Redonner confiance au secteur privé national Par Lansana Gagny Sakho

Le contexte de notre pays reste caractérisé par la déliquescence de notre tissu industriel, un secteur privé moribond et une agriculture qui reste faiblement compétitive. La découverte des richesses gazières et pétrolières qui aurait dû constituer un tournant important pour notre pays a davantage marginalisé les acteurs locaux.

Le gouvernement de Macky Sall n’a jamais prêté une attention au secteur privé national. Bien au contraire, il y a un choix assumé de donner la priorité au secteur privé étranger et de vassalisation des opérateurs économiques nationaux.

Le secteur privé local, absent de tous les grands projets de l’Etat, se cantonne à un rôle de sous-traitant. L’accès à la commande publique des entreprises locales constitue un défi majeur; ces dernières bénéfice certes de 70% des marchés en nombre, mais uniquement de 30% en valeur. Les pratiques actuelles dans le cadre de l’application du code des marchés publics actuel est un frein pour le développement du secteur privé local. Cette marginalisation n’est pas sans conséquence sur la politique d’emplois. Avec le modèle de Macky Sall, le Sénégal n’a pas la capacité de créer net 100 000 emplois dans le secteur moderne par année.

La vision de Pastef-Les-Patriotes, à l’opposé, s’articule autour de la préférence nationale. Les axes prioritaires ci-dessous vont servir de trame à notre démarche pour donner à notre secteur privé la place qui lui revient de droit :

  1. La prise des dispositions nécessaires pour la mise en œuvre d’une commission de qualification et de classification des entreprises pilotée par le secteur privé;
  2. L’instauration d’un contrôle des produits importés. Les acheteurs publics devront limiter l’utilisation de produits et matériaux importés, sauf si les produits et les matériaux fabriqués dans la sous-région ne répondent pas à des normes techniques bien spécifiques. L’objectif est de favoriser le développement de la production locale;
  3. La mise en place d’une politique de discrimination positive pour le secteur privé local dans le cadre de l’évaluation des offres financières de tous les projets de l’État et dans la perspective d’une démarche concertée avec les autres pays de l’UEMOA (cette pratique est déjà courante au Maroc, en Tunisie et en Algérie) ;
  4. Dans tous les grands projets de l’État, rendre obligatoire l’implication d’un partenaire local à hauteur de 45% au minimum et l’impliquer depuis la phase d’élaboration des documents de projet ;
  5. La mise en place d’un dispositif de lignes de crédit avec des taux bonifiés pour le secteur privé local. Il pourrait être accompagné de la mise en place d’une banque de développement en rationalisant toutes les structures de financement public actuel (BNDE, Banque Agricole, FONSIS, etc). La gouvernance de cet établissement sera entièrement sous le contrôle du secteur privé. Le rôle de l’État se limitera à accompagner le processus et d’assurer une présence dans le conseil d’administration ;
  6. Mettre l’industrie au cœur des priorités du gouvernement et instaurer un dialogue permanent avec le secteur privé local en inscrivant dans le calendrier républicain une rencontre permanente avec le patronat.

Notre démarche sera inclusive à travers un dialogue avec toutes les parties prenantes. Une révision du code des marchés publics en rapport avec les autres pays de l’UEMOA sera le socle pour bâtir un secteur privé national qui puisse être à la hauteur des enjeux du développement de notre pays.

Lansana Gagny Sakho

Mamadou Nancy Fall
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