Quartier Sebi-Extension Rufisque : Les habitants confrontés aux menaces des reptiles, des rôdeurs et des bulldozers

Sébi-Extension. Un quartier huppé, calme et où il faisait bon vivre, est en proie à un tourment sans fin depuis l’annonce de la Phase 2 du Train Express Régional. Entre bruits d’engins chargés de démolir les habitations impactées par le projet, des reptiles dont des serpents dangereux, des rôdeurs qui sont à l’affût d’une moindre opportunité pour commettre un larcin, les résidents ne savent plus à quel saint se vouer.

Pourtant, ce quartier qui est installé sur des collines, surplombant ainsi le quartier traditionnel de Sébikotane, a été peint comme l’endroit idéal pour des citadins qui ont toujours habité des localités comme la Cité Alioune Sow, Nord-Foire et des émigrés qui rêvent d’acquérir un bien immobilier au bercail.

Dans ce lot de personnes désireuses de se payer un logement décent du tumulte, la dame Aminata Sow, une sexagénaire qui a quitté Mermoz sous la demande de son fils qui se trouve aux Etats Unis.

«On a déménagé ici il y a plusieurs années. La location était chère, alors quand mon fils nous a demandé de venir dans sa maison qu’il venait juste d’acheter pour moi, on n’a pas hésité. C’était un endroit calme où parfois tu peux rester des jours sans croiser personne», se souvient-elle, de la mélancolie dans la voix. «Tel n’est plus le cas. Les autorités sont venues nous dire qu’on doit partir. Mais pour aller où ? Retourner à Dakar, pour louer une maison malgré tout l’argent investi ici ? Vous voyez cette maison, il a mis toutes ses économies ici. Ce sont des centaines et des centaines de millions de FCFA», indique-t-elle en pointant du doigt une villa bâtie sur un terrain de 300 m2, composée de trois étages et une devanture entièrement recouverte de carreaux en marbre.

«Ils nous demandent de quitter. Nous, on ne refuse pas. Mais, quelles sont les conditions. Il y a des familles qui ont été mises dehors, car elles ont reçu une partie de leurs indemnisations. Les démolitions se poursuivent. Les maisons disparaissent à vue d’œil et bientôt ce sera notre tour. On attend. Maintenant, avec ces démolitions, surtout des fermes agricoles qui étaient sur cette zone, les animaux fuient et cherchent refuge, dans nos maisons. Et là, c’est un autre problème plus sérieux qui se pose. Et on a peur», affirme la mère de famille.

Cette dernière dit vivre dans la peur : des animaux commencent à s’inviter chez elle à cause de ce projet et des démolitions entamées. «Ma maison est très aérée et avec les carreaux en marbre, la température est basse. Jeudi dernier, en plein mois de ramadan, je dormais tranquillement couchée à même le sol. J’avais mon petit-fils à côté de moi. C’était vers 16 heures. Mon téléphone a sonné et je me suis levée pour aller faire mes ablutions. Je suis entré tranquillement dans la salle d’eau mais, grande a été ma surprise.

J’ai failli piquer une crise cardiaque quand j’ai vu un Cobra tout noir qui essayait de se frayer un chemin. J’ai crié et il a fui vers la fenêtre qui était entrouverte. Je ne parviens pas à m’y faire depuis. Je ne dors plus, car j’ai peur de fermer les yeux», dit cette dame qui signale avoir été traumatisée après cette rencontre inopinée.

«Les reptiles ne sont pas les seuls fauteurs de troubles. Des gens rôdent la nuit pour voler»

Une autre femme a été aussi victime de ces rencontres d’un autre type devenues quotidiennes, selon certains habitants.

«Moi aussi, j’ai vu un serpent dans ma maison. Mon fils de 5 ans est tombé malade, lundi dernier. C’était un jour férié. Alors, on a fait appel à un infirmier qui habite le quartier. Il est venu et il a sonné. Mais, quand j’ai voulu ouvrir la porte principale, je me suis retrouvée nez à nez avec un reptile, long de deux mètres. Il voulait entrer dans le couloir. Et là, c’était le sauve qui peut. Par la suite, il a trouvé refuge dans un tuyau d’aération installé devant la porte principale. C’est à cause des champs situés un peu plus loin. Maintenant, le soir on allume des morceaux de bois pour les faire fuir. Car on est obligé de rester là pour recevoir nos indemnités», a révélé Awa Ndiaye, une impactée du TER.

«Il ne faut pas oublier que les reptiles ne sont pas les seuls fauteurs de troubles. Des gens rôdent pour voler. La nuit, il faut être très vigilant. Ils volent des portes de maisons, des ferrailles et osent même toquer aux portes des maisons qui sont un peu isolées. Ma voisine en a été victime. Des gens sont venus pour dire à sa famille de quitter les lieux quand ils vont démolir leur maison. Mais, quand ils ont vu la détermination de ladite famille qui a menacé d’appeler la gendarmerie, ils ont pris la poudre d’escampette», a-t-elle confié.

Ce pour expliquer le degré d’insécurité qui règne dans ce quartier jadis calme devenu presque un no man’s land depuis que les opérations de la phase 2 du Train Express Régional ont été lancées.

Vox Populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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