Produit du tabac à risque modifié – Décision historique du FDA et les leçons pour le continent

Au terme de 43 mois d’évaluation, l’Office de Contrôle des produits pharmaceutiques et alimentaires (Food and Drug Administration- FDA) des Etats-Unis d’Amérique a autorisé, le 7 juillet dernier, la commercialisation, dans le pays, de IQOS, le système électronique de tabac chauffé de Philip Morris International (PMI), en tant que « produit du tabac à risque modifié » (Modified Risk Tobacco Product ou MRTP).

Communiqué : Cette décision de la FDA des Etats-Unis est la première prise par l’agence pour accorder une telle autorisation de commercialisation d’un produit du tabac en tant qu’alternative électronique aux cigarettes. Il a estimé que l’IQOS pouvait contribuer « à la promotion de la santé publique et devrait profiter à la santé de la population dans son ensemble.”

La décision de la FDA fait suite à une étude scientifique de plus d’un million de pages de preuves soumises par PMI et est également motivée par des études indépendantes. L’agence fédérale  a conclu que les produits du tabac non combustibles tels qu’IQOS diffèrent des cigarettes en ce sens qu’ils réduisent l’exposition du corps aux produits chimiques nocifs ou potentiellement nocifs.

Cette décision est cohérente avec les conclusions antérieures des organismes de réglementation et scientifiques, notamment ceux du Royaume-Uni, d’Allemagne et des Pays-Bas, qui ont constaté que le produit émet des niveaux de substances toxiques plus faibles que celles des cigarettes combustibles.

Les résultats font état de la réduction des effets nocifs due à la technologie “heat-not-burn/chauffer sans brûler” qui procure de la nicotine aux fumeurs tout en réduisant de façon significative les risques liés à la combustion des cigarettes conventionnelles.

Compte tenu du fait que le tabagisme tue plus de sept millions d’individus par an à travers le monde, la décision de l’Agence des Etats-Unis ouvre une opportunité d’améliorer la santé publique et contribue à la lutte contre le fléau mondial du tabagisme. Encourager le passage rapide à des alternatives telles que l’IQOS – pour les fumeurs
adultes qui n’ont pas pu ou ne veulent pas arrêter de fumer – pourrait sauver de nombreuses vies.

Le tabagisme gagne rapidement du terrain en Afrique et le nombre de
décès ne cesse de croître.

S’il est vrai que les taux du tabagisme ont baissé dans les pays riches, ils ont augmenté dans les nations pauvres. En Afrique subsaharienne, la consommation de cigarettes a augmenté de plus de 50% entre 1980 et 2016. Parmi les décès enregistrés chez les adultes africains causés par le tabagisme passif, plus de 60% concernent les femmes qui vivent et travaillent avec des fumeurs.

Six leçons peuvent ainsi être tirées/apprises de la décision de la FDA et d’organes réglementaires similaires européens:

1. Une approche dogmatique de la lutte antitabac qui condamne tous les produits du tabac comme étant autant préjudiciables à la santé publique a peu de chances de réduire les méfaits du tabagisme dans le monde d’aujourd’hui;

2. Une réglementation fondée sur des observations concrètes qui reconnaît les nouvelles technologies de réduction de la nocivité pourrait aider à façonner des politiques publiques efficaces pour réduire les dangers du tabagisme;

3. L’industrie du tabac doit s’employer rapidement à cesser de fabriquer et de vendre des cigarettes combustibles ;

4. Elle devrait baisser le coût des produits à risque réduit et les mettre à la disposition des fumeurs adultes en Afrique;

5. Les pays devraient prendre des mesures qui permettent d’inclure la réduction des méfaits du tabagisme dans leur arsenal de lutte antitabac et inciter l’industrie du tabac à trouver les meilleurs moyens de rendre les nouveaux produits largement accessibles aux fumeurs adultes qui ne peuvent pas ou refusent d’arrêter de fumer, notamment en augmentant les taxes sur les cigarettes conventionnelles tout en les baissant  de
manière significative celles sur les produits à risque réduit;

6. Partout en Afrique, où l’âge moyen de la population est inférieur à 25 ans, des mesures très strictes doivent être prises pour empêcher que les mineurs aient accès aux nouveaux produits étant donné qu’ils se sont révélés être de meilleures alternatives mais présentent tout de même des risques.

Dans un monde idéal, les humains éviteraient toutes les substances inutiles qui ont des effets négatifs sur leur santé. Ce n’est malheureusement pas le cas et ne le sera probablement jamais. Il faudra du courage et de la volonté politique. Toutefois, pour des raisons de santé publique, il est impératif d’adopter des mesures pour réduire les
risques pour plus d’un milliard de fumeurs à travers le monde.

Oumou Khaïry NDIAYE
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