Procès Habré : Les vautours s’invitent au déballage de l’horreur

La salle 4 du Palais de justice Lat Dior a encore été plongée dans l’horreur de ce que les Tchadiens appellent ‘’Septembre Noir’’. Il s’agit de la répression perpétrée en septembre 1984 contre les populations du Sud du Tchad en proie à l’époque à une rébellion.

Le récit de l’horreur s’est poursuivi avec le sort réservé aux cadavres. ‘’Personne n’osait réclamer le corps de son parent au risque de se faire tuer. Les corps n’étaient pas enterrés non plus. Ils étaient laissés dans la nature jusqu’à pourrir.

Les vautours étaient les bénéficiaires des corps’’, a avancé M. Mallah dont le calvaire aurait duré jusqu’en janvier 1987, date de sa libération, à la suite d’un accord entre les rebelles et le gouvernement. Seulement sa libération était assujettie à une condition.

‘’Après ma libération, Habré m’a reçu pour me donner des conseils. Il m’a demandé de ne pas garder de rancune envers ceux qui m’ont arrêté et de ne rien dire’’, a confié M. Mallah. Il a fini par briser son serment, en créant une association de victimes, car il n’était pas le seul cadre à avoir subi la répression.

Si la répression visait particulièrement les rebelles ‘’Codos’’, elle n’a pas épargné la population civile, surtout les cadres. Mallah Ngabouli est l’un d’eux. Né en 1952, il était chef de service à la société nationale sucrière du Tchad (Sonasut) devenue Compagnie sucrière du Tchad (CST).

Soupçonné de financer la rébellion, il a été arrêté le 21 octobre 1984. Détenu à la maison présidentielle de Tombalbaye, où étaient emprisonnés plusieurs cadres du secteur privé dont un commerçant sénégalais du nom de Baba Traoré, le cadre à la retraite dit y avoir subi toutes sortes de tortures.

Cela a été le cas dans d’autres centres de détention de la DDS où il a séjourné. ‘’J’ai été torturé dans certains centres de détention. On m’a attaché les bras et les jambes ; on m’a ligoté, avant de m’attacher à un véhicule 504 Pick up pour me traîner sur plusieurs mètres.’’

Mallah a soutenu avoir également échappé à une exécution, puisque les militaires les avaient criblés de balles et 14 de ses codétenus sont morts. Quid des conditions de détention ?

Les réponses fournies ont répugné une partie de l’assistance, même si elles ont suscité un sourire narquois du côté des proches de Hissein Habré. ‘’Nous mangions une seule fois par jour et lorsqu’un détenu mourait, on tournait son corps pour en faire un oreiller.‘’

Source ‘’Enquête’’

 

Dieyna SENE
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