Nouveau rapport de la FAO : Les petits poissons sont d’une grande importance pour les lacs et rivières du continent africain

Selon une  nouvelle étude de la FAO portant sur plusieurs espèces et sur les moyens d’existence qui y sont associés et sont trop souvent sous-estimés, les petits poissons d’eau douce en Afrique offrent de nombreuses opportunités, bien que pas assez reconnues, d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Un nouveau rapport de la FAO invite à une meilleure gestion des petits pélagiques en vue d’améliorer la sécurité alimentaire et la durabilité des écosystèmes

Les petits poissons pélagiques, généralement traités, vendus et consommés en entier, représentent trois quarts des prises de poissons du continent mais, en raison de leur faible valeur économique, ne bénéficient pas de l’attention qu’ils méritent. Leur taux de production et les technologies relativement simples utilisées pour leur capture les rendent pourtant indispensables dans ces régions affichant parfois un déficit alimentaire important, souligne le communiqué reçu.

Selon le rapport, le fait de s’assurer que ces «poissons riches en vitamines» soient accessibles et disponibles pour la consommation humaine dépendra des transformations «sociales, économiques et politiques» dans plusieurs domaines qui vont de la gouvernance à la commercialisation.

Les poissons en question sont souvent perçus comme des «poissons déchets» et leur capture est souvent illégale, en raison des règles établies afin de protéger les espèces de poissons plus larges et de plus grande valeur.

Le rapport en question suggère que les captures de petites espèces de poissons dans les lacs et rivières africains pourraient augmenter de manière durable – une occasion unique de relever les défis liés à la faim et à la malnutrition en Afrique. L’Afrique est le seul continent possédant de grands lacs naturels et tropicaux. Leur superficie s’étend sur près d’1,3 million de kilomètres carrés de ressources en eau douce, avec notamment des lacs, des rivières, des réservoirs, des plaines d’inondation et des marais.

Les petites espèces de poissons présentes dans ces lacs se nourrissent pour la plupart de zooplancton, à l’image des harengs et des vairons, qui ne pèsent que quelques grammes et font moins l’objet de captures. D’autres espèces plus larges telles que les dorades, carpes et perches leur sont préférées.

Les petits poissons reproduisent leur propre biomasse deux fois plus vite que leurs pairs, voire cinq fois plus vite dans certains cas, et ce, en l’espace d’une seule année. Du point de vue des écosystèmes, la pression exercée sur ces poissons est bien moindre que celle pesant sur ses rivaux, qui attirent bien plus l’attention des gestionnaires des pêches et des décideurs politiques et contribuent aux discussions plutôt pessimistes autour de la pêche non-durable dans les eaux africaines. Selon le rapport, si plus d’attention était portée sur les petites espèces, cela pourrait permettre à l’Afrique d’accroître considérablement ses activités de pêche dans les eaux intérieures.

En bas de l’échelle, en priorité sur l’agenda

Ces petits poissons sont pêchés depuis longtemps à l’aide de simples technologies, souvent par des femmes près des rivages, plongeant leurs mains dans l’eau pour les attraper et les mettre dans des paniers encore utilisés aujourd’hui et souvent réparés avec des matériaux tels que des vieux tee-shirts, des rideaux, des sacs à patates ou encore de vieilles moustiquaires.

Aujourd’hui encore, certaines opérations nécessitent plus de capitaux, tels que les filets mécaniques qui se soulèvent en utilisant la technologie des catamarans à double coque et les lumières électriques immergées utilisées pour attraper les sardines comme la kapenta dans les réservoirs de la rivière Zambezi. Mais ce sont surtout des opérations à petite échelle, des opérations requérant peu d’investissements qui expliquent la hausse constante des prises ces dernières décennies.
De plus, les procédés de transformation proposant un séchage au soleil ne requièrent que très peu d’énergie et produisent de la nourriture à longue conservation, très utile pour les ménages à faible revenu qui manquent d’électricité et facile à exporter vers les villes de la région.

L’autre raison pour laquelle la capture de petits poissons en Afrique est mal comprise est que la plupart des pêches ont lieu «dans l’ombre» et revêtent un caractère informel et illégal car les réglementations portant sur la pêche, pour la plupart des zones humides africaines, prévoient des dimensions de mailles de filets trop petites pour pouvoir empêcher la surpêche de petits juvéniles ou encore d’espèces plus grandes et précieuses.

Pour M. Felix Marttin, Spécialiste en ressources halieutiques à la FAO et co-auteur du rapport, cette situation provoque également des «opportunités et des investissements manqués» dans un secteur pourtant prometteur et capable de fournir des denrées alimentaires hautement nutritives à bas coût et loca,l sur un continent affichant l’un des plus faibles taux de consommation de protéines animales par habitant», a-t-il ajouté.

La FAO recommande de concentrer les efforts sur la production de meilleures statistiques portant sur les captures, d’œuvrer à reconnaître l’importance socio-économique et nutritionnelle des petits poissons pélagiques et d’encourager une révision des cadres réglementaires afin de promouvoir des systèmes de pêche plus équilibrés, en s’orientant vers des niveaux trophiques inférieurs.

 

Oumou Khaïry NDIAYE
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