La voie de Serigne Touba en Côte D’Ivoire : Le Mouridisme, une doctrine endogène propre aux africains, pas l’apanage du Sénégal ou des Sénégalais

Une conférence internationale sur le Mouridisme s’est tenue, le 28 août 2021, à la grande mosquée d’Abidjan-Plateau. À l’initiative, un jeune ivoirien mouride de moins de 40 ans du nom de Bamba Moussa. Il a organisé cet évènement avec un petit groupe d’ivoiriens et de sénégalais. Le Khalife général des Mourides était représenté par Serigne Cheikhouna Mbacké Bara Falilou.

Cette conférence qui a réuni plusieurs fidèles musulmans en général et des mourides en particulier, a porté sur deux thèmes, notamment : «Qu’est-ce que le Mouridisme?» développé par le Pr Galaye Ndiaye, Imam et Islamologue sénégalais vivant en Belgique et «Le Mouridisme, une solution pour l’Afrique et l’humanité», développé par Pr Hassan Mboup, Écrivain et Islamologue sénégalais.

Elle s’est déroulée sous la présence de Cheikh Aima Diakité Ousmane, président du Conseil Supérieur des imams, des Mosquées et des Affaires religieuses de la Côte d’Ivoire et plus de 600 imams ivoiriens et d’intellectuels.

Pour le premier exposé, le conférencier a défini ce courant religieux comme «une voie de réforme spirituelle qui comporte des idées novatrices pour libérer l’être humain». Dans son développement, le Pr Ndiaye a fait l’historique de ce courant religieux en remontant à son fondateur le Cheick Ahmadou Bamba qui, en réponse aux colons qui ont voulu l’utiliser comme suppôt a répondu : «Je ne cherche que l’amour, la paix et la justice. Si j’ai besoin des biens que vous me proposez, je me tournerai vers mon Créateur», a répondu Cheick Ahmadou Bamba qui au 19e siècle s’est dressé contre la domination coloniale.

Homme intègre et pacifique, le fondateur du Mouridisme invite, selon le conférencier, à une simple rupture intellectuelle et idéologique sans passer par la violence.

Le second conférencier, pour sa part, a relevé que le but du Mouridisme né au Sénégal : «est de casser les barrières sociales, raciales, économiques, culturelles pour donner une nation où l’amour et la paix sont les fondamentaux de la vie en communauté. L’islam, ce n’est pas de chercher à aller au ciel. L’islam, c’est la paix, c’est l’amour de son prochain», s’est-il exprimé.

Parlant des Africains, le Pr Hassan les invite à éviter de se mettre en position d’être inférieur et de développer des complexes pour l’avènement d’une Afrique forte.

«La solution pour l’Afrique, c’est de se donner la dignité, de respecter sa dignité, d’éviter de se croire au bas de l’échelle. Il s’agit de se détourner des artifices qui nous mettent en conflits avec notre prochain, et se tourner vers notre repère qui est Dieu. A l’humanité, que tous les humains se disent qu’ils sont égaux devant Dieu» a-t-il dit.

Ouattara Alhassan, membre du comité d’organisation de cette conférence et membre de la communauté Mouridisme de Côte d’Ivoire, s’est dit heureux de la réussite de cette conférence internationale.

«Nous sommes satisfaits de la tenue de cette conférence internationale qui a permis aux uns et autres de savoir ce que c’est que le Mouridisme. Ce n’est pas une secte comme le pensent certaines personnes. C’est un courant religieux qui découle de l’islam et qui prône la paix, l’amour, l’unité et il met l’accent sur le développement. Ce qu’il faut relever déjà, pour être membre du Mouridisme, il faut être d’abord un bon musulman. C’est pourquoi, nous avons jugé utile d’inviter ces grands conférenciers internationaux pour venir entretenir les musulmans de Côte d’Ivoire sur ce qu’est le Mouridisme, sa vision pour l’Afrique, son mode de fonctionnement et comment il peut permettre aux musulmans d’être des agents de développement», a-t-il confié.

Bamba Moussa a réussi un coup de maître puisque cette initiative ivoirienne est une première dans l’histoire du Mouridisme. Il prouve encore que le Mouridisme, comme une doctrine endogène propre aux africains, n’est pas l’apanage du Sénégal et des sénégalais.

Cheikh Ahmadou Bamba est une fierté pour l’Afrique et sa voie et ses enseignements sont une réhabilitation de l’homme noir dans l’histoire.

Un cas d’école vient de naître afin de booster surtout les dahiras de la diaspora à aller dans ce sens pour la vulgarisation de l’œuvre et des enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba.

25 heures avec fraternité Matin

Mamadou Nancy Fall
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