Homosexualité au Sénégal : Déni d’une réalité

L’arrestation d’une bande d’homosexuels lors de la célébration d’un mariage à Sacré-Coeur, samedi dernier 17 octobre 2020, semble relever de l’extraordinaire. Et pourtant, il existe des signes courants dans la société qui montrent que la pratique est bel et bien une réalité dans plusieurs contrées du Sénégal. En l’espace de quelques jours, plusieurs refus d’enterrement ont été notés à Touba pour cause de la supposée orientation sexuelle du défunt. Des cas sont aussi fréquemment rapportés par la presse. Le journal Sud Quotidien partage avec nous le Déni d’une triste réalité chez nous au Sénégal…

 

Le président Macky Sall avait déclaré, d’un ton ferme, que le Sénégal n’est pas près de dépénaliser l’homosexualité, en 2014. Mieux, en 2018, il est allé plus loin, en disant que «l’homosexualité est contraire à la religion musulmane et tant que qu’il sera le président de la République (du Sénégal), l’homosexualité ne sera jamais permise».

Une position réaffirmée lors de la visite du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui en avait fait un des motifs de son voyage à Dakar en février 2020. «Ça, ce n’est pas possible parce que notre société ne l’accepte pas. La société, elle va évoluer, ça prendra le temps que ça prendra», a ajouté le président sénégalais.

«Chaque pays a son propre métabolisme. On ne peut pas non plus demander au Sénégal de dire : “Demain, on légalise l’homosexualité, et, demain, c’est la gay parade», a-t-il ajouté, en référence aux «marches des fiertés » organisées dans d’autres régions du monde.

«Seulement, les lois de notre pays obéissent à des normes qui sont le condensé de nos valeurs de culture et de civilisation. Cela n’a rien à voir avec l’homophobie. Ceux qui ont une orientation sexuelle de leur choix ne font pas l’objet d’exclusion», a-t-il déclaré.

D’ailleurs, au Sénégal, l’homosexualité est punie par l’article 319 du Code pénal, alinéa 3, issu de la loi no 66-16 du 12 février 1966. Celui-ci stipule qu’il sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100 000 à 1 500 000 francs quiconque aura commis «un acte impudique ou contre nature» avec un individu de son sexe. Si l’acte a été commis avec un mineur de 21 ans, le maximum de la peine sera toujours prononcé.

L’homosexualité, un fait jugé contraire aux coutumes nationales, à la Constitution, un attentat à la pudeur pour certains et «acte contre nature» selon la loi et un exercice d’une «orientation sexuelle» pour d’autres, est donc une réalité sous nos cieux. En novembre 2019, lors de la cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane, le Khalife général, Serigne Babacar Sy Mansour, avait alerté que la propagation de l’homosexualité est inquiétante, tout en demandant au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique de prendre les dispositions nécessaires contre la propagation du phénomène.

L’arrestation de jeunes surpris en plein mariage à Sacré-Coeur, n’est donc qu’un simple fait qui démontre l’existence du phénomène, même si beaucoup se basent sur des croyances religieuses et culturelles pour justifier que ce sera impossible que l’homosexualité prospère dans le pays. Elle est aussi une pratique socialement réprimée au point que ceux qui la pratiquent se cachent ; ce qui fait que c’est donc évident qu’il n’est pas facile de cerner son ampleur.

Toutefois, à Touba, le Dahira Moukhadimatul Khidma a refusé l’enterrement de dépouilles au cimetière de Bakhiya, à plusieurs occasions, pour la supposée orientation sexuelle des défunts. Le mois de septembre passé, un professeur d’éducation physique a été arrêté par les éléments de la brigade de Gendarmerie de Mbour, après une plainte de l’un des parents des victimes. Il est accusé d’homosexualité et d’actes contre nature commis avec des enfants.

L’affaire du formateur du centre Dakar- Sacré-Coeur est aussi un exemple. En février 2020, le formateur Olivier Sylvain est mis aux arrêts pour des faits similaires. En cette période également, une affaire pareille avait été notée à Thiaroye où un jeune plombier a été surpris alors qu’il tentait de s’en prendre à un enfant. Le cas de Mouhamadou Habibou Gueye, détenu pour une affaire d’abus sur des mineurs en est aussi un autre exemple.

Source Sud Quotidien

Mamadou Nancy Fall
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