Les masses se rebiffent un peu partout en Afrique de l’Ouest. Et le Sénégal n’y échappe pas. Les forces transformatrices sont en gestation et il est plus tentant, aujourd’hui, d’oser les ruptures systémiques. Il semble que le régime du Président Macky Sall n’a pas encore fait une lecture lucide des évènements qui lui tombent dessus depuis le début de l’année dernière.

En s’immisçant dans le jeu politique et démocratique, dans les évènements de février et mars 2021, les populations sénégalaises et particulièrement les jeunes, en première ligne, ont laisser un message fort au Président Macky Sall et à son gouvernement. En balayant du revers de leurs cartes d’électeur des leaders au cœur du système, dans les grandes villes du pays ce dimanche 23 janvier 2022, lors des élections locales, les populations ont laissé encore un message au Président de la République et à ses ministres.

Les centaines de Sénégalais qui se sont regroupés ce dimanche à la place de la Nation, sous l’invite de l’ «Association And Samm Jikko Y», pour exiger la criminalisation de l’homosexualité, ont également laissé un message au Chef de l’État, à ses souteneurs et à l’Assemblée nationale. Le sentiment anti-français prend l’ascenseur depuis l’avènement de Frapp/ France dégage de Guy Marius Sagna et exacerbé par les multiples décisions pris la Cedeao sanctionnant le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. Les opinions y voient les injonctions de la France qui est en voie de perdre le contrôle de cette stratégique région du Sahel.

Par ailleurs, cette jeunesse ivre de joie et de bonheur qui a déferlé dans les rues de la capitale pour fêter les Lions du football, après leur sacre en Coupe d’Afrique des nations au Cameroun, doit suscité peur et interrogations quand elle sera ivre de colère. Le régime de Macky Sall est appelé à poser, véritablement, les schémas d’anticipation du futur du Sénégal qui doivent reposer sur une lecture lucide du monde et des pulsions dans son pays. L’attente de la majorité des populations dure depuis trop longtemps pour ne pointer une urgence. Régler les problèmes endémiques des Sénégalais ne doit pas s’inscrire dans un agenda de politique-fiction. Les pratiques politiques de certains chef de partis, d’élus et des mouvements ou partis, entre 2019 et aujourd’hui, ont fini de laisser croire qu’un marchandage indécent se passe toujours sur le dos du peuple

Les budgets sont mis en place, les gouvernements contractent des dettes avec des taux d’intérêt élevés, les sols et les sous-sols sont généreusement dotés en ressources naturelles, les cataclysmes naturels ne frappent pas nos côtes, il ne reste plus que la bonne gouvernance. Et les forces vives de la Nation l’ont si bien comprise qu’elles n’hésitent plus à prendre la parole, à travers les réseaux sociaux, histoire de redistribuer les cartes en faisant fi des filtres. Les quartiers sénégalais n’aspirent plus au changement, ils l’inspirent.

Au Sénégal, le peuple a suffisamment montré qu’aucun système de domination n’est inébranlable. Il ne reste plus à nos gouvernants que la relecture de Kwamé Nkrumah qui disait : «L’Afrique a besoin d’un nouveau type de citoyen, dévoué, modeste, honnête et bien informé, qui renonce à lui-même pour se servir la Nation et l’humanité, qui ait la convoitise en horreur et déteste la vanité. Un homme nouveau, dont la force soit l’humilité, la grandeur, l’intégrité»

Ils ont le devoir de tirer tout le monde vers ce cap et ne plus vendre des rêves à une jeunesse presque neurasthénique. Macky Sall, pour ce qui reste de son mandat, doit savoir que le Sénégal ne part pas de zéro et que ses impératifs de développement humain sont le premier défi. Le Sénégal ne sera pas développé par ce que le modèle occidental est à portée de mains, mais parce que les sénégalais seraient heureux d’y vivre. Il ne nous reste plus qu’à réaliser une gouvernance éthique, un équilibre des pouvoirs et un pacte social renforcé

24 Heures