Ils sont plus de 200 jeunes candidats à la migration irrégulière «abandonnés » à leurs sorts depuis deux jours à Saint – Louis. Rapatriés, en provenance de Dakhla, ville marocaine, ils ont fortement condamné le comportement des autorités à leur égard. Du nombre de ces jeunes migrants rapatriés, Alioune Diop qui a quitté son village natal de Louga pour l’Espagne par la mer, s’en est indigné.
«On est ici depuis deux jours sans manger, ni avoir de quoi nous payer un billet pour rentrer chez nous. On a passé hier nuit dans la rue. L’Etat du Sénégal nous a tout simplement abandonné ici», a-t-il révélé.
Habillé sommairement, des sandales en piteux état et une bouteille d’eau presque vide, il affichait le visage harassé par des nuits blanches.
«Ce sont les garde-côtes marocains qui ont intercepté notre embarcation. On a passé 15 jours dans un centre de Dakhla. Ils nous ont donné des vêtements, de la nourriture, des médicaments. On est restés là-bas des jours sans avoir de problème. Ensuite, ils nous ont conduit en Mauritanie dans de très bonnes conditions. On est restés là-bas aussi pendant des jours. Les autorités mauritaniennes ont assuré la prise en charge. Il ne nous manquait rien.
Mais depuis notre arrivée ici à Saint-Louis, on fait face à beaucoup de difficultés. Les autorités ont juste disparu après avoir pris nos coordonnées. C’est scandaleux ce qui se passe ici. Nous sommes abonnés par notre propre pays. L’eau que nous sommes en train de boire, c’est une dotation de la Mauritanie. Sinon, nous allons mourir de soif aussi», a fustigé Alioune.
Ndongo Diop, un autre jeune venu de Tambacounda, n’en dira pas moins. «Il faut juste regarder l’état de nos vêtements. On est dans notre pays. Mais on vit dans les conditions déplorables. On n’a rien à manger. On est 200 jeunes abandonnés ici, sans eau, ni nourritures ni argent pour payer le transport. Il y a des jeunes qui viennent de Tambacounda, Thiès, Mbour, Louga, entre autres. Comment va-t-on faire pour rentrer ? On va peut-être marcher ou faire de l’auto-stop ? C’est inhumain ! C’est pourquoi on préfère partir à bord de pirogues pour fuir ce pouvoir qui n’a rien à faire pour sa jeunesse. Ils nous regardent d’ici, car les agents qui ont pris nos coordonnées sont à l’intérieur de ce bâtiment», a-t-il affirmé en pointant du doigt une bâtisse de l’administration.
«La jeunesse va partir encore et encore tant que les autorités se comporteront ainsi. Moi en tout cas, j’ai tout tenté avant de partir. C’est le cas pour tous ces jeunes que vous voyez là. Nous avons des métiers, mais où est le programme «Xëyou Ndaw Gni» ? Si ces actes posés ici sont faits pour nous décourager, qu’ils sachent qu’ils sont en train de se fourvoyer.
Nous sommes plus que déterminés à retenter le voyage même si depuis avanthier, on n’a rien à manger et qu’on est obligés d’appeler nos proches pour pouvoir rentrer chez nous. Moi, j’ai peur d’appeler chez moi, car ma mère doit être morte d’inquiétude depuis mon départ et j’ai honte de demander de l’argent à mes sœurs. Alors, je vais essayer de demander de l’aide dans la rue», a confié le jeune Ndongo Diop, un sachet plastique à la main en quête de quoi acheter à manger et se payer un billet pour le retour à Tambacounda.
Vox Populi