Gambie : Quand Adama Barrow dérape et exprime son souhait de voir la mort de son ancien mentor Ousainou Darboe

Ce week-end passé, lors de l’inauguration d’un nouveau bureau de son parti, le National People’s Party (NPP) à Brikama, le président Barrow a attaqué violemment M. Darboe. Dans son discours enflammé, il a laissé entendre qu’il est presque certain que l’avocat de 75 ans devra être « mort et enterré » avant qu’il ne cède le pouvoir, intensifiant ainsi la tension politique et suscitant des condamnations à travers toute la société gambienne.

Barrow a ajouté une note sinistre à ce souhait de mort en affirmant qu’il serait vivant pour assister aux funérailles de M. Darboe et s’assurer de son décès avant de quitter ses fonctions. Il a déclaré : ‘’Je vais prêter serment aujourd’hui que je resterai président jusqu’à la mort d’Ousainou Darboe. Jusqu’à ce qu’il soit mort, je resterai président. C’est le contrat que j’ai signé. Lorsque sa mort sera annoncée et que j’assisterai à ses funérailles, ma mission de président sera accomplie et je pourrai me retirer.’’

Cette déclaration macabre de M. Barrow à l’encontre de son ancien vice-président a rapidement été unanimement condamnée, à commencer par l’UDP de M. Darboe, suivi par d’autres figures politiques et citoyens gambiens qui ont qualifié ces propos de « discours de haine » dangereux, risquant d’exacerber les divisions politiques et de déclencher des conflits.

L’UDP a fermement condamné « le vitriol injustifié et déplaisant » de M. Barrow. ‘’Ces remarques sont dégoûtantes, irresponsables et dangereuses. Pire encore, il s’agit d’un discours de haine et d’une menace pour la vie et le bien-être d’Ousainou Darboe, puisque le président s’est exprimé avec beaucoup de certitude’’, indique le communiqué.

Pendant ce temps, M. Darboe, dont le parti a affirmé être au courant des menaces de mort à son égard, a appelé ses partisans à rester calmes et a rappelé au président Barrow sa responsabilité collective en tant que citoyen, ‘’mais plus encore en tant que dirigeant, de faire appel aux meilleures versions de ceux que nous cherchons à diriger. Cette responsabilité est encore plus grande pour le président en qui beaucoup ont placé leur confiance pour présider aux affaires de la nation’’.

L’UDP a déclaré que le président Adama Barrow n’avait pas réussi à être une figure unificatrice et a exhorté la Commission nationale des Droits de l’homme à interpeller le président ‘’sur cette conduite contraire aux principes de l’État’’.

 

D’autres politiciens comme Essa Faal, ancien avocat principal de la Commission vérité et réconciliation qui a affronté M. Barrow lors de la Présidentielle de 2021, ont condamné cette déclaration « incendiaire ». Dans une déclaration publiée dimanche, M. Faal a affirmé : ‘’Un tel langage n’a pas sa place dans notre discours politique et je me joins à mes compatriotes gambiens pour condamner cette déclaration troublante. Si les divergences politiques sont naturelles, elles ne doivent pas conduire à des remarques ignobles, en particulier de la part d’un chef d’État. Il est essentiel que les dirigeants fassent preuve de civilité, de respect et de décence, en particulier en période de tensions politiques et de défis économiques.’’ Et d’ajouter que la Gambie ‘’mérite des dirigeants qui donnent la priorité à l’unité et à la compréhension plutôt qu’à la division’’.

Demba Ali Jawo, ancien ministre de l’Information de M. Barrow, a également critiqué le discours du président, le qualifiant de « méprisable » et d’atteinte à la morale la plus basse. D’autres Gambiens ont qualifié cette déclaration d’ingrate, de grossière et de pire attitude possible en public, soulignant qu’elle tend à diviser les gens et à exacerber les émotions à des niveaux dangereux.

S EnQuete

Oumou Khaïry NDIAYE
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