Pendant que certains pays occidentaux réfléchissent sur l’avenir de leur politique d’immigration en misant sur le fait que les pays fournisseurs de migrants ont vocation à laisser sortir leurs talents et emprisonner leurs pauvres, il convient pour les élites africaines (je ne parlerai que d’Afrique) de s’immiscer dans le débat puisque c’est l’avenir de leur jeunesse qui est débattu entre des murs ou ne raisonnent pas encore les échos de la renaissance africaine qui est en marche depuis plusieurs décennies et dont l’éclosion est manifeste.
La pire des désillusions, c’est de s’acharner à préparer une hospitalité grandiose pour un hôte qui ne se présentera jamais.
L’immigration et la souveraineté sont devenus des sujets politiques.
Les intellectuels aux idées généreuses et les penseurs vertueux n’étant plus la cible des médias, des dévoreurs d’avenir se sont érigé en porte-parole de l’opinion et les acteurs politiques prolongent naturellement l’espace de leur comédie sur ces sujets pour s’attribuer la faveur des sondages dont nul n’est capable de sonder la crédibilité en dehors de ceux qui les produisent.
Sans me noyer dans l’exercice laborieux d’une thèse de doctorat, il me semble évident que les migrants sont tous à la recherche d’un mieux être. Qu’il s’agisse de l’européen qui cherche la quiétude de Marrakech pour sa retraite, du jeune français qui tente l’aventure américaine ou du sénégalais qui a fait de l’espagne son horizon. Qu’on soit pays dit riche ou pays dit pauvre, les avions continueront à transporter des humains.
En Afrique, les jeunes partent, non pas qu’ils ne voient aucune opportunité sur le continent, mais juste que l’espoir d’en tirer profit leur est systématiquement confisqué par une mondialisation vorace et une gouvernance si faible qu’elle se plie en quatre pour faciliter à ses prédateurs leur dégustation.
Au moment où les pays qui reçoivent les flux de migration sauvage s’interrogent sur la manière de traiter cette question délicate, les élites intellectuelles africaines ont fini de redessiner les contours de la refondation du continent.
Aujourd’hui les africains comme les européens partagent la même indignation face au spectacle de migration sauvage et au drame humain qu’il représente.
La différence c’est que les opinions n’ont pas la même conception de ce qui en est la cause ni des solutions nécessaires pour mettre un terme à ce mauvais roman piètrement interprété.
Pendant que les uns cherchent à capter les bons migrants et expulser les mauvais, les autres cherchent simplement à ne plus fabriquer des migrants.
Lorsqu’on se laisse gouverner par les opinions on se retrouve vite à court d’options. Cette tendance à mépriser les esprits raisonnables et à ignorer les signaux du futur est le cancer des sociétés. Puissions nous rebrabriquer les intelligences qui nous ont délivré de la barbarie.
Ibrahima Nour Eddine Diagne