Ousmane Sonko et le Pastef, et si la Graine avait déjà germé ? Par Babacar Papis Samba

Fallait-il passer par l’avertissement, la mise en demeure ou la suspension, avant de procéder à la dissolution de Pastef? Cela aurait permis d’évacuer l’idée d’une cabale ou d’un acharnement contre ce Parti.

 

Même en cas d’actions subversives ou de faits délictueux, le Pastef pouvait être remis sur les rails, avec un cahier des charges très clair et une ligne de conduite à adopter, comme c’est le cas avec toutes les forces politiques organisées, reconnues et qui sont dans la légalité.

 

Il est en tout cas plus facile de contrôler un parti légalement constitué, qu’un parti qui a un fort ancrage sur le territoire national et au niveau de la diaspora, et qui rentre dans la clandestinité.

 

Encore que si les militants de Pastef et leurs sympathisants ne peuvent plus s’exprimer légalement, ils pourront être tentés de le faire illégalement, et avec des moyens plus insidieux, et peut-être non conventionnels.

 

Il faut dire que c’est la notion d’interdiction ou d’exclusion qui semble aujourd’hui poser problème en politique. Et quand les Partis qui sont soumis à l’autorité de l’Etat n’ont plus d’espace légale d’expression de leurs idées, on peut craindre que des forces incontrôlées ou mouvements sous-marins essaiment et se déploient dans l' »underground » (souterrain) du pays. Et le coût humain, financier et matériel de leur endiguement sera plus élevé, les incertitudes plus accentuées et la maitrise de la situation plus complexe.

 

La stabilité et la sécurité du pays sont certes une priorité, mais faisons très attention et ne se trompons surtout pas de cibles et d’objectifs. Et c’est encore plus dangereux quand les intentions affichées s’appuient sur des préoccupations purement politiciennes ou partisanes.

 

Pour le Pastef, il peut s’agir, pour beaucoup d’entre eux, et peut-être pas tous, d’un projet de société, d’une affaire de conviction et d’engagement politique.

Même s’il faut reconnaître les limites de son mode d’organisation qui est quelque part inhérent à toutes les organisations naissantes, surtout quand il s’agit d’un parti de masse dont les contours restent à définir très clairement.

 

On ne peut alors dédouaner les leaders de Pastef pour avoir fautés ou mal communiqués. Comme on ne peut également se soustraire du rythme infernal des poursuites et harcèlements à l’endroit des militants de Pastef par le régime en place.

 

Il faut en tout cas détecter dans cette dynamique humaine et sociétale qui s’articule autour de Pastef, quelque chose qui est loin d’être puérile ou anodine, et qui ressemble fort à une affaire de génération. Entre celle d’hier, et celle d’aujourd’hui, qui a la trentaine, ou beaucoup moins, et qui cherche une voie de salut.

 

Cette situation semble annoncer une nouvelle époque, un changement d’époque, qui charrie de nouveaux besoins et de nouvelles aspirations au progrès.

 

On ne peut rien présager pour le moment, mais c’est comme si la génération qui doit incarner le pouvoir, aujourd’hui et pour demain, est déjà en activité. Et elle fera les réformes qui s’imposent dans ce pays, avec les anciens ou sans eux.

 

NB- Les suites dans les prochains articles.

Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe.

Pape Ismaïla CAMARA
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