Du fond de sa cellule, l’opposant gambien Ousainou Darboe lance la contre-attaque contre le système judiciaire gambien qui vient de le condamner à une peine de trois ans de prison ferme. Pour avoir manifesté contre la mort en détention de son jeune lieutenant Solo Sandeng.
« Madame le juge, je me suis opposé à l’arrestation et à la détention d’Ebrima Solo Sandeng par des éléments de l’Unité d’intervention de la Police de Gambie qui l’ont gardé dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement (NIA), période pendant laquelle il a été assassiné. Sa mort n’a jamais été communiquée à sa famille ou à ses camarades politiques. Il n’y a jamais eu d’autopsie pour déterminer les causes de sa mort. Ses restes n’ont pas été remis à sa famille’’.
Ces propos sont d’Ousainou Darboe. Dans une tribune qui nous est parvenue hier, via le directoire de son parti (UDP), l’opposant gambien commence d’abord par faire des révélations sur la mort de Solo Sandeng et les tortures infligées à des femmes arrêtées lors de manifestations qui s’en sont suivies.
Exprimant son refus de demander une quelconque clémence à la cour, Ousainou Darboe s’attaque ensuite vertement à la juge Eunice Dada. « Madame, je refuse de demander à ce tribunal d’être indulgent avec moi parce que, ce faisant, j’accepte le fait que Solo Sandeng méritait d’être torturé à mort par les agents chargés de veiller à la sécurité de ce pays et de ses citoyens dont Solo Sandeng ». Le leader de l’UDP d’ajouter : ‘’Madame le juge, la logique exige de ressortir certaines ironies.
L’une des ironies dans ce procès contre moi et mes coaccusés est que les avocats nigérians peuvent contester l’application des principes de droit constitutionnel exposés par d’éminents juges des tribunaux nigérians.
« Ces principes sont contestés par les avocats de chez vous, parce que les magistrats nigérians croient que les citoyens nigérians méritent une meilleure protection des dispositions constitutionnelles qui sont, en la matière, identiques avec la Constitution de la Gambie de 1997. Mais vous nous niez et vous nous refusez la même protection par votre tribunal présidé par un juge nigérian aidé par un autre Nigérian qui prétend être un procureur. C’est pour toutes ces raisons que je ne suis pas gêné par cette condamnation.’’
Face à cette situation, Ousainou Darboe de conclure : « Aujourd’hui, je suis fier d’être debout dans la lignée de leaders africains comme Obafeni Awolowo, Anthony Enahoro, Mallam Amunikodi, Ken Saro Wiwa, le Président Olusegun Obasanjo, le Dr Kwame Krumah, Nelson Mandela, Abdoulaye Wade (ancien Président du Sénégal) et le Président Alfa Condeh de Guinée.
Source ‘’Enquêteplus’’