La FAO alerte : La montée des niveaux de la faim dans la région NENA est très préoccupante

La situation à Gaza, conjuguée aux crises prolongées au Soudan, en Syrie et au Yémen, est «très préoccupante», a déclaré lundi le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, dans son allocution lors de la session de la 37e Conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord (NENA).

Réunissant des responsables gouvernementaux, des universitaires et des représentants du secteur privé et de la société civile de la région, la conférence s’est déroulée à Amman dans un contexte marqué par une hausse alarmante des estimations sur la faim et la malnutrition.

Selon les derniers chiffres de la FAO, la faim dans les États arabes a atteint son taux le plus élevé depuis le début du millénaire en 2022, avec 59,8 millions de personnes sous-alimentées. Cela représente une augmentation de 75,9 pour cent par rapport à l’année 2000, et correspond à 12,9 pour cent de la population, bien au-dessus de la moyenne mondiale estimée à 9,2 pour cent.

La situation a depuis atteint un niveau critique à Gaza où la population connaît des niveaux d’insécurité alimentaire catastrophiques dus au conflit et un risque élevé de famine.

Lors de son allocution à la conférence, M. Qu a souligné le rôle crucial de la FAO à Gaza, notamment en termes de fourniture des secours d’urgence aux personnes et de participation aux efforts de reconstruction. La FAO fait partie de l’appel éclair conjoint des Nations Unies et coordonne étroitement avec l’ensemble de la famille des Nations Unies et ses partenaires pour apporter la réponse la plus appropriée et la plus efficace, conformément à son mandat.

 

La FAO a également lancé un appel pour 20 millions de dollars dans le cadre de l’appel éclair inter-agences de novembre 2023 et prévoit de réactiver la production de denrées périssables et hautement nutritives qui ne peuvent être importées sous forme d’aide alimentaire, tels que le lait frais, la viande et les légumes notamment, a indiqué M. Qu.

 

Des crises qui se chevauchent

 

La crise de Gaza vient s’imbriquer aux multiples défis auxquels la région est confrontée depuis longtemps. Cela inclut les effets négatifs de la crise climatique, la faible disponibilité d’eau douce par habitant, l’augmentation de la population et de l’urbanisation, ainsi que la forte dépendance aux importations de denrées alimentaires.

 

Ces difficultés sont, en plus, exacerbées par les crises qui se chevauchent, telles que la pandémie COVID-19, les répercussions des conflits et des guerres en cours dans d’autres parties du globe, ainsi que les défis économiques et fiscaux croissants, en particulier la hausse des prix des denrées alimentaires.

 

Tous ces défis ont un impact sur les systèmes agroalimentaires mondiaux appuyant ainsi la nécessité d’une transformation urgente de nos systèmes agroalimentaires pour qu’ils deviennent plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, a déclaré M. Qu.

«Pour cette raison, le thème de cette conférence régionale est l’accélération de cette transformation – cela ne pourrait être plus pertinent et plus opportun qu’aujourd’hui», a affirmé M. Qu.

 

Dans la région NENA en particulier, «nous observons une tendance haussière inquiétante de la faim et de la malnutrition au cours des dernières années», a ajouté M. Qu.

 

Avec approximativement 60 pour cent de la population de la région souffrant de la faim et plus de la moitié de la population n’ayant pas les moyens de s’offrir un régime alimentaire sain, la région dépend fortement des importations de denrées alimentaires, ce qui entraîne une érosion rapide des sols et un épuisement des ressources agricoles.

 

C’est pourquoi «il n’y a plus de temps à perdre pour contrôler les dommages causés – nous devons, de toute urgence, sauvegarder nos systèmes agroalimentaires pour les générations actuelles et futures. Pour ce faire, nous avons besoin d’une vision commune, de prévoyance, d’appropriation, d’une stratégie de mise en œuvre et d’une voie claire menant vers un impact et des résultats, à court, moyen et long terme», a déclaré M. Qu lors de la conférence.

 

Le Premier ministre jordanien, Bisher Khasawneh, s’est également exprimé à l’ouverture de la 37e Conférence soulignant son inquiétude quant à la situation à Gaza. Il a remercié M. Qu pour sa participation à la Conférence, notant que la Jordanie travaille d’arrache-pied pour transformer ses systèmes alimentaires tout au long de la chaîne de valeur afin de renforcer la sécurité alimentaire et le développement économique.

 

La conférence est présidée par le ministre jordanien de l’agriculture, Khalid Al-Hanifat.

 

Priorités de la conférence

 

La FAO dispose d’une batterie d’instruments essentiels conçus pour soutenir la transformation des systèmes agroalimentaires dans la région et contribuer à la réalisation de l‘Agenda 2030 pour le développement durable et des Objectifs de développement durable des Nations Unies. Ces instruments incluent notamment le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO, des initiatives phares telles que «Main dans la main», et «Un pays, un produit prioritaire», en plus du focus sur la science, l’innovation et la technologie.

 

Cependant, «nous devons faire plus et mieux ensemble», a déclaré M. Qu.

 

Le directeur général a ensuite mis l’accent sur certains domaines clés qui requièrent, selon ses dires, davantage d’attention. Cela inclut une meilleure utilisation de la science, de la technologie et de l’innovation, une intensification des échanges, en particulier des échanges intrarégionaux, l’incitation des investissements étrangers et nationaux, tant dans le secteur public que privé, et davantage d’actions à travers des efforts tels que les initiatives de lutte contre la pénurie d’eau pour la gestion les effets néfastes de la crise climatique.

 

La conférence portera sur quatre priorités majeures pour la FAO afin d’organiser son appui et de maximiser son impact dans les pays de la région NENA au cours des deux prochaines années.

 

Il s’agit de: 1) La transformation rurale et des chaînes de valeur inclusives, ce qui implique de relever des défis tels que le chômage rural élevé, la migration des jeunes vers les villes, la pauvreté rurale et l’élargissement des écarts entre les zones rurales et urbaines; 2) La sécurité alimentaire et les régimes alimentaires sains pour tous, ce qui implique un soutien de la FAO aux Membres pour mieux répondre aux défis posés par l’écart croissant entre l’offre et la demande alimentaires, entraîné par la croissance démographique et la hausse des revenus, face à des ressources naturelles limitées (eau et terre), et le problème croissant de la malnutrition, de la sécurité sanitaire des aliments et de la médiocre qualité des aliments; 3) L’écologisation de l’agriculture: faire face à la pénurie d’eau et à l’action climatique; et 4) Renforcer la résilience aux chocs multiples, ce qui implique un soutien de la FAO à ses membres pour relever les défis découlant des conflits prolongés et des chocs et crises multiples auxquels sont confrontés les systèmes agroalimentaires.

 

Source FAO

Pape Ismaïla CAMARA
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