Hausse des cas et de la mortalité : urgence signalée de rectifier la gestion de la pandémie de COVID-19

Au vu de l’augmentation continue des cas de COVID-19 et l’importance de la mortalité (supérieure à celles de la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest), la Coalition pour la Santé et l’Action sociale (COSAS) exhorte vivement les autorités sanitaires et politiques de notre pays, à revoir fondamentalement leur gestion actuelle de la pandémie de COVID-19.

Communiqué : Nous avons fait un certain nombre de constats :

– L’augmentation exponentielle des cas communautaires qui pourrait être en rapport avec le non-dépistage de nombreux cas-contacts, pouvant constituer des vecteurs de propagation du SARS-COV2,

– L’indisponibilité des tests rapides de COVID-19, malgré leur validité internationalement reconnue, pour faciliter à un moindre coût un dépistage facile, rapide des cas,

– L’insuffisance du leadership du Ministère de la Santé, pour ce qui est de l’élaboration et de la coordination d’une politique de dépistage qui utilise et renforce les capacités à tous les niveaux de la pyramide sanitaire,

– L’augmentation du taux de mortalité, qui résulte du recours tardif aux soins lié au sous-dépistage, aux retards fréquents de notification des résultats des tests PCR et aux difficultés d’accès aux soins, dans un contexte de saturation progressive du système sanitaire,

– L’insuffisance d’équipement, de ressources humaines spécialisées et de fonctionnalité des structures qui assurent la prise en charge des cas graves notamment dans les régions,

– La déficience de la prise en charge à domicile, mal supervisée qui ne garantit pas une sécurité sanitaire suffisante face au retard dans la gestion des cas graves,

– L’insuffisance de prise en compte des contraintes objectives entravant le respect des mesures barrières et découlant de déterminants sociaux (pauvreté, transport, habitat, démographie scolaire…) et de pesanteurs socioculturelles,

– Une communication centrée sur un dénombrement journalier de cas et un discours qui culpabilise la population, les patients suspects de COVID-19 accusés de faire preuve de mauvaise volonté,

– Une gestion centralisée, verticale et médicalisée, peu démocratique où les représentants des communautés ne sont pas suffisamment impliqués dans les décisions,

– L’absence de comité scientifique qui produit des avis et orientations argumentés régulièrement publiés et mis à jour,

– Une insuffisance d’implication et d’écoute des experts et scientifiques ayant une compétence dans la gestion de la santé publique et des épidémies,

– L’absence d’évaluation objective des interventions et stratégies menées dans la lutte contre la COVID-19 par des comités multisectoriels impliquant les partenaires techniques et financiers…

Nous notons, pour le déplorer, le manque d’efficacité du couvre-feu avec une recrudescence significative des cas et des décès. Ce rebond est à mettre en rapport avec le retard dans l’interruption des chaînes de transmission virale résultant d’algorithmes instituant un dépistage restrictif des contacts, contrairement aux normes de l’OMS qui préconisent un large dépistage pour isoler les cas asymptomatiques et traiter les personnes symptomatiques.

Par ailleurs, nous ne comprenons pas que la mise au point d’une indispensable stratégie vaccinale puisse donner lieu à un attentisme injustifié.

Cela nous amène à faire les recommandations suivantes :

– l’abolition des directives de dépistage actuelles,

– la mise en place urgente d’une stratégie nationale de dépistage avec des protocoles clairement définis, en privilégiant l’utilisation massive de tests antigéniques dits de diagnostic rapide (TDR), faciles à utiliser, ne nécessitant pas de laboratoire et permettant la détection du SARS-COV2 chez un individu en quelques minutes,

– la décentralisation du dépistage, avec mise en place des TDR jusqu’au niveau périphérique (postes de santé), voire communautaire, dans les structures médicales privées et les pharmacies, permettant un meilleur contrôle de la pandémie de COVID-19, par l’identification des patients les plus contagieux et l’interruption rapide de la transmission et l’isolement ciblé des cas positifs et de leurs contacts proches,

– L’implication des organisations de la société civile ayant une expertise dans la santé communautaire, le plaidoyer et la communication pour le changement de comportement,

– La mise en place d’un comité scientifique multisectoriel dirigé par un expert en santé publique,

– L’évaluation des interventions et la décentralisation effective de la gestion au niveau régional,

– L’implication accrue des collectivités locales, en charge de la compétence santé depuis 1996,

– L’élaboration d’une stratégie de communication qui informe, et favorise la confiance et l’adoption de comportements adaptés sans induire de stigmatisation.

Ces mesures correctrices pourront contribuer à éviter la survenue dans notre pays d’un chaos sanitaire incontrôlable, dans un contexte où d’autres épidémies apparaissent.

Pape Ismaïla CAMARA
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