Les populations ne semblent plus faire de la pandémie de la Covid-19, une préoccupation. Au contraire ! On assiste à un relâchement total qui étonne plus d’un médecin. Dans les commerces, les restaurants, les transports publics, les espaces publics ou fermés, les usagers font fi des gestes barrières contre la maladie. Bref, la psychose jadis liée à l’apparition du coronavirus a cédé la place à l’indifférence. Le constat saute à l’œil dans les endroits où nous nous sommes rendus hier, vendredi 27 novembre
Au marché Arafat de Grand-Yoff, c’est la même ambiance que d’habitude. Vendeurs et acheteurs se marchent littéralement dessus et ce, sans le moindre état d’âme quant au respect des gestes barrières contre le coronavirus. Ici, le port de masques est relégué aux calendes grecques. Quant au respect de la distanciation sociale, elle est devenue une vaine prescription, loin des craintes et inquiétudes qui hantent les autorités. «Je ne porte plus de masque. Il n’y a plus de coronavirus au Sénégal. La vie a repris son cours normal. Les mariages, les baptêmes, tout a repris et pourtant, les cas n’ont pas augmenté», martèle avec insouciance une vendeuse de poissons. Tout près d’elle, un vendeur de légumes défend la même idée. Lui aussi a laissé tombé son masque. «Moi, j’ai décrété la fin de la covid-19 depuis longtemps. D’ailleurs, je n’ai jamais vu une personne atteinte de cette maladie», laisse-t-il entendre.
Autre lieu, même constat. Au rond-point de Liberté-6, la promiscuité et la désinvolture en disent long sur le relâchement dans la lutte contre le coronavirus. Les personnes qui portent des masques se comptent sur les doigts d’une main. La distanciation sociale, n’en parlons même pas.
Trouvé sur place en face d’un étal de chaussures, Ousmane Sow témoigne : «Je ne porte plus de masque comme avant parce que la tendance de la maladie est baissière maintenant mais quand même, je me lave les mains une fois à la maison et cela avant même l’épidémie». Mieux, il prône l’immunité collective même si cette idée est battue en brèche par le ministre de la Santé et de l’Action Sociale. «Nous, Sénégalais, sommes en contact direct avec la saleté. Je ne pense pas que le coronavirus puisse faire une hécatombe comme en Europe. Nos corps sont blindés. N’est-ce pas (Rires)», soutient le jeune homme. Il poursuit : «je viens de descendre d’un bus mais le port du masque n’est même pas exigé».
Rencontré à Scat Urbam, Sidy Sow ne fait pas partie de ceux qui ne se soucient plus de la maladie. Il constate une indifférence des populations. « Je me souviens, au début, avant d’entrer dans une boulangerie qui se situe dans notre quartier, on nous obligeait à porter un masque sinon tu n’entres pas et l’argent, tu le déposais sur une table. Celui qui le récupérait était différent de celui qui te vend le pain. Mais actuellement, on observe un relâchement inquiétant du respect des mesures barrières. Tout a changé», déplore-t-il,
La quarantaine, un cache-nez sur le visage. Dans un restaurant sis dans le même quartier non loin de l’hôtel Soussoum, la vigilance n’est plus de mise. Aucun dispositif de lavage n’est visible sur place. Le port du masque n’est pas non plus exigé. Pis, même les serveurs n’en portent pas.
En effet, depuis l’assouplissement des restrictions dans le cadre de la lutte contre la covid19, le relâchement est devenu flagrant dans le respect des gestes barrières pourtant essentiels pour limiter les risques de propagation de l’épidémie. Les habitudes ont changé même si ce n’est pas valable pour tout le monde.
Et pourtant, jusqu’à un passé récent à travers la campagne de communication du ministère de la Santé et du gouvernement sur la maladie, certains nettoyaient méticuleusement tout ce qui entrait chez eux au gel hydro alcoolique, d’autres encore avaient décidé de ne plus sortir sans masque ou de ne plus aller au restaurant ou au marché, de ne plus prendre les transports en commun pour ne pas risquer de s’exposer à la covid-19. Mais voilà, cette prévention a fait long feu.
Pourtant, même si les populations sont rassurées par la baisse du nombre de contamination durant ces dernières semaines, cela ne veut aucunement dire que le risque de la survenue d’une seconde vague de l’épidémie est écarté pour baisser la garde. D’où, tout le sens de l’appel lancé par le Président de la République, Macky Sall.
reportage de Sud Quotidien