Macky Sall : l’obsession du 3ième mandat

Le doute n’est plus permis. En révélant son intime conviction à propos de la limitation des mandats en Afrique, le Président Macky Sall a levé le voile sur son intention réelle pour 2024. Plus aucun mystère sur sa volonté de forcer le verrou pour se succéder à lui-même au terme de ses deux mandats. Mais à quel prix ?

Mais diantre, à quel Macky Sall se fier sur la question du fameux troisième mandat ? Après avoir été sans équivoque sur le sujet avant sa réélection en février 2019, indiquant très clairement à l’époque qu’il était à la quête d’un « second et dernier mandat », il a ensuite laissé planer le doute une fois réélu, avant de révéler dernièrement sur la limitation des mandats en Afrique.

Recevant le 5 mai dernier une centaine de jeunes leaders africains en provenance de plusieurs pays du continent, il a affirmé sans sourciller que « la limitation des mandats présidentiels en Afrique ne correspond pas au mode de gouvernance souhaité ».

Et pour cause, il y a, selon lui, des exigences procédurales qui font qu’avec des mandats limités, les chefs d’État ne peuvent pas réaliser, comme ils l’auraient souhaité, leurs programmes de développement.

Se voulant plus explicite, il poursuit : « les procédures, qui datent des années soixante, sont toujours les mêmes qui conditionnent les décaissements. Alors, quand est-ce que les régimes mis en place vont avoir un bilan ? On risquerait de virer des régimes tous les cinq ans et ça va être un éternel recommencement qui est contraire à l’idée du développement ».

Certes, l’argumentaire est tiré par les cheveux. Mais le Président a la propension de tourner en rond sur la question et a déjà dit tout et son contraire sur le sujet. Non content d’avoir clamé haut et fort à la veille de la présidentielle 2019 qu’il sollicitait les suffrages des Sénégalais pour un « second et dernier mandat », il en prendra même l’engagement pour la postérité en l’écrivant à la page 37 de son livre-programme, « Le Sénégal au coeur ».

Et bien avant cet engagement on ne peut plus solennel, il s’était voulu clair sur l’impératif d’une limitation des mandats sur le continent C’était en 2014 lors d’une interview accordée à France 24 à la veille du 15e sommet de la francophonie, qui devait se dérouler cette année-là à Dakar et dans la foulée de la tentative de l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir et des conséquences qui en ont découlé avec son départ précipité du pays des hommes intègres.

«Je suis favorable à la limitation des mandats dans le temps», avait alors affirmé le Président Macky Sall en faisant référence au débat qui avait ressurgi sur la question en Afrique.

C’est vrai qu’il s’est montré moins catégorique par la suite avec son fameux « ni oui, ni non » à la question de savoir s’il allait postuler à une troisième candidature ou s’il se conformerait plutôt à la Constitution qui dispose que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».

Seulement, désormais, il n’y a plus aucun mystère sur sa volonté de forcer le verrou constitutionnel pour se succéder à lui-même au terme de ses deux mandats.. D’autant qu’il indique à qui veut l’entendre la seule condition qui, à ses yeux, aurait pu rendre possible la limitation des mandats sur le continent.

« Il faut, d’abord à l’interne, que les administrations se réforment, qu’elles digitalisent en procédure, leur économie. Également du côté des partenaires, qu’il y ait cette évolution pour que nous puissions, dans des délais convenus, faire le développement des populations ».

A l’entendre ainsi justifier la non limitation des mandats en Afrique, seuls les naïfs peuvent croire encore à la propension de Macky Sall à se limiter aux deux mandats consécutifs autorisés par la constitution. Décidément, la formule populaire très en vogue n’a jamais été aussi vraie : « qui parle, se dévoile ». N’est-ce pas …

Le Vrai Journal

Mamadou Nancy Fall
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