Ousmane Sonko – Maham Diallo – Amady Diouf : la guerre des trois

Ousmane Sonko n’a pas encore été entendu dans le fond par le Doyen des juges Maham Diallo sur l’affaire Adji Sarr qu’un autre dossier plane sur sa tête. La sortie avant-hier du procureur de la République Amady Diouf sur l’arrestation d’Ousmane Kabiline Diatta est pleine de sous-entendus qui laissent deviner que cette nouvelle affaire pourrait mener au leader de Pastef dont la réaction de Sonko ne s’est pas fait attendre. Il a aussitôt servi une réplique cinglante au procureur de la République, après avoir éreinté auparavant le Doyen des juges Maham Diallo dès qu’il a été choisi pour remplacer le défunt Samba Sall. Décidément, la guerre des trois est inévitable et s’annonce âpre. Le Vrai Journal

La chose est assez rare pour être soulignée. Dans une déclaration à la presse, le procureur de la République, Amady Diouf, a annoncé, avant-hier mercredi, « l’ouverture d’une information judiciaire contre Ousmane Kabiline Diatta et ses ’’acolytes’’, des individus présentés comme des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), interpellés à Dakar le jour du rassemblement organisé par la coalition de l’opposition Yewi Askan Wi ».

Et le procureur de la République de détailler : ’’pour l’instant, j’ai ouvert une information judiciaire contre Ousmane Kabiline Diatta et ses acolytes qui est confiée au Doyen des juges d’instruction pour complot et autres infractions contre l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel, actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, culture et trafic de chanvre indien’’.

Les faits visés sont extrêmement graves et le lien qu’a manifestement établi le procureur de la République entre la présence d’Ousmane Kabiline Diatta à Dakar et la manifestation de Yewwi Askan Wi du 8 juin à la Place de la Nation, ne pouvait laisser de marbre Sonko et compagnie.

En tout cas, il n’en fallait pas plus pour que les regards se tournent aussitôt vers Ousmane Sonko, originaire de la Casamance où sévit la rébellion et tête de liste nationale de la coalition Yewwi Askan Wi. D’autant qu’il s’est senti lui-même visé par certains propos pleins de sous-entendus.

D’ailleurs, à peine a-t-il fini sa déclaration à la presse que le procureur de la République Amady Diouf s’est fait rudoyer par le leader de Pastef. « Vous mentez. On sait ce que vous préparez mais on vous attend de pied ferme », a avertit Ousmane Sonko qui, sans avoir entendu une seule fois son nom cité par le juge Amady Diouf, a sans doute compris que certaines allusions lui étaient personnellement destinées. ’’J’ai demandé aux forces de sécurité, agissant sous mon autorité dans le cadre de la police judiciaire, de poursuivre les investigations avec rigueur et détermination et de me présenter toutes les personnes impliquées dans cette affaire, en lien avec les rebelles, afin qu’ils répondent de leurs actes’’, a même martelé le procureur de la République. Et de ponctuer son propos en précisant qu’il n’y aura pas de « personne intouchable » dans le traitement de cette affaire.

Or, qui donc a-t-on tendance à présenter à tort ou à raison comme un « intouchable » si ce n’est Ousmane Sonko ? L’on se rappelle d’ailleurs la complainte de la masseuse Adji Sarr qui, déplorant la lenteur de la justice dans le traitement du dossier l’opposant au leader de Pastef, avait laissé entendre, dans un cri de dépit, que Sonko apparaissait presque comme un … « intouchable »

Quand Sonko fusillait Maham Diallo et Amady Diouf…

Est-ce pour rassurer Adji Sarr et ceux qui pensent comme elle que le mot a été lâché par le procureur de la République. Toujours est-il qu’on a toutes les raisons de penser qu’il s’agit bien de Sonko. Surtout que lui-même n’entend pas s’en laisser compter. « Après avoir raconté un tissu de mensonges, après m’avoir accusé d’être salafiste, djihadiste et terroriste, après m’avoir collé une histoire de moeurs, voilà qu’ils sortent de leur manche cette sordide affaire de collision avec la rébellion », s’est emporté Ousmane Sonko lors d’une conférence de presse convoquée dans la foulée du point de presse du procureur de la République.

Les hostilités sont donc lancées et s’annoncent d’autant plus intenses qu’il y a déjà eu des attaques ad hominem entre le leader de Pastef et les magistrats Oumar Maham Diallo et Amady Diouf qui pourraient parvenir à le ceinturer avec l’affaire Adji Sarr pour laquelle il doit être entendu prochainement sur le fond par le Doyen des juges et ce nouveau dossier, beaucoup plus grave. Lequel dossier, comme l’affaire Sweet Beauty, est également confié par le procureur de la République à Oumar Maham Diallo.

Or, les deux magistrats ont déjà eu droit aux banderilles de Sonko. S’agissant des rapports entre le leader de Pastef et le magistrat Oumar Maham Diallo, aucun des deux ne parvient à dissimuler l’aversion qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Sonko et Maham Diallo ne s’aiment pas. Et ça se voit. On appréhende déjà le face-à-face qu’ils devront avoir prochainement sur le fond de l’affaire Adji Sarr. Car, c’est justement là que git la racine du mal. La cause profonde de leur inimitié.

Lorsque Oumar Maham Diallo a été choisi pour remplacer au poste de Doyen des juges le défunt Samba Sall, Sonko ne l’avait pas raté. L’accusant à haute et intelligible voix d’avoir partagé « un article en charge contre sa personne sur son compte Facebook dès l’éclatement de l’affaire Adji Sarr ».

Quant au procureur de la République Amady Diouf, Sonko avait vite émis des réserves sur sa nomination. « On lui avait promis le poste et il s’en est suivi un classement sans suite de l’affaire des 94 milliards », avait révélé le leader de Pastef le concernant. Autant dire que les rapports entre Sonko et les deux magistrats sont si lourds de contentieux qu’ils pourraient déteindre dans le traitement des dossiers le concernant.

Le Vrai Journal

Mamadou Nancy Fall
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