Impôts, Démographie et Consommer Local : Les fortes recommandations de Serigne Bass Abdou Khadr Mbacké à l’Etat et aux populations

Le porte-parole du Khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadr Mbacké, a appelé les fidèles mourides, mais aussi l’ensemble de ses concitoyens au respect des paiements des impôts. Pour cet appel lancé samedi, en marge de la cérémonie d’inauguration du Centre commercial ‘’Lekku Fii’’ (produits alimentaires locaux), il a invité les autorités à d’abord sensibiliser les populations sur l’importance de ces fonds publics.

«Payer ses impôts est une obligation pour tout citoyen. Comme à l’époque des colons, au temps de Serigne Touba, payer des impôts a toujours été un souci pour les populations», a reconnu Serigne Bass.

Cependant, il signale que les populations de ces époques s’acquittaient toujours de leurs impôts parce que conscientes qu’aucun pays ne peut tenir sans des ressources financières provenant de ses populations. «Nombreux sont ces talibés qui disent donner leur participation financière à tel ou tel autre dahira. Je leur signale que cela est différent des impôts qui sont obligatoires contrairement aux hadiyas donnés selon son bon-vouloir», leur a dit le porte-parole du Khalife général.

Il ajoute : «Si tous nos concitoyens décidaient de ne pas payer d’im­pôt, il serait difficile pour eux d’obtenir quoi que ce soit, de l’Etat. L’Etat ne peut rien faire sans les impôts. La mairie non plus. Nous avons tous entendu dire que la mairie de Touba a un budget de 4 milliards, mais la vérité est que les fonds collectés par l’équipe municipale ne font même pas 1 milliard. Beaucoup de personnes ignorent cela. Donc, les populations ne payent pas leurs impôts. Le reste provient de l’Etat du Sénégal, à travers ses projets et fonds injectés dans la collectivité. Cela n’est pas connu de tous. Mais, il est bon de se concerter pour que chacun connaisse son niveau de responsabilité», a-t-il dit.

«Si on ne prend pas garde, cela risque d’être une bombe  démographique à Touba»

A cette rencontre qui s’est tenue en présence de membres du gouvernement dont le ministre, Dr Se­rigne Gueye Diop, en charge de l’Industrie et du Commerce, il a jugé inopportun de rappeler à l’Etat ses engagements.

«Le régime actuel connait le pays. Nous l’avons entendu parler des projets qu’ils comptent réaliser à Touba. Donc, ce n’est pas la peine qu’on leur rappelle leurs engagements (…). Mais, je vais me répéter encore pour dire que c’est prématuré de critiquer ou de féliciter, parce que comme disait Serigne Saliou, c’est un régime qui n’a pas encore bouclé ses 40 jours. Mais, connaissant sa situation actuelle, au lieu de lui exiger quoique ce soit, l’on doit lui accorder un peu de temps pour voir où il se dirige. Ce, après quoi on pourra juger les actes posés. Cependant, les gens sont pressés aujourd’hui pressés. Parce que la situation du pays nous oblige à l’être», a-t-il dit.

Cependant, Serigne Bass a tiré sur la sonnette d’alarme pour prévenir d’un danger qui guette la ville sainte.

«Touba, après Dakar est plus importante, au plan économique. Mais, en termes de populations, Touba est plus peuplée que Dakar. Il faut prendre en compte cela», a-t-il dit au ministre.

Selon lui, «de 1990 à nos jours, seul le 1/3 de ce qui est investi à Dakar est injecté à Touba. A ce rythme où la population augmente, si les infrastructures de base nécessaires ne suivent pas, cela va engendrer de plus en plus de problèmes. Il n’y a pas assez de fonctionnaires ni d’Etablissements publics, à Touba. Et rares sont les structures étatiques qui bénéficient des fonds publics, en dehors des structures de santé, de la sous-préfecture, entre autres. Tout le reste est constitué de structures commerciales. Alors que cela est insuffisant pour développer une localité, à plus forte raison une localité comme Touba avec sa croissance vertigineuse», dit-il.

«Près de 50 000 naissances sont enregistrées, par an, sans parler de populations qui viennent s’installer à Touba»

Pour preuve, dit-il, selon les dernières estimations, chaque année, près de 50 000 naissances sont enregistrées, sans parler de populations qui viennent s’installer à Touba. Si les infrastructures nécessaires ne suivent pas ce nombre de population en nette croissance, Touba risque de vivre la même situation que la banlieue dakaroise qui était laissée en rade au profit exclusive de Dakar. Et si on ne prend pas garde, cela risque d’être une bombe démographique à Touba», alerte le porte-parole du Khalife.

«J’estime qu’avec une telle démographie, l’Etat doit savoir que Touba consomme le plus de taxes indirectes. Donc, qu’au moment de faire des prévisions, que l’Etat ne voit pas Touba comme une cité religieuse à traiter comme toutes ses autres semblables. Sinon les populations de Touba allaient en pâtir. Parce qu’au-delà du fait que c’est une ville sainte, Touba est habitée par une population la plus importante du pays».

Toutes choses qui font que le khalife, Se­rigne Mountakha, selon lui, s’est félicité de l’érection de ce centre commercial à Touba. Selon lui, c’est cela qui explique pourquoi, les zones industrielles annoncées par le ministre de l’Industrie font parties des questions les plus prio­ritaires pour eux.

Concernant la grande surface Lekku Fii, inaugurée le samedi, Serigne Bass a demandé à ses responsables de favoriser les produits locaux. «Faites-en sorte qu’ils soient priorisés dans les rayons de votre centre commercial. Parce qu’on doit tout faire pour consommer ce que nous produisons et produire ce que nous consommons. A défaut, on parviendra difficilement à atteindre le développement. Le qualificatif ‘’Lekku Fii’’ renvoie à mon entendement au ‘’consommons local’’ dont on parle depuis le temps d président Abdou Diouf et qui tarde encore à se concrétiser. Et quand vous avez présenté le projet au Khalife, celui-ci nous avait dit qu’il cadrait avec une de ses am­bitions les plus importantes», a confié son porte-parole.

Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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