Qu’il s’agisse du loyer ou de la baisse des prix des denrées alimentaires, les bailleurs et les commerçants jouent au chat et à la souris avec l’Etat. Ils refusent de respecter les décisions prises. Selon l’économiste Meïssa Babou, c’est dans l’opérationnalisation de sa décision que l’Etat s’est confronté à des problèmes.
L’Etat a entrepris une baisse des prix des denrées alimentaires de première nécessité, mais certains commerçants sont toujours récalcitrants. Ils refusent systématiquement de se conformer à la loi. De l’avis de l’économiste Meïssa Babou, le ministère du Commerce a commis l’erreur de ne pas prendre en compte le temps d’écoulement des stocks de ces derniers. Pour lui, certaines décisions nécessitent une concertation entre acteurs concernés. Ce qui peut-être, n’a pas été le cas dans celle-ci.
C’est pourquoi, jusqu’à présent les prix ne baissent pas. «Des mesures d’une telle nature doivent être prises en prenant en compte ce temps-là qui peut aller d’une à deux semaines et donner une date butoir pour qu’à partir de deux semaines, que les gens puissent comprendre à la date à laquelle les prix doivent baisser», souligne Meïssa Babou.
Enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il ajoute: «Les commerçants ne peuvent pas, avec des stocks à prix élevé, baisser automatiquement leurs prix. Quand quelqu’un achète à un prix fort, on ne peut pas se lever un jour et l’exiger à partir du même jour à baisser ses prix, alors qu’il n’a pas écoulé son stock».
Selon lui, si on avait pris en compte le temps d’écoulement, qui devrait être calculé par le ministère, voir qui a importé récemment et à quel prix, mais également quels sont les grossistes qui ont encore de gros stocks qu’ils doivent écouler, et tenir compte de cela, on pourrait éviter ce jeu de yo-yo
«C’est dans l’opérationnalisation de sa décision que l’Etat est confronté à ces problèmes», soutient l’économiste
C’est encore pire avec le loyer. Les bailleurs ont trouvé des stratégies pour contourner la baisse. Meïssa Babou reste dans la même position. Pour le loyer, dit-il, c’est encore plus compliqué. «On ne peut pas exiger une baisse à un promoteur sans passer par une négociation préalable avec l’Etat pour qu’il ait des délais de relogement. Quelqu’un qui a pris l’engagement de verser par exemple deux millions par mois, à partir d’un calcul qu’il a déjà préétabli, ne peut pas baisser immédiatement sa location, sans aucune mesure d’accompagnement, alors que les locations de beaucoup de vieilles maisons constituent un revenu
Les gens vivent avec ça», martèle l’universitaire. Pour l’économiste, ce sont des mesures prises à la «hâte politiquement», sans doute pour plaire, mais qui malheureusement tombent finalement dans l’eau.
En outre, Meïssa Babou affirme que le ministère du Commerce n’a pas tous les moyens de contrôler l’effectivité de la baisse des prix. A preuve, dit-il, les contrôleurs économiques qui peuvent descendre sur le terrain ne sont pas nombreux.
Walfadjri