à 20.000 milliards de FCFA, en moyenne, d’ici trente (30) ans. Etl’exploitation de Sangomar (pétrole et gaz offshore), opérée par l’australien Woodside, devrait démarrer en juin. Il sera suivi quelques mois après par le mégachamp de Grand Tortue Ahmeyim, dit «GTA» (gaz offshore), exploité par le britannique BP

D’après les autorités sous Macky Sall, le Sénégal est majoritaire dans le partage des revenus pétroliers. A les en croire, le pays gagne, en général, entre 55 et 75 % du total grâce à trois canaux : la part de l’Etat dans la rente, la part de Petrosen (qui appartient à l’Etat mais est une entité distincte) et l’impôt sur les sociétés payé par les compagnies au trésor public sénégalais

Elles indiquaient dans la foulée que l’exploration pétrolière est une phase risquée. Et que pour éviter d’endosser le risque d’exploration mais aussi s’épargner les lourds investissements en vue de l’exploitation, l’État sénégalais sollicite des compagnies pétrolières privées qui doivent apporter des garanties techniques et financières et qui s’engagent, au risque de pertes financières importantes, à faire des recherches, en s’appuyant sur la législation pétrolière de 1998

Mais toutes ces allégations ne semblaient pas convaincre «Diomaye Président » qui dans son programme a affirmé clairement qu’elle va réorganiser institutionnellement le secteur des hydrocarbures et renégocier les contrats pour maximiser les revenus issus de l’exploitation des hydrocarbures. «Nous renforcerons la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN) pour en faire un levier de développement incontournable. Nous réserverons les blocs offshores non encore octroyés pour leur exploitation future par la société nationale PETROSEN», lit-on dans le document programme de la coalition victorieuse de la présidentielle 2024.

En lisant le document, on déduit que le nouveau régime dirigé par Bassirou Diomaye Faye ne se satisfait guère des revenus engrangés par le Sénégal dans l’exploitation des ressources en hydrocarbures. Il compte d’ailleurs utiliser tous les moyens à sa disposition pour faire entrer des revenus supplémentaires dans issus du pétrole et du gaz dans les caisses de l’Etat

Juste que ce ne sera pas chose aisée si l’on sait que les multinationales dans le secteur investissent des milliards de dollars pour exploiter les gisements découverts offshore. Sur ce, ils prennenttoutes les dispositions pour sécuriser les contrats signés avec les pays

Ainsi, concernant l’exploitation des champs offshores de Greater Tortue Ahmeyim (GTA), situés sur la frontière maritime mauritano-sénégalaise, il faudra que le Sénégal embarque la Mauritanie dans son combat pour la renégociation des accords signés avec British Petroleum (BP)

Si les deux pays unissent leur force, ils pourraient bien peser sur la balance. A contrario, tout pays qui y va seul, sans prendre le temps de voir par quel bout prendre le taureau par les cornes, risquera de se cogner contre le mur et de bouleverser toutes les prévisions en termes de production de la ressource. Pis, il risquerait d’aller en contentieux avec la société exploitante et de saborder tous les plans de redressement de son économie via le gaz. En effet, on se demande commentle Sénégal ou la Mauritanie pourrait contourner clauses de stabilité insérées dans les contrats pour garantir et sécuriser les investissements des compagnies étrangères

Il est évident que les compagnies exploitantes prennent souvent les devants quand ils décident d’investir dans un pays. Donc, il faudra beaucoup de tact et être réaliste si évidemment les Etats décident de renégocier les accords d’exploitation. Pour les champs gaziers situés entre le Sénégal et la Mauritanie, il est quasiment inenvisageable que les deux pays ne négocient pas ensemble. Par contre, pour ce qui est des champs pétroliers situés à l’intérieur du Sénégal, le régime de Diomaye devra s’armer de toutes les garanties et de l’expertise nécessaire pour pouvoir faire plier les sociétés exploitantes.

L’As

 

Oumou Khaïry NDIAYE
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