Infos hebdomadaires de Transparency International : Dénoncer les mesures de protection de l’UE

Et si dénoncer des irrégularités au travail non seulement ne permettait pas d’obtenir justice mais vous faisait également perdre votre emploi ? Tel a été le sort de Jan Benýšek , qui dirigeait la division des faillites au ministère tchèque de la Justice. Son licenciement, considéré par beaucoup comme une réponse directe à sa dénonciation, met en lumière une triste réalité : même six ans après l’adoption de la directive européenne sur la protection des lanceurs d’alerte, de nombreux pays ne parviennent toujours pas à protéger ceux qui osent dénoncer la corruption.

Des cas récents, comme ceux de Jan Benýšek et de la diplomate néerlandaise Fidelia Onoghaife , soulignent le besoin urgent de protections renforcées. Onoghaife, qui a été brusquement licenciée après avoir dénoncé l’ambassadeur des Pays-Bas pour avoir divulgué des informations confidentielles, a ensuite vu son licenciement jugé comme une mesure de représailles par le tribunal. Leurs histoires mettent en évidence les dangers auxquels sont confrontés les lanceurs d’alerte et les changements systémiques nécessaires pour assurer leur sécurité.

Les lanceurs d’alerte jouent un rôle essentiel dans la révélation des cas de corruption, des mauvaises conduites et des menaces à la sécurité publique. Pourtant, leur protection dans l’UE reste inégale et inadéquate. Malgré l’adoption de la directive européenne sur la protection des lanceurs d’alerte en 2019, les garanties promises à ceux qui dénoncent les irrégularités ne sont toujours pas pleinement respectées.

L’analyse de Transparency International montre que sur les 27 pays de l’UE , 25 doivent encore apporter des modifications urgentes et aborder des domaines clés tels que la protection contre les représailles, des systèmes de signalement sûrs et une rémunération équitable pour les lanceurs d’alerte :

  • Portée limitée: seuls 12 pays disposent de lois ayant une portée adéquate. Les autres pays ne parviennent pas à étendre la protection à tous les types de mauvaise conduite, ce qui laisse des lacunes importantes dans la lutte contre des problèmes tels que la corruption et les violations environnementales.
  • Faiblesse des sanctions: Neuf pays ne pénalisent pas toutes les formes de représailles contre les lanceurs d’alerte.
  • Indemnisation insuffisante: Seuls 11 pays garantissent à la fois une indemnisation financière complète pour les dommages et des réparations non financières, telles que la réintégration.

Les organisations publiques et privées ont un rôle à jouer pour remédier à ces lacunes. La plupart des lanceurs d’alerte signalent d’abord les actes répréhensibles en interne, d’où l’importance pour les organisations de mettre en place des mécanismes sûrs et efficaces pour traiter ces signalements. Transparency International soutient cet effort en proposant des lignes directrices et des outils de bonnes pratiques , comme son cadre d’auto-évaluation . Ces ressources aident les organisations à mettre en place des systèmes complets de dénonciation et des protections solides, garantissant que les lanceurs d’alerte peuvent s’exprimer sans crainte de représailles.

La mise en place d’une protection renforcée des lanceurs d’alerte dans l’UE passe à la fois par des améliorations législatives et par un changement culturel favorisant la transparence et la responsabilité. Chaque lanceur d’alerte qui s’exprime, malgré les immenses risques personnels et professionnels qu’il encourt, est une lueur d’espoir. C’est pourquoi Transparency International continuera de plaider en faveur de lois plus strictes et d’une meilleure application, en exhortant les gouvernements, les entreprises et la société civile à intensifier leurs efforts.

 

Transparency International

Pape Ismaïla CAMARA
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