Infos de Transparency International : Hors service ou la corruption dans les systèmes éducatifs et de santé africains

Cette semaine, le Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu une réunion spéciale à Conakry, en République de Guinée, pour discuter des progrès réalisés dans les domaines de l’éducation et de la santé. La présidente du Parlement de la CEDEAO, Mémounatou Ibrahima, a souligné la nécessité de politiques solides en matière de santé et d’éducation pour favoriser le développement de la région.

Si l’Afrique de l’Ouest et d’autres régions du continent ont fait quelques progrès, elles perdent du terrain à bien des égards. Un récent rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a constaté que les efforts visant à mettre en œuvre le Programme 2030 pour les pays africains devaient être accélérés , soulignant la lenteur des progrès en matière de réduction de la pauvreté et la faiblesse de la protection sociale dans les domaines de l’éducation et de la santé. Le rapport du PNUD note également que « la corruption demeure un problème majeur dans de nombreux pays africains ».

Les recherches de Transparency International montrent que la corruption n’est pas un phénomène distinct mais qu’elle explique en grande partie l’insuffisance de l’éducation et des soins de santé dans une grande partie du continent.

Notre rapport récemment publié, Left Behind: Corruption in Education and Health Services in Africa , rassemble des éléments sur la manière dont la corruption dans l’allocation et la gestion des ressources publiques, ainsi qu’au point de prestation des services, peut limiter l’accès à l’éducation et aux services de santé. Les conclusions résument 10 rapports nationaux réalisés par Transparency International en République démocratique du Congo (RDC), au Ghana, à Madagascar, au Rwanda et au Zimbabwe.

Ces rapports ont analysé les risques de corruption dans les processus clés de l’éducation et de la santé, tels que l’admission dans les écoles et la fourniture de médicaments.

En outre, les femmes, les filles et les groupes exposés aux discriminations sont souvent les plus exposés à ces risques et ne profitent pas des opportunités que peuvent leur offrir des établissements d’enseignement et de santé performants. Elles courent donc un risque élevé d’être laissées pour compte par rapport aux autres en matière de développement durable. Nos recherches ont révélé quelques exemples choquants :

Les personnes handicapées doivent payer des accompagnants pour les transporter dans les établissements de santé.

Les dirigeants locaux sélectionnent des usagers de services qui ne le méritent pas pour bénéficier d’une aide à la protection sociale, au détriment des familles pauvres qui en ont besoin.

Des responsables s’entendent pour inscrire des « enseignants fantômes » inexistants dans les registres des écoles rurales, afin de siphonner des ressources déjà rares.

Des étudiantes sont contraintes d’accorder des faveurs sexuelles pour passer au cours suivant, sans aucune répercussion pour l’agresseur.

Ces risques ne sont pas spécifiques à l’Afrique, mais ils peuvent avoir des conséquences particulièrement graves sur le continent, en raison des défis socio-économiques existants. La corruption porte non seulement atteinte au droit de chaque citoyen à l’éducation et aux soins de santé, mais elle gaspille également des ressources déjà rares et exacerbe les inégalités.

Comme l’a déclaré un professionnel de la santé du Zimbabwe interrogé : « La corruption… va faire baisser le niveau de vie au point qu’il y aura un fossé important entre les personnes vulnérables et les personnes aisées. »

L’étude a également documenté des exemples de résilience. Au Ghana, par exemple, Transparency International a facilité la participation des populations à la prise de décision, supervisé la mise en œuvre de projets locaux et fourni des services dans les domaines de l’éducation et de la santé. Le suivi communautaire peut permettre de lutter contre la corruption, en particulier dans les services publics, et de tels exemples peuvent inspirer des changements indispensables.

Source Transparency International

Pape Ismaïla CAMARA
Up Next

Related Posts