Les élections législatives seront-elles la continuité des élections locales? En direction de ces locales, le directeur de cabinet par ailleurs maître à penser du président Macky Sall, en mission à Mbour avait demandé aux responsables de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) de taire leurs querelles afin de barrer la route à Yewwi Askan Wi (YAW), tout en assimilant ce scrutin à un référendum sur le 3ème mandat. Ces derniers temps, en plus des actes posés par le chef de l’Etat, des responsables de seconde zone de la majorité présidentielle portent la candidature pour un 3ème mandat de Macky Sall.
La campagne électorale pour les législatives va commencer ce dimanche 10 juillet. La décision du peuple au soir du 31 juillet pour ses élections législatives qui ont une allure d’un référendum pourrait-elle être décisive pour Macky Sall ?
Se fiant aux actes que le président pose, il serait difficile de lui nier de nourrir l’ambition d’un troisième mandat malgré le fait que cette hypothèse soit bannie par la constitution en son article 27 d’autant plus que chez Macky Sall, les ambitions n’ont pas de limite car la fin justifie les moyens.
Avec un pouvoir judiciaire qui joue le rôle «d’une administration» à la solde de l’exécutif, durant ces 10 dernières années, le chef de l’Etat est parvenu à atteindre la quasi-totalité de ses objectifs en utilisant Thémis comme bras armé. Donc, pour ce qui est d’une troisième candidature, la constitution ne saurait être un moyen pour départager le camp du président au peuple sénégalais.
D’ailleurs, la décision prise par le Conseil Constitutionnel de scinder les listes nationales semble être un signal fort pour la suite. La règle se limiterait-il à la volonté du chef?
A chaque fois que les proches du chef de l’Etat, hommes politiques, hommes d’affaires et journalistes ont été interpellés sur la volonté du président de briguer un troisième mandat, ils ont répondu en soutenant que c’est le peuple qui en décidera car il s’agit d’une décision politique.
Le président semble donc préparer l’opinion pour un troisième mandat surtout que les membres de la mouvance qui ont osé exprimer leur opinion contre cette suspicion ont subi les foudres de leur chef. Ils ont été tout simplement virés à la minute qui suit à l’image de Sory Kaba (ancien Directeur général des Sénégalais de l’extérieur) et Moussa Diop (ancien DG de Dakar Dem Dik), Moustapha Diakhaté (ministre conseiller). Paradoxalement, ceux qui ont porté ce projet ne sont jamais inquiétés. A quelques jours du démarrage de la campagne, des responsables de seconde zone, à l’image de Thérèse Faye Diouf, (Maire de Diarrère), Pape Seydou Dianko (maire de Toubacouta) et Bamba Fall (maire de Médina), s’illustrent encore dans ce débat.
Déjà au mois d’octobre, plus précisément à la veille des locales, le maître à penser du régime de BBY avait fait un aveu de taille auprès des siens. A l’en croire «les élections locales à venir, ne seront locales que de nom. Ce sont des élections politiques, ce sont des élections nationales. Peu importe, la personne qui incarne notre liste. Elle n’est pas déterminante.
C’est l’enjeu politique contenu dans les élections qui est déterminant. Les résultats seront déterminants pour les élections législatives qui se tiendront cinq mois après. Nos résultats vont trancher le débat sur la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024. Si on perd ces élections ce n’est pas la peine de continuer. Mieux vaut rendre le tablier. Ces élections vont déterminer notre avenir politique en 2024 » avait lancé le directeur de cabinet du président, Mahmout Saleh.
Pourtant, le chef de l’Etat semble bien être préparé à un troisième mandat. Le renforcement de l’effectif de la Gendarmerie et de la Police, l’achat de matériel de répression, le prolongement de l’âge de retraite des sous-officiers et officiers qui devraient partir à la retraite avant 2024 et la promotion des défenseurs du troisième mandat semblent ne pas être des décisions anodines. Sans compter le veto du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Togo à une résolution de la CEDEAO contre l’exercice d’un 3ème mandat dans l’espace communautaire.
Tout cela fait croire que Macky Sall prépare un troisième mandat. Sachant qu’un forcing peut causer une série de manifestations, le chef de l’Etat n’est-il donc pas en train de faire les bouchées doubles pour se préparer à une probable confrontation? Mais, Mahmout Saleh reste convaincu que les législatives pourront déterminer la conduite à tenir.
Si Macky perd, il pourrait ne pas tenter un troisième mandat car ce serait trop risqué du fait que les résultats auront confirmé la déliquescence du régime. Dans ces conditions, ce serait suicidaire à moins de deux ans de l’élection présidentielle de forcer un troisième mandat qui pourrait causer des pertes en vie humaines et/ou en matériels. S’il gagne, malgré les dispositions prises dans la Constitution qui prévoit une clause d’éternité sur la question, il serait tenté de forcer le barrage. Pour l’instant, en dépit des déclarations que les siens et lui auront faites avant son second mandat en confirmant l’esprit et la lettre de la Constitution en son article 27 qui limite le nombre de mandats à deux (2) non renouvelable, Macky Sall a soutenu qu’il va se prononcer au lendemain des élections législatives sur la question du troisième mandat.
Le Mandat